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17/09/2017

l'oeil & la plume... un livre de Kafka à la main

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texte de denise desautels                                                                                                  photocollage  jlmi  2009
 

Premiers feuillets…

 

1   

Mon cri traverse l’ombre ; et le désordre

atteint la surface où quelqu’un pose 

l’oreille, indiscrètement entend le 

soulèvement de la vague : fragments de 

gestes, de rumeurs, et ma voie enfouie, 

affolée, sous les ruines. Après, je ne sais 

pas. Ne sais rien. J’imagine une histoire 

archéologique qui retrace le désir détourné, 

épuisé ; qui en provoque l’éclat. Il y aurait 

des larmes qu’on y gagnerait en 

intensité et en vertige. 

On y évoquerait la passion comme 

une excuse normale.

2

Un livre de Kafka à la main, je me jette 

dans la confusion, la répétition, 

l’évidence ; je piétine d’effroi et agite 

mon regard circulaire parce que je ne 

peux faire autrement, 

au risque de passer pour folle. 

3

Avant, je croyais aux variations infinies du 

corps, de la langue et du paysage. J’affirmais : 

une femme sans qualité ; une étrangère, 

sans enfance ni blessure. je croyais à 

l’érosion de la plainte et à ses métamorphoses ; 

je ne croyais pas à l’enfouissement des 

désastres ni à leur rejaillissement 

excessif, inopportun. 

Je ne croyais pas à l’esquive mais à l’oubli. 

4

J’interprétais mes élancements et mes 

obsessions comme un jeu d’enfant, une 

facilité naturelle à émouvoir ou à 

contaminer, une insistance qui me comblait. 

Un jeu de miroirs et de pièges, car 

j’imaginais que l’étrange séduction de 

l’étouffement s’estompait peu à peu. 

Je ne fais qu’évoquer le malentendu, et 

déjà tu pleures.

16/09/2017

l'oeil & la plume... seul dans son coin

Zacks Linda Depression1 (2).jpg

toile de Linda Zacks
 
 
 

Trois versions de la même image

 

Cathy Garcia

Seul, seul dans le bleu ambulance des nuits abimées, seul sur le versant négatif de la réalité, seul et abandonné face à la neige des anciennes télés, seul le petit garçon reclus dans un coin de la mémoire, seul et tranquille, tranquille pour rêver, pour dessiner le cosmos sur sa paume, une paume d'Adam, celui qui n'avait pas maman, seulement un Père qui était aux cieux avant de devenir odieux... à moins que ce ne soit l'inverse...

 

Isabelle le Gouic

Seul... Il voulait oublier. Ne voulait plus penser. Il ne voulait plus voir. Ne voulait que la nuit. Que la nuit. Que la nuit écouter. Ne plus réfléchir. Ne voulait plus penser. Il ne voulait plus voir. Ne voulait plus voir. Seul. Il voulait oublier. Ne voulait que la nuit. Noire. Noire. Ne plus penser. Ne plus réfléchir.
Seul. Seul. Ouvrit les yeux. Juste un instant. Juste assez pour que le bleu de la réalité lui saute au visage. Bleu, bleu comme celui du miroir où toute son histoire réféchissait.

 

jlmi

J’aime bien les nuits étoilées. C’est très beau... et ça coûte rien. Suffit d’ouvrir les yeux. Alors je suis là, assis à deux pas de la cabane où dorment mes parents et mes six frères et sœurs. On a toujours été là. Faut dire que c’est pratique pour travailler le matin. On est sur place. On perd pas de temps avant que les premiers camions arrivent on a déjà commencé à trier. Après, avec mes copains, on colle aux culs des bennes à la recherche des plus belles trouvailles, peut-être du trésor qui….
Mais là, oui, je suis assis, sur mon tas d’immondices dans une de vos décharges ‘’à ciel ouvert’’ et je regarde les étoiles… et je rêve…

 

 

15/09/2017

l’œil & la plume... nulle main, nul regard

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texte de ferruccio brugnaro                                                                                                         collage de jlmi  2011

 

 

Nulle main, nul regard

camarades, nul souvenir.

Il n'y a que le silence

        rayé par le poison

        qui sort des cheminées. 

Il n'y a que des visages 

dilatés par l'attente, l'inquiétude. 

Mais comment se peut-il que personne ne s'aperçoive de notre existence, ne pense 

         jamais à nous ? 

Que personne ne veuille nous regarder 

        nous entendre dans notre réalité intérieure