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03/10/2017

l'oeil & la plume... Ezra Loomis Pound

Ezra tomb3.jpg
texte de werner lambersy                                                         photocollage jlmi 2013
 

 

La barge

Des pompes funèbres

La large gondole

Municipale

Du service des pauvres

Emportait Ezra

Pound

 

Quelques uns

Sur les quais de venise

Encore pâle

Se signaient

Sans savoir

Qui passait là

Et levaient distraitement

Leurs chapeaux

 

De la gare centrale

Au Lido

Et de la Dogana

A l’arsenal

Le grand canal gris

Avait noué

Sa cravate de deuil

Sous le ciel

En dentelle des balcons

...

Et noir anthracite

(comme chez Faber &

Faber la toile

Du recueil des Cantos)

Glissait

Sur l’onde glabre

Le cercueil de Loomis

Le poète

Dont le chant sera l’os

A moelle

Des poèmes modernes

 

Parmi le clapotis de l’eau

Contre la pierre

Du ciel

Et des palais aux volets

Clos

Sur les fêtes d’hier

Et la musique de Vivaldi

...

Pas de pleureuses prises

Dans la plèbe

Se griffant le visage

Et les cheveux en bataille

Ni de tocsins

Aux lentes volées

De corbeaux sur la ville

 

Pour le cadavre du barde

Américain

A la crinière de lion battu

Et de Pégase

En plein vol banni

Pour ses erreurs fascistes

A Rome et lu

Comme on reste stupéfait

Par un feu

D’artifice de génie encore

Jamais vu

 

Ainsi s’en allait-il presque

Anonyme

Le géant hirsute

Ainsi s’en allait-il presque

Seul

Et l’eau derrière lui

Refermait

Son manteau 

Sur le crime

De ses chroniques

Et le mensonge de sa folie

Ainsi allait-il pestiféré mais

Poète avant tout

Vers où

La faute n’aurait une place

Qu’en second

 

fragments du poème publié chez l'Âge d'Homme en 2006

 

 

01/10/2017

l'oeil & la plume... Le cœur de tous

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texte de ferruccio brugnaro                                                                                                       photocollage  jlmi 2011
 
 

Le réfectoire est plein de jeunes gens à présent.

Il est environ trois heures du matin.

Chacun ouvre son sac, taciturne.

L’âme brûle avec peine, se garde

de ce qui l’entoure, pâle dans l’essoufflement

de la terre poursuivie par le vent.

Le cœur de nous tous

à présent n’est plus qu’un.

Une est la peine, la violence.

Une la vision angoissante qui nous immobilise

et nous abandonne sur le bord

de toute généreuse résistance, de tout mirage.

 

In « Ils veulent nous enterrer » / Editinter / trad Béatrice Gaudy

28/09/2017

l'oeil & la plume... ma mort

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texte de robert berold  courtesy la biennale des poètes                                                                     collage  jlmi  2013
 

 

Je veux mourir dans mon lit ou sur une chaise –

tel un vieux tacot dont les essieux le moteur la boîte de vitesses

tout s’arrête de marcher en même temps ;

 

arrêter de manger tout à fait comme mon chien Max –

dire au revoir aux amis et aux ennemis

boire à peine un peu d’eau pour être à l’aise.

 

Ceci est mon testament signé devant témoins,

oublier le cercueil, prendre une planche

me mettre en terre et y planter un micocoulier.

 

Je veux avant toute chose être éveillé –

que mon feu soit réduit complètement en cendres,

et s’il y a quelque part où aller, j’y serai.