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16/02/2014

l’œil & la plume : Chants

Hang Phuong ou Phuong Anh00colorized07.jpg
texte de Hằng Phương                                                                                                    collage   jlmi  2013
 

Alors que les jours étaient de pluie

Et les nuit de brume

J’ai vu passer des femmes & des enfants

Des hommes & des vieillards.

Ils étaient tous là

Tout ces milliers

Tout ces millions

Tout ces grains de poussière

Oubliés, inutilisés.

 

Entends-tu ces chants venus d’un autre âge,

Si proches, si présents,

Qui parlent des humiliés de ce monde ?

 

Entends-tu ces chants, les entends-tu ?

 

09/02/2014

l’œil & la plume : une saison en enfer

Arthur Rimbaud pluie de lettres sur l'aquarelle de jl forain.jpg

pluie de lettres sur l'aquarelle de jl forain                                                       collage jlmi  2013

Arthur Rimbaud, Une saison en enfer, April-August 1873.jpg

Arthur Rimbaud, Une saison en enfer, avril-août 1873

 

 

 

 

 

 

1 - remarche (ou marche) : en surcharge, à la place de
     "reprend".
2 - les : en surcharge, à la place de "ses".
3 - a poussé : dans l'interligne, à la place de "monte", biffé.
4 - terre : en surcharge, à la place de "bas".
5 - C'est dit, : ajouté dans l'interligne, probablement
     pour être inséré après "donc".
6 - [..] : mot illisible.
7 - [mon dégoût(?) et mes trahisons supérieures et ?] :
     syntagme partiellement indéchiffrable ajouté
     dans l'interligne.
8 - les coups : ajouté dans l'interligne.
9 - et des sens dispersés : en surcharge, par
     dessus un groupe de mots illisible.
10 - À quel démon me (louer) : on lit dans l'interligne
     "je suis à" (louer) sans que la leçon précédente soit
     biffée.
11 - Quelle : on lit un "à" sous ou sur le "Q" de "Quelle".
12 - éviter : semble surchargé par un mot illisible
      ("souffrir" ?).
13 - la stupide justice. de la mort : "la stupide justice."
      semble remplacer "la main (biffé) bruta (surcharge
      "stupide" ; la dernière syllabe manque) de la mort
      (qui n'a pas été biffé)".
14 - les : en surcharge, à la place de "ma".
15 - [...] : mot illisible ("aujourd'hui" ?).
16 - aux : en surcharge, à la place de "dans les".
17 - la dure vie : semble avoir été ajouté dans
       l'indentation de l'alinéa.
18 - [...] : illisible ("Je ne vieillirai pas" ?)
19 - dangers : surcharge un mot illisible (terreurs ?)
20 - O mon abnégation, o ma charité inouïes : Rimbaud
      a d'abord écrit : "A quoi servent mon abnégation et
      ma charité inouïes mai " puis a biffé le verbe et les
      connecteurs logiques pour obtenir une phrase
      nominale, en remplaçant les éléments supprimés
      par les interjections.
21 - je suis bête : devant "je", un "que", biffé.
22 - la : on voit très distinctement "les", semble-t-il
      corrigé en "la" ; "punitions" est au pluriel.
23 - gronde : en surcharge, par dessus un mot illisible
      ("brule" ?).
24 - Où va-t-on : en surcharge, par dessus "Sais-je
      où je vais".
25 - avancent : après ce mot, on lit "remuent", biffé.
26 - les autels, les armes : les "s" de pluriel sont absents
      ou peu marqués.
27 - Qu'on me : en surcharge, par dessus un mot illisible.
 








 

Oui c'est un vice que j'ai...

 

