Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22/02/2017

l'oeil & la plume... juste un peu de poussière ?

Cathy Garcia  Limbes  2016.jpg
texte & illustration cathy garcia

 

 

 

Les mouches fermières ronronnent sur la peau de lait. Déguisé en mendiant, un bleuet part en fumée. Sur les toits, une pie s’effarouche et dans les herbes hautes, les cailles s’endorment en rêvant à des nids sur la lune. Une guêpe allumée dessine des jarretelles sur les pattes d’une musaraigne. Les laitues sont aux champs, les biches aux abois. Les murmures pourrissent sur des chemins d’épines.

 

Aux portes de la ville, valse de muses infécondes. Cantiques de murailles à faire froid dans le dos. La langue râpeuse de l’étranger, sa langue hachée, servie juste trop cuite à ceux qui pensaient pouvoir l’avaler. Des gorgones, des maux de têtes apparaissent les soirs de grand vent. Ces soirs où les passants passent comme des mortes-feuilles, où les enfants s’accrochent aux lampadaires qui urinent sans façon sur des chiens vêtus de noir.

 

Dans les jardins publics, qu’il vente ou qu’il pleuve, les mantes non religieuses sucent des fourmis à miel. Cela offusque et excite les vieilles coquettes, chapeau, gants, eau de violette. Diamants concassés dans leurs regards éteints.

 

Oui, juste un peu de poussière.

 

2000

19/02/2017

l'oeil & la plume... l'instant d'avant, l'instant d'après

instantavantaprès.jpg
texte de isabelle le gouic                                                                                                photomontage jlmi  2013
 

L'instant d'avant, l'instant fuyant,

Celui qui fugue incidemment,

L'instant qui file comme l'anguille,

Et moi docile qui le comprends.

 

L'instant d'après, l'instant qui vient,

Celui qui est et qui advient,

L'instant qui suit, que l'on poursuit,

Et moi qui suis et qui deviens.

 

L'instant à vivre, l'instant vivace,

Celui à suivre, celui qui passe,

L'instant de vie qui donne envie,

Et moi ravie qui lui fais face.

 

L'instant qui court, jamais à court,

Celui du jour, crin ou velours,

L'instant de feu, l'instant de glace,

Et moi, tenace, j'en veux toujours.

 

L'instant qui glisse, l'instant qui crisse,

Celui qui lisse ou qui hérisse,

L'instant délice, l'instant malin,

Et moi qui crains l'instant caprice.

 

L'instant colère, l'instant qui serre,

Celui qui blesse, nous met à terre,

L'instant qui cesse, l'instant qui prive,

Et moi, naïve, qui laisse faire.

 

L'instant venu, cet inconnu,

Celui qui prend au dépourvu,

L'instant qui ment, l'instant qui leurre,

Et moi à l'heure de l'imprévu.

 

L'instant d'avant, l'instant fuyant,

Celui qui fugue furtivement,

L'instant qui tisse les regrets,

Moi qui les crée, incidemment.

 

L'instant d'après, l'instant qui vient,

Celui qui est et qui advient,

Celui qui glisse entre les doigts,

Et moi qui broie mes lendemains.

 

L'instant d'avant, l'instant d'après,

Celui qui est et qui était,

L'instant offert comme un présent,

S'il en est temps, je le voudrais.

16/02/2017

l'oeil & la plume... samedi soir

 José Guadalupe Posada-Fiesta-de-Calaveras-01invers.jpg
texte de cathy garcia                                                                                                ill. José Guadalupe Posada

 

Éclaboussures violettes        
Sur la mâchoire d’un ciel d’orage  
Les mantes encapuchonnées rodent      
Sur les places désertes. C’est l’heure      
Où les rats comptent la monnaie  
Quelques montures élégantes paradent encore        
Dans les dernières rues animées, les clowns   
À tête de mort secouent leur bâton crécelle    
Puis la nuit éclate comme un vase
Sur les carreaux du crépuscule      
Dans les mansardes poussiéreuses,       
Les crétins patientent et les vers de sable       
Guettent leurs étoiles-mères
Bientôt les nuées nocturnes viendront s’abattre      
Sur des comptoirs étincelants       
Pour se noyer    
Haut et court     
à des alcools de potence.      

1999