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11/03/2014

l'oeil & la plume : calepins voyageurs et après ? fragment juillet 1998

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texte de cathy garcia                                                                                                                  collage  jlmi  2014

 

Des larmes se déchirent sur l'archet d'un violon discordant mais voici que du brouillard, montent des accords de fête. Vieux trombone et percussions tanguent sur les pas d'un accordéon. Cortège fragile, si vite dissipé par les accords graves et lourds du piano. Des lumières flottent dans le néant, c'est la noria des atomes. Des créatures de boue et de nuit se redressent, dégoulinantes. Lentement les unes après les autres, elles se lèvent et commencent à marcher.

L’aube originelle se fraye un chemin au travers les ténèbres contractées, elle en émerge enfin, écorchée, écarlate. La pluie se mêle à la lumière. Noces sanguines pour baigner la nouvelle-née. Une flûte insolente marque le début d'une danse. La nuit grouillante de cauchemars est refoulée à l’angle de l’oubli. Les fleurs ont remplacé la boue, c'est la naissance de l'amour ! Une guitare romantique glisse des lueurs de bonheur dans les regards tout juste éclos. Les doigts se frôlent en tremblant, tout à la joie de l'éveil. Les hanches se balancent au rythme d'une houle langoureuse qui monte à la gorge pour jaillir, champagne, en rires empourprés. Instant magique, unions des cœurs sous les eaux caressantes d'une seule et même chanson, celle du temps qui nous reste à vivre, berçant nos tendres illusions et portant sur nos lèvres l’étrange sourire de ces enfants, qui disparaissent avant même d'avoir vécu. Le vertige des années qui glissent sur une partition ponctuée de silences. Le vieux musicien sait que sa musique tient à un fil. Au fil ténu d'une respiration, le premier chant du monde, mais les vieux musiciens au fond des bars sont fatigués. Leur regard fiévreux brille. Au fond des verres gisent des larmes d'alcool. Tout se trouble. Il est tard et la musique s'estompe.

 

10/03/2014

l'oeil & la plume : des idées derrière la tête III

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texted & illustration    isabelle le gouic
 

Le temps

 

It’s the last

Song today

 

TU AS OUBLIE TON PARAPLUIE A LA MAISON.

JE L’AI CACHE DANS UN SONGE.

 

 

L’INCONSCIENT               IL N’Y A PAS DE

est comme un courrier         PENSEE INTERDITE

qu’il faut ouvrir                   ALORS J’EN RESTE

                                             INTERDITE

 

 

JE NE SAIS                         JEAN-SEBASTIEN BACH

PAS OÙ J’AI                       ME SERRE LA MAIN

POSE MON                         ET ME

HARMONICA.                    SOURIT

 

 

LE CARGOT FUME            LES OIES SE TORDENT DE RIRE

MA CIGARETTE                 LES ENFANTS AUSSI

S’ETEINT

 

 

Qui es-tu ?

 

 

J’ENTENDS UN                   MA GUITARE

NENUPHAR CRIER             A OUBLIE

                                               DE PONDRE

 

J’oublie où je vais.

Les trains se suivent sous 24 petits ponts

et la lune rebondit sur les flaques

 

07/03/2014

l'oeil & la plume : mur à angle droit

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texte de Hédi Bouraoui                                                                                                             collage  jlmi  2014
 

 

Pourquoi et de quoi faire un mur ?

Cette grisaille cimentée des séparances qui durent

Le temps de la lettre Terre Azur…

Enoncés d’appartenance sous l’effet violence

 

Ce qui pousse le lac poème détourné

Vers le parc des reconnaissances légitimes

Qui rebondissent et se scindent en échos de fables

Pourvoyant  l’origine et ses remous enfantins

 

Qui fermera l’écluse des tablettes interdites ?

Quand court le bruit des torrents Sirènes

A multiple tours des veines

Hybride sécurité d’adolescence

 

Se délient les lèvres cousues

Vallées acquises convoyeuses de pertes

L’hémorragie de chagrin escalade

Ce qui lui ressemble

Terrain brouillé de basses feintes

 

La hantise du passé adulte erre

Dans les cœurs enivrés qui les mettent en scène

A l’axe du récit vertical

Estuaire d’un pays qu’illuminent  ses carences

 

La crête du sens-gouffre des partis-pris

Pourra se les  remémorer

Au temps inévitable des comptes

Comment nommer la conquête de la haine

Dans le décor des dépits  des rancunes ?

L’âge mûr se croit victorieux lorsqu’il est

Au rendez-vous des sursis

Telle colombe à rempailler au pays de la grâce !

Celle qui fait tourner en vaches folles

Les fantômes des nuits acerbes

 

Au tournant le Jour scandaleux ne justifie plus

Telle ou telle présence de colonies 

Ou grappes de mots d’une sédition sanguine

Les parcelles arrachées au fil des missiles

Et autres assassinats ciblés

Les lamentations impriment sur les peaux

Soumises et triomphantes un profil marais-cage

 

Des deux cotés un Mur trophée humiliation

Se fait bâtir continuant l’arrogance de celui

Qui fut détruit en faillite d’indépendance

Blessure tentant feinte et convergence

 

Le livre de doléances se décline

Maintient défaite et conquête

Dans l’attente d’un angle droit

Qui ne deviendra jamais l’aigu de la paix

 

in Livr'Errance  Ed. D'Ici et d'Ailleurs  2005