28/05/2017
l'oeil & la plume... accro aux barbelés
texte de fanny sheper sur "banlieue" de jlmi 2009
Accro aux barbelés
Fil de fer aux araignées griffues
C’est ici que je traverse quand je vais te voir
C’est ici qu’on s’affranchit de la terre
C’est ici, que l’on traverse
Que les barreaux deviennent atmosphère.
C’est là que je m’écorche les doigts
Pour mieux t’entendre quand je suis trop bas.
Derrière la clôture acérée
Il y a tout ce qu’il n’y a pas ici.
Il a des bourrasques superbes
Qui éclatent folles dans des cieux libres.
Il y a des aubes claires comme des rivières
On voit nos plumes plastiques,
Abandonnées sur le fil,
Nos petites tenues déchirées encore accrochées.
Traces de nos évasions radieuses.
Traces de nos corps enchevêtrés dans les barbelés
Eraflures qui nous donnent
Un plaisir étrange et mélancolique.
C’est le rencard des rêveurs accros
Qui se bécotent entre les ronces rouillés.
Il faut les voir s’enrouler comme des poissons avant d’éclore.
C’est là qu’on perce la réalité d’un seul plongeon
Qu’on largue ses débris d’enclumes
C’est là qu’on tombe amoureux de la fuite
Et c’est pour ça que je t’aime autant que mon évasion.
Barbelé aux araignées de limailles,
Tu m’as appris la liberté.
00:34 Publié dans l'oeil & la plume | Lien permanent | Commentaires (1)
26/05/2017
l'oeil & la plume... la vengeance de la fille à la bouche en forme de cœur
Et voilà, la fille avec sa bouche en forme de cœur
m’a mis au pas, s’est vengée,
- tu as eu ta chance, Vince, je t’avais prévenu
moi j’avais choisi l’alcool ce soir là, et maintenant elle s’endort
à côté de moi, dans mes draps bleus, mais pas le droit de la toucher,
que veux-tu que je fasse ? je ne vais pas la violer, je devrai peut-être y songer un instant
mais je ne suis pas de ceux-là,
j’ai eu ma chance j’ai perdu
la dague dans mon flanc, je l’ai planté là tout seul !
je suis à ses côtés, et je sais bien qu’elle va
s’enfuir et moi je vais la regarder faire, et la nuit devient froide
et je regrette de ne pas avoir bu, il y a des instants où
je sais pourquoi je me tue, pourquoi je me noie
- j’ai toujours aimé ton jeu, je t’ai laissé faire, tu es
dangereuse,
elle rit et jubile, une partie de moi aussi s’amuse de ça
que veux-tu que je fasse ? c’est aussi une amie qui accourt
dès qu’elle apprend mes douleurs, on doit prendre
soin des amis, ceux-là sont si rares,
que veux tu que je
fasse ? son rire sonne clair et
il y existe quelque chose de libre et d’incontrôlable en elle, je ne veux
pas être celui, qui brisera cela
au matin je la laisse à sa voiture, lorsque je rentre,
je sais déjà, que je dois me guérir,
j’ai toujours préféré en avoir une à qui penser,
mais je sais aussi quand elles s’approchent de trop près
voilà donc revenu le moment de me transformer à nouveau
en coquille vide, pas de sentiments, juste un cœur
qui sonne creux, juste de la glace là où jadis vivait un volcan
et il restera, un goût de cendres dans ma bouche,
le sourd désir de ronger mes veines, alors
dehors j’irai boire jusqu’à tomber, boire jusqu’à ressentir quelque chose
de la douleur ou de la rage,
et je ferai tout pour éloigner les sourires et les regards des amoureuses
et je rentrerai pour m’endormir en hurlant, l’âme clouée
en croix, sur les murs sordides de mon existence
00:19 Publié dans l'oeil & la plume | Lien permanent | Commentaires (0)
22/05/2017
l'oeil & la plume... elle dit je vous salue Marie
texte de murièle modély toile © joséphine monteil
elle dit je vous salue Marie
on ne sait pas à qui elle parle
qui est cette Marie
et ce qu'elle a à voir
avec nos corps transis
debout devant la table
attendant sans broncher
que Marie lui réponde
qu'elle fasse un signe, bordel
qu'on puisse enfin s'asseoir
ou au moins relâcher
nos corps raides, tenus
par son regard de glace
elle dit vous êtes pleine de grâce
et on louche par en dessous
sur le brouet graisseux
au milieu de la table
nos bouches déformées
par le jus de prière
par la faim qui tenaille
nos corps d'adolescentes
et on fait pénitence, on fait
tout ce qu'elle veut
Marie
Dieu et le reste
qu'on mange
tant que l'on peut
00:30 Publié dans l'oeil & la plume | Lien permanent | Commentaires (1)