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13/06/2017

l'oeil & la plume... la lumière est nacrée

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texte & photo jlmi                                                    Mac Val installation vidéo de Melik Ohanian  2006

 


La lumière est nacrée,

comme pailletée de fines particules.

Dans cette immense salle blanche, pas un bruit de voix. Juste les claquements rythmés de mains, nombreux, variés.

Au sol, dans un coin, une pile organisée d’écrans cathodiques. J’en compte huit. Des enceintes aussi, quatre.

Sur chaque écran une paire de mains. D’hommes, de  femmes. Des mains jeunes, vieilles, fines, calleuses, lisses ou aux veines saillantes. Un échantillon d’humanité. Ces mains se frappent, s’arrêtent, reprennent en un ballet hasardeux à ce qu’il semble. Mais non, à bien y écouter, les rythmes s’épousent, se complètent.

Face aux écrans, un long pouf transparent coiffé d’un coussin jaune. Un groupe d’adolescents est installé et regarde. Une femme debout paraît donner  quelques explications à voix voilée. Un peu à l’écart, deux filles ont fait sécession. Elles sont appuyées à un pilier et tournent presque le dos aux écrans. L’une ,y jette parfois un regard rapide. L’autre, la plus éloignée de l’œuvre, a posé la tête sur l’épaule de son amie et, le regard perdu, suce son pouce… mais peut-être est-elle captivée par cette mélopée brute, presque sauvage qui monte, descend, oscille, mélopée de ces mains qui se frappent, se caressent, s’ouvrent… et repartent en cadence.

 

C’est un après-midi comme un autre au Mac Val  

 

 

12/06/2017

l'oeil & la plume... conjugaison d'être et à voir

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texte de isabelle le gouic                                                                                       ill. jlmi  2009
 

 

L'imparfait du verbe être.

Ligne de mots tirée au cordeau,

Paroles nouées, mots liés par le verbe,

Pensées déliées.

Musique des mots accrochée à la rime.

Corde serrée au nœud de l’angoisse.

Corde à sauter ou corde au cou,

Le nœud s’accorde au temps qui court.

Le verbe s’accorde à son tour, en son temps,

Au passé simple si compliqué,

A l’imparfait désenchanté, imparfait du verbe être, à l’imparfait de l’être.

Cordes désaccordées de l’anxieuse mélopée,

Floppée de mots jusqu’au croche-pied, une croche, six pieds.

Ligne de mots tirée au cordeau,

Corde qui enlace, qui entoure, qui enserre,

Jusqu’au nœud, jusqu’au mot qui déchire.

Corde amie ou rebelle,

Crayon qui tricote et qui tisse des mots amis, des mots alliés,

Ou parole défaite, corde qui s’effiloche,

Une croche qui décroche, six pieds qui trébuchent.

Le noeud s’accorde  au temps qui passe,

Corde amie ou assassine,

Corde lovée, still love me,

 

Ou corde raide.

 

11/06/2017

l'oeil & la plume... Foujita, maître du trait

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texte jlmi        sur Foujita Combats & Grande composition (vue partielle ci-dessus)

 

 

Foujita, c’est quoi ?

 

Plus exactement, qui est-ce ?

Paris, Montparnasse. 1920. Les Années Folles.

L’Ecole de Paris, une école qui n’en est pas une, juste un rassemblement d’artistes, étrangers – surtout -  et français –un peu -, peintres, sculpteurs, écrivains, poètes.

Une école particulière, qui ne définit pas un style mais une façon d’être et de penser son art dans un seule direction : contre l’académisme. Chacun pour soi dans un immense melting-pot d’idées.

Quelques noms comme des pistes : Picasso, Modigliani, Soutine, Pascin, Kisling, Van Dongen, Braque, Gris, Matisse, Léger, Brancusi, Man Ray, Berenice Abbott,Max Jacob, Desnos, Morand, Mac Orlan, Carco…

Quelques lieux comme des indices : le Dôme, la Rotonde, la Coupole…

Parmi tout ceux-ci, Foujita, peintre japonais, issu d’une famille aisée, formé au Japon à l’art occidental, arrivé par choix à Paris en 1913. Un être de synthèse entre deux cultures. De là va venir son art puis, sa très grande notoriété. Vers lui vont affluer rapidement de nombreuses commandes officielles. Son extravagance vestimentaire et son amour des femmes en feront un maître des nuits parisiennes.

Dès son installation en Europe, il manifeste une grande attirance pour la statuaire grecque et l’art renaissant italien. Il courre les musées et copie, copie les œuvres des maîtres anciens. Ceci renforce si besoin était sa maîtrise du trait, qualité propre à l’art japonais et va le conduire à fonder sa propre technique issue de ce métissage.

Il pense son œuvre, la construit mentalement sans dessins préparatoires d’ensemble. Ensuite, il travaille séparément chaque élément. Pour cela, il répète et répète encore le motif jusqu’à en  acquérir la gestuelle juste de sa réalisation. Il se lance alors sur la toile qu’il a préparé d’un fond blanc, et travaille sans reprise, en absolue maîtrise du trait, élément après élément. Cette manière est bien sûr en totale opposition avec les leçons académiques. Ses motifs ainsi posés, il unifie et anime l’ensemble en ‘’travaillant’’ le fond, le grisant par tamponnage au chiffon, technique très personnelle s’il en est.

Le résultat ? Stupéfiant dans ces ‘’Combats’’ et ‘’Grande Composition’’, œuvre monumentale en double diptyque, chaque élément étant une toile de trois mètres sur trois !  Quatre toiles carrées, dissimulées au public depuis… 1929 et soumises récemment à un long travail de restauration.

Au premier regard, tout est très doux, blanc, nacré, crayeux, terres pâles, avec formes au fin trait noir. Puis cela s’anime, autour des formes, des estompes ; sur les formes des ombres qui donnent vie. Les personnages surgissent alors comme flottant dans un milieu immatériel, une sorte de nuée aux clairs gris multiples, touchée par un faible soleil couchant. Milieu irréel et pourtant fortement présent. Ces femmes, ces hommes, nus,  flottent, attirent les regards et soudain des références surgissent : Michelange, Vélasquez, Rodin…, un monde en mouvement ponctué d’animaux, chats, chiens, lions, une sorte de grand spectacle de cirque dans lequel les corps s’étreignent, luttent, s’attirent, se repoussent, vivent.

Certains y voient une métaphore de la guerre et de la paix, une œuvre-manifeste certes, mais jamais Foujita ne donna les clefs de ce travail de la maturité.

 

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Combats

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Grande composition