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25/06/2017

l’œil & la plume... pas d’main la veille

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texte de fanny sheper                                                              sur une photo de jlmi  2010

 

C’était pas hier

 

Bon, j’étais bourrée

Mais je me souviens,

Je me souviens, on s’est rencontré comme ça

C’était pas hier, c’était avant, je crois

Si si, c’était toi, tu marchais dans cette rue

Tu traînais un blues mélodieux

Et puis t’avais l’air seul mais heureux,

Tu étais accompagné par une charmante bouteille de whisky,

Ca, c’est ton petit coté américain

Moi c’étais une bière, une grande

Une de celle qui a plus de bulles avant d’être finie

J’aime bien faire traîner, je fais pareil avec le café

J’attends qu’il soit froid pour la dernière gorgée

Bref, j’étais bourrée

Je me souviens plus d’hier

Mais, sûre que je t’ai rencontré

On a parlé, parlé

Je sais plus de quoi mais c’était beau

Toi aussi tu étais beau

Tout était beau

Enfin, je crois, j’étais bourrée

On était assis là par terre

Sur le trottoir et les chewing-gums aplatis

Mais c’était bien

C’était comme d’être assis sur un canapé

Sous un figuier l’été

Des gens passaient, les bruits s’endormaient

On parlait, on parlait

Puis tu as dit

« Ma bouteille est cramée »

Et tu m’as regardé comme si c’était la fin

Avec cet air à la fois triste et soulagé

A ce moment précis,

Je t’ai aimé,

C’est pour ça que je m’en souviens mieux qu’hier

Alors, j’ai posé ma bière à coté

Et on s’est embrassé

Et la rue s’est changée en palais

Et le trottoir s’est évanoui sous nos pieds

Et les réverbères se sont tamisés rien que pour nous

Si c’est vrai .

Tout timides et gênés

On s’est sourit comme ça, un moment

Puis après, ben après, c’était hier…. 

Et hier, j’étais bourrée …

 

24/06/2017

l'oeil & la plume... cette ronde infernale pieds nus sur un tapis d’éclats de verre

 

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Texte de bruno toméra                                 illustration   Gilles Barbier ‘’L’Ivrogne’’           photo jlmi 2006
 

 

Terre, cette tête de larmes bleues

qui chuchotent ses plaintes.

Ces corps recroquevillés du petit matin délavés par les brumes glacées

et qui rassemblent dans des rêves ankylosés empêtrés de non sens les quignons rassis émiettés dans le café refroidi de l’existence.

On devait être des millions à cette heure à se perdre dans le paradis conformiste

à s’inventer une vie déjà bien frelatée à coups de vagues projets trafiqués

par les gueules de bois et quelques sauteries fantasmées.  

Trimballer son corps entre deux ivresses et deux lysanxia

entre le chant des mitrailleuses et le chant du cygne

entre les barbouzes médiatiques et leurs sentences libérales.

La nécessaire maquerelle Misère fardée de la bonne conscience de la dignité,

les gagne-pains se vident, il y a que dalle sur l’étal des boutiques du prêt à penser,

les perroquets savants adjurent d’une adaptation à la survie dans une allégorie du néant, avec dignité.

J’ai balancé la radio par la fenêtre

j’avais pris du bide dans les pantagruéliques relais de la frustration,

c’était plus moi dans le miroir, c’était rien

Rien qu’un mp3 enrhumé d’un adagio de Barber

Rien que le temps passant et plus l’envie de le retenir

Rien que l’image floue d’une perception fossilisée

Rien que cette terrible supposition que le tour du cauchemar n’est qu’entamé

et qu’il n’y aurait jamais d’arrivée

Rien que soi en somme.

Il restait pourtant de belles choses à accomplir ( sic )

Se cramer les doigts sur un bout de cigarette

Essuyer le pipi du chien

Sourire benoitement du fébrile tremblement des jonquilles

Décompter les points retraite

Mater le tapin des étoiles

Déshabiller jusqu’à l’os ce charmant conte que l’on nomme la vie.

 

 

 

23/06/2017

l'oeil & la plume... Adieu Paris !

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texte de cathy garcia                                                               photocollage  "adieu Paris !"  jlmi  2013

 

Adieu Paris !

 

On se reverra bien un jour

Et d'autres jours encore

Mais pour l'instant, ô Paris

Vois comme je te fuis !

 

Oh, mais si, j'ai très bien compris

Tout l'amour dont tu portes les fruits

Mais vois-tu le temps a passé

Et ces fruits là ont bien pourri

 

Allez la belle, fais un effort, souris un peu

Aux touristes rêveurs du Paris d'autrefois

Moi je te laisse à tes tours dressées

Tous ces hymnes bidon à la modernité

Je te laisse sous tes lambeaux de ciel

Teint crachat sur vitre sale

Et à tous ceux qui pris au piège

Crapahutent chaque jour

Dans tes entrailles puantes

Paris incontinente

Toutes ces fourmis pressées

Sous leurs masques mutants

Irradiés avant l'heure

Paris, tu n'as plus de place

Pour accueillir l'amour !

 

Regarde ! Pour toi la vermine

Revêt ses plus beaux atours

Il est bientôt l'heure

Du lâcher de vautours

Paris rongée, fumées acides

Et moisissures d’ennui

Les rats malins te guettent

Ils pullulent tout au fond

De tes veines bétonnées

Où la pauvre Seine traîne

Ses flots empoisonnés

 

Et je m’étonne encore

De toutes les mouettes

Qui viennent s'y encanailler

Assez pour qu'elles en oublient

De retourner à la mer

Mais moi, Paris, tu vois

Je suis partie !