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04/02/2017

l'oeil & la plume... la Préfecture des étrangers

photoAFP.jpg

texte de Laurent Bouisset                                                                                                     ill. jlmi sur base AFP

 

 

La préfecture des étrangers
est un lieu bas de cœur
et de plafond
la nuit s'y cogne
et s'y prélasse l'aigreur
adipeuse
tout le temps
tu auras beau bouffer de la salade
et même aller courir assez souvent,
tu te trimbaleras dans ce rade
la bedaine du bonhomme Michelin
c'est que la légèreté devient obèse
passé la porte
le soleil simplement décède,
et te vient cette haine rampante,
cette frousse vive
au corps flanquée
par de sinistres employés séduisants
 
certes, un grand nombre
de ces goules sont gentilles...
vous me croyez ?
vous les imaginez volontiers délicats ?
enclins à manier l'humour fin ?
oui... le second degré
pour ces professionnels du chiant
est un grand art !
 
il faut dire que c'est chose assez... cossue !
cocasse aussi il se pourrait !
que macérer derrière sa vitre
à titiller tous les matins notre exaspération,
et après ça...
je veux dire : à la fin de ces journées
passées à emmerder l'humanité
font-ils l'amour ?
sourient-ils à leur vide
dans le miroir... ou
se demandent-ils
à eux-mêmes
un acte de naissance ?
je n'ai pas le désir
de les plonger crûment
dans l'eau bouillante
non, je ne désire pas non plus
leur brûler l'intestin
avec une clope
juste ces humains-là
je les regarde
je les observe et les dissèque
avec le calme
et la joie de l'ado
fixant l'acné
apparue sur son front
oui, je les dévisage en gros
comme une pustule
mais sans violence
rassurez-vous
après tout ces pantins ont-ils le choix ?
ont-ils un instant consenti
au rabaissement de leur psyché à ces latrines ?
le plus beau serait qu'ils y croient évidemment...
la foi en l'administration
ferait d'eux des idiots spectaculaires !
mais j'ai surtout le sentiment
qu'ils nous ressemblent...
oui, qu'ils sont à peiner comme nous
dans la gadoue
en bousiers lents
s'ils pouvaient peiner plus...
si notre père barbu qui êtes aux cieux
entendait ma prière et les rendait
pour le moins... insomniaques !
oui, s'il les gratifiait amoureusement
d'une belle dépression ! je jouirais presque !
autant dire que je m'enduirais de leur bassesse...
je planerais bas...
en cela le reflet du lieu,
sommet du bas ! je le rappelle
allons du nerf !
dégage enfin ta peau de là !
avant la mort absolue de ton âme !
 
mais sans leurs papiers, je puis vivre ?
alors... que faire ?
rien
baisser consciemment
avancer dans la bouse en le sachant
mais sans jamais perdre de vue
qu'il s'agit d'un cauchemar
et non de la réalité
à moins qu'il s'agisse de l'inverse ?
la frontière à tracer est floue
dans ce mouroir où dépité j'en vois
qui simplement pourrissent d'attendre
au fond de la pire des réalités
on peut toujours dénicher dans la suie
un soupirail
par là, je cherche et scrute et flaire encore,
mais j'ai beau m'esquinter le cœur poisseux
rien, de la suie...
de la suie consternée en tas encore...
des nerfs tendus dedans s'obstinent
à mâcher des orties
et l'humour cherche à s'envoler
comme un oiseau dans un égout
les ailes pas noires encore totalement
jaune pâle non plus
peut-être habillées de... violet ?
 
source : revue Nouveaux Délits n°55

 

20/01/2017

l'oeil & la plume : l'impossible séjour

48 figures noiressmall.jpg
texte de lionel mazari                                                                                                          encres de jlmi  2005

 

 

L'aube aussi pâle que la mort,
que cette mort qu'on assassine,
que nous vaut de sonner matines,
le tambour sourd du pas qui sort,

du pas qui sort de cette mort,
de cette mort qu'on assassine,
quand les matons sonnant matines
tambourinent un triste sort.

Au bout du conte indéchiffrable,
de ma vie à rebours d'année,
se dresse la liste à la table
des matières à mort condamnées ;

j'y donne la main au squelette
de ces amis d'un autre livre,
où le bourreau fait de leurs têtes
les pieux portraits qu'il me délivre.

 

 

un grand merci à cg qui a "induit" cette reprise

 

28/06/2014

l'oeil & la plume : sommet d'où jeter son pinceau ( fragment VII )

lumièrerecacdrcontrast.jpg
texte de werner lambersy                                                                                                            collage  jlmi 2014
 
 

Pendant des millénaires

Les astres

Traversent les ténèbres

 

Percent

Les pustules

D’un chaos qui retombe

 

Et repoussent

Les frontières où se perd

La lumière

 

À peine effleure-t-elle nos

Âmes pour nous

Suivre

 

Et jardiner le temps d’un

Tour de manège

Notre planète

 

Sur la tombe des défunts