   Oui c'est un vice que j'ai, qui s'arrête et qui remarche1 avec moi, et, ma poitrine ouverte, je verrais un horrible cœur infirme. Dans mon enfance, j'entends les2 racines de souffrance jetée à mon flanc ; aujourd'hui elle a poussé3 au ciel, elle est bien plus forte que moi, elle me bat, me traîne, me jette à terre4.
   Donc [C'est dit, −]5 renier la joie, éviter le devoir, ne pas [...]6 au monde [mon dégoût(?) et mes trahisons supérieures et ?]7, la dernière innocence, la dernière timidité.
   Allons. la marche ! le désert. le fardeau. les coups8. le malheur. l'ennui. la colère. l'enfer, la science et les délices de l'esprit et des sens dispersés9
   À quel démon me10 louer ? Quelle bête faut-il adorer ? Dans quel sang faut-il marcher ? Quels cris faut-il pousser ? Quel mensonge faut-il soutenir ? Quelle11 sainte image faut-il attaquer quels cœurs faut-il briser ?
   Plutôt, éviter12 la stupide justice. de la mort13, j'entendrais les14 complaintes chantée [...]15 aux16 marchés. Point de popularité.
la dure vie.17 l'abrutissement pur, et puis soulever d'un poing séché le couvercle du cercueil, s'asseoir et s'étouffer. [...]18 pas de vieillesse. Point de dangers19, la terreur n'est pas française.
   Ah ! Je suis tellement délaissé, que j'offre à n'importe quelle divine image des élans vers la perfection. Autre marché grotesque.  
   O mon abnégation, o ma charité inouïes20. De profundis, domine ! je suis bête21 ?
   Assez. Voici la22 punitions ! Plus à parler d'innocence. En marche. Oh ! les reins se déplantent, le cœur gronde23, la poitrine brule, la tête est battue, la nuit roule dans les yeux, au Soleil.
   Où va-t-on,24 à la bataille ?
   Ah ! mon ami ! ma sale jeunesse ! Va..., va, les autres avancent25 les autels, les armes26.
   Oh ! oh. C'est la faiblesse, c'est la bêtise, moi !
   Allons, feu sur moi. Ou je me rends ! Qu'on me27 blesse, je me jette à plat ventre, foulé aux pieds des chevaux
   Ah !...
   Je m'y habituerai.
   Ah ça, je mènerais la vie française, et je suivrais le sentier de l'honneur.

 

 

 

Source   http://abardel.free.fr/tout_rimbaud/brouillons_de_la_sais...

grand merci à abardel !

 

 

25/01/2014

l'oeil & la plume : la Java des Bombes Atomiques

la java des bombesb&wpost.jpg
texte de boris vian                                                                                                                          
 

Mon oncle un fameux bricoleur
Faisait en amateur des bombes atomiques
Sans avoir jamais rien appris
C’était un vrai génie question travaux pratiques
Il s’enfermait toute la journée
Au fond de son atelier pour faire ses expériences
Et le soir il rentrait chez nous
Et nous mettait en transes
En nous racontant tout:
“Pour fabriquer une bombe “A”
Mes enfants croyez-moi
C’est vraiment de la tarte
La question du détonateur
Se résout en un quart d’heure

C’est de celles qu’on écarte
En ce qui concerne la bombe “H’
C’est pas beaucoup plus vache
Mais une chose me tourmente
C’est que celles de ma fabrication
N’ont qu’un rayon d’action
De trois mètres cinquante
Il y a quelque chose qui cloche là-dedans
J’y retourne immédiatement !”

Il a bossé pendant des jours
Tachant avec amour d’améliorer le modèle
Quand il déjeunait avec nous
Il dévorait d’un coup sa soupe aux vermicelles
On voyait à son air féroce
Qu’il tombait sur un os
Mais on n’osait rien dire
Et puis un soir pendant le repas
Voilà Tonton qui soupire et qui s’écrie comme ça:

“À mesure que je deviens vieux
Je m’en aperçois mieux
J’ai le cerveau qui flanche.
Soyons sérieux, disons le mot
C’est même plus un cerveau
C’est comme de la sauce blanche

Voilà des mois et des années
Que j’essaie d’augmenter
La portée de ma bombe
Et je ne me suis pas rendu compte
Que la seule chose qui compte
C’est l’endroit où elle tombe
Il y a quelque chose qui cloche là-dedans
J’y retourne immédiatement

Sachant proche le résultat
Tous les grands chefs d’état
Lui ont rendu visite
Il les reçut et s’excusa de ce que sa cagna
Était aussi petite
Mais sitôt qu’ils sont tous entrés
Il les a enfermés en disant “soyez sages”
Et quand la bombe a explosé
De tous ces personnages il n’est plus rien resté

Tonton devant ce résultat ne se dégonfla pas
Et joua les andouilles
Au tribunal on l’a traîné et devant les jurés
Le voilà qui bafouille:
“Messieurs c’est un hasard affreux
Mais je jure devant Dieu
Qu’en mon âme et conscience

En détruisant tous ces tordus
Je suis bien convaincu
D’avoir servi la France”
On était dans l’embarras
Alors on le condamna et puis on l’amnistia
Et le pays reconnaissant l’élut immédiatement
Chef du gouvernement.