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29/05/2014

l'oeil & la plume : sommet d'où jeter son pinceau ( fragment III )

fleur tao recadr+contrast2.jpg
texte de werner lambersy                                                                                                        collage  jlmi  2014

 

 

Au début

L’homme faisait rire

Et sourire la terre où il semait

 

Au début

L’homme faisait danser

Le tango à la mer des bateaux

 

Au début

L’homme faisait porter

Le chant par l’air et par le feu

 

Autour du corps de la femme

 

Rappelle-toi

Ce n’est pas tellement loin

 

Nous l’avons promis

Ça durera autant qu’il le faut

 

26/05/2014

l'oeil & la plume : complainte des mendiants de la Casbah & de la petite Yasmina tuée par son père ( fragment VII )

casbah ismail-ait-djaferneg VII.jpg
texte de ismaël ait djafer  1951                                                                  collage jlmi  2014

 

Je vous insulte

Hyènes et chacals

Avec toutes les injures de mon

Alphabet

Et je vous jette au crâne

toutes les potiches de mon

impuissance

Car

Hyènes et chacals

Vous meublez le long tunnel de votre ennui

Des dimanches et des jours creux

Avec le casse-croûte des faibles

Et vous en tapissez les murs avec la chair

De poule des gens qui dorment dans les

 

Igloos des nuits d'octobre

Parlez-moi

De plaisirs quand les gens criant famine et

Désolation

Mettent en marche le phonographe de leurs plaintes

Et battent

Les tambours de leur misère

Sur une place publique

Personne

Ne s'arrête

Rien ne compte plus

Que ce vide des ventres

A combler qui résonne comme une orgue

Dans les crânes des abrutis satisfaits

Comment pouvez-vous vivre, gens de l'argent et de caviar avec ces poux

Que vous ne grattez pas?

Comment pouvez-vous avaler la pâtée

Gens de cravates et parfums que les cravates

N'étranglent

Pas et que le parfum

N'étouffe

Pas?

Comment pouvez-vous caresser vos femmes, lisser votre moustache,

Hausser les épaules, acheter un timbre, applaudir le Cid au théâtre

Des vies, distiller l'anis de vos satisfactions dans l'alambic de vos

Gosiers de pierre, marcher les pieds au sec et la tête dans un chapeau

Curer les ongles de vos chiens, avoir des enfants, tambouriner

Des doigts sans honte, aller la tête haute et le coeur lourd, rire du rire

Faux

Des gens sans conscience, mâcher le chewing-gum des ânes désabusés,

Décortiquer la croûte

D'un poème

Ou la coque d'une chanson pour en avaler sinistrement le fruit

Se dire comblé

Se dire ravi

Se dire heureux

Se dire bon

Se dire humain

Quand les saltimbanques de la misère

Chantent

Et dansent

Le ballet des petits pains devant des banquettes vides

Quand les clowns

poussifs

Epoumonés

Tuberculeux

De la charité

Soufflent dans le tube de leur intestin grêle

Pour bien vous montrer qu'il est

Vide

 

 

(d'après, Editions Bouchène, Alger, 1987. N° d'édition 001/87. Dépôt légal 1er trimestre 1987. Re-publié  par le n°10 de la revue Albatroz, Paris, janvier 1994).

 

Source   http://albatroz.blog4ever.com/ismaal-aat-djafer-complaint...

 

 

22/05/2014

l'oeil & la plume : complainte des mendiants de la Casbah & de la petite Yasmina tuée par son père ( fragment VI )

casbah IIsépia.jpg

 

 

Mais le ventre plein, les enfants de Charlemagne

Chantent une chanson

Une chanson qu'on apprend à l'école

 

Une fleur au chapeau

A la bouche une chanson

Un coeur joyeux et sincère

Et c'est tout ce qu'il faut

etc

 

Ah!

Il faut les voir le Vendredi en file

Indienne

En file

par autre

Dans les rues et dans les maisons, ramasser à la queue-leu-leu

Les pépites

De leur misère dans la boue des

Consciences

Piocher dans le bronze des coeurs un

Peu

De cette poussière de métal dont ils tapissent la peau de leurs

Estomacs

Pour les faims futures

Les mendicités se cultivent au

Fumier du Veau d'Or

Et

Se

La-

Bou-

Rent

Au soc de l'indifférence.

Ah ! gens d'enfer et de potence et du Vendredi

Que vous achetez au bazar

Du Bon Dieu

Et du remords reconnaissant

Huile d'olive laissée pour compte que vous videz goutte

A goutte

Sur les boulons de votre mécanique à produire de la simili-pitié

Goutte

A

Goutte

Larme à

Larme que vous repompez dans les sébilles

Des pauvres et les tirelires des petits enfants que vous écrasez

Du gros rire de vos

Camions

 

Ah! Hyènes et chacals

Il vous faut un jour à l'eau bénite

Dans une semaine

Païenne

Pour laver les guenilles et raccommoder les hardes de votre

FRATERNITE

Un jour

Clair

Pour la promenade de vos bons sentiments

Condamnés

A la réclusion perpétuelle dans les cachots de vos bêtises et de vos

Egoïsmes.

Je vous insulte

Hyènes et chacals

Quand passe à portée de ma voix la fenêtre

Par laquelle

Vous jetez votre argent aux troubadours de vos

Plaisirs

En

Piétinant les petits chanteurs sans voix

De la charité de la jambe

de bois sculpté

dans l'arbre de la

Stupidité

Je vous insulte

Braves gens

repus

cossus

A tous les modes de tous les temps

Pour vos largesses de dindons carrossant sur la roue

Et votre petitesse

De passants à la besace pleine et cadenassée par le

Fil de chanvre

Sale

Des harpagons de la cité

 

Je vous insulte

Hyènes et chacals pour ce jour propre

Au milieu de tous les jours

Sales.

 

Je vous insulte

Hyènes et chacals

Au nom de la Semaine de bonté

 

 

(d'après, Editions Bouchène, Alger, 1987. N° d'édition 001/87. Dépôt légal 1er trimestre 1987. Re-publié  par le n°10 de la revue Albatroz, Paris, janvier 1994).

 

Source   http://albatroz.blog4ever.com/ismaal-aat-djafer-complaint...