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08/09/2017

l'oeil & la plume... les grillons chantent la nuit

Jambes contrb&w.jpg
texte de werner lambersy                            ill. jlmi 2017



Dieu que c’est bête

Un homme !

 

Il m’a prise en stop

Dans un parking

De routiers

 

Je suis ton âme

J’ai dit et j’ai coupé

La radio

 

Juste avant l’accident

Il regardait encore

Mes jambes

 

 

07/09/2017

l'oeil & la plume... super 8

super8corpscomp.jpg
texte de pénélope corps                                                 ill. jlmi 2017



on dirait que la chambre d' hôtel sentirait un peu la pisse
mais que l'aurore serait quand même sublime

on dirait qu'on échapperait à l'industrie
qu'on baiserait les zones de contrôle

on dirait qu' y aurait du sable dans les chips
et qu'on se torcherait la gueule et la bouteille avec l'orage

on dirait que je collerais mon utérus contre la terre
et que tu trouverais ça marrant

on dirait qu'on serait très bons en paysages fabuleux
et que je n'aurais plus ma tronche de cage ambulante

on dirait qu'on se maltraiterait pas trop
qu'on écrirait des poèmes sans le savoir
qu'on vivrait un moment privilégié avec les oiseaux
dans le silence génial des steppes
qui n'en sont pas
je sais

on dirait que les choses seraient aussi simples que ça
que j'aurais une place dans ma famille
et que tu ne penserais pas trop à mourir dans ces moments-là

on dirait ça

 

 

 

05/09/2017

l'oeil & la plume... une collection de fées

les fées.jpg
texte de jlmi                                                                                                                     composition nsm &ssm


Bon, ben voilà, c’est une histoire de vacances. Une histoire comme il en arrive tous les jours. Mais… ( et un mais, comme vous le savez, il n’y en a pas dans toutes les histoires de tous les jours ! )

Ça s'est passé sur une plage du côté de Noirmoutier, vous savez, en Vendée. Une belle région pas très loin de la Bretagne. Justement, notre Héros arrivait d’un mois passé en Côtes d’Armor, dans un hameau près de la mer dont le nom breton était Ar Sklerder ( La Clarté, où, selon la légende, on voyait quelque chose, même quand on ne voyait rien à cause des ténèbres,  et ce n'est là qu'un exemple…  allez dire ça à d’autres bien sûr, mais bon, ces bretons, toujours imaginatifs ! ). Et là, face à Noirmoutier, il était avec ses parents pour une quinzaine de jours.

Le temps était beau, super même : le grand bleu comme on dit au bord de la mer ; ce qui n’empêchait pas deux ou trois petits nuages blancs - très curieux - d’être là afin de vérifier que le ciel était bien bleu. ( peut-on faire confiance à la météo ? Je vous le demande ! )

La plage était de sable fin - comme de bien entendu - très longue, longue, longue et, à marée basse, large, large, large. De rêve la plage !

Notre petit Héros marchait sur ce sable doux, très doux à ses pieds. Il regardait par terre car la mer en se retirant avait laissé une multitude de trésors : cailloux plus ou moins brillants aux formes polies, des algues de toutes sortes, quelques morceaux de bois tout usés, une méduse morte ( qu’il avait dû enjamber prudemment ) et des coquillages de toutes les couleurs et de toutes les formes. Ça tombait bien, il était chasseur-de-trésor-expert.Rien moins.

Il arriva à une petite mare laissée là par la mer ( sa mère d’ailleurs !!! ). Curieuse cette mare, pas de végétation au fond, un sable parfaitement uni, comme lissé avec soin. Bizarre vraiment. Pas de raison toutefois de ne pas mettre le pied dedans !

Le pied à peine posé au fond, il ressentit une piqûre. « Ça y est, encore une vive. Zut, je vais avoir mal, mais je sais comment faire depuis l'an passé où j'ai été piqué deux fois le même jour en Bretagne... »

Il jeta un œil autour de lui à la recherche du galet chaud des rayons du soleil qui lui permettrait de poser son pied et d'ainsi réduire rapidement la brûlure du venin... Rien ! Que du sable fin à perte de vue.

Curieusement, à bien y réfléchir, aucune douleur ne montait dans son pied, dans sa jambe. Au contraire une sensation de bien être, de détente s'installait et, soudain, tous les trésors déposés sur la plage se mirent à bouger, à vivre…

Les cailloux se rassemblaient pour de grandes discussions silencieuses, les algues dansaient profitant du moindre souffle d’air pour mettre au point des chorégraphies de plus en plus complexes et les coquillages, eux, le regardaient d’un oeil inquisiteur : « Que pouvait bien venir faire cet intrus dans leur royaume ? »

Lui, le petit Héros, restait là, médusé, immobile. Les coquillages continuaient de s’interroger. L’un s’avança vers lui d’un air décidé :  « Que viens-tu faire chez nous petit d’homme, tu n’as pas été invité, tu ne manques pas de toupet, dis-moi ! » Il ne savait quoi répondre, tout cela était tellement extraordinaire.

« Et ben, j’ai marché sur une vive et hop, je me suis mis à vous voir bouger, parler, danser, tout ça, c’est très curieux, je ne comprends pas du tout ce qui m’arrive. »

« Ne t’inquiètes pas ! » lui répondit un coquillage de vénus tout rose, « grâce à la piqûre de la vive et à tes deux piqûres de l'an passé...»

« Mais comment vous savez ça ? »,

« C’est la grande famille des vives qui nous l’a fait savoir il y a déjà un moment, quand tu es arrivé pour la première fois sur cette plage… et puis de toute façon, on peut lire dans tes pensées, alors… »

Il ne dit plus rien, il attendait la suite.

« Bon, alors pour que tu sois moins sot ce soir, je vais te dire ce qu’il en est. Grâce à cette troisième piqûre et  du fait que tu viens de La Clarté, tu as acquis la possibilité de voir le royaume des Fées Coquillages et de nous voir et de nous comprendre. Oui, je te dis ça en passant, car depuis le début, ça n’a pas l’air de te troubler de nous entendre, nous les coquillages !!! Ni de voir des conversations de cailloux ou des danses d'algues... »

Il restait là, debout, bouche ouverte, sans rien dire. La petite vénus continua :

« Bon, écoute, tu vas nous sortir d’un mauvais pas. Nous sommes venus nous baigner sans nos serviettes de plage. Alors vas chercher une feuille de papier essuie-tout ou un mouchoir ou… enfin, ce que tu veux et tu nous poseras dessus avec délicatesse surtout, moi et mes amies. D’accord ? Fonce, on a froid maintenant ! »

Il s’exécuta avec beaucoup de célérité et de délicatesse donc. Quand ses nouvelles amies furent sèches, la petite vénus, finalement très bavarde lui dit :

« Bon, et bien maintenant tu vas nous prendre en photo, et fais vite, vite, vite… » Ce qui était dit fut fait. Vite, vite, vite.

Dès la photo prise, ho la la bizarre, il se sentit tout chose. Il secoua la tête, regarda ses mains - tout allait bien - puis il regarda ses amies : Horreur ! le charme semblait rompu, plus rien ne bougeait du petit monde des trésors de la plage. Plus de conversations silencieuses entre les cailloux, plus de danses des algues, plus de fées qui le regardaient et lui parlaient. Plus rien…Rien.

Vite, il regarda la photo pour voir s’il n’avait pas rêvé. Non, ses amies étaient là, bien alignées sur leur serviette de papier, telles qu’elles avaient voulu poser pour lui - et la postérité ? -. Il devait se rendre à l'évidence, il avait sous les yeux la seule preuve tangible qui resterait à jamais de cette incroyable aventure en face  de Noirmoutier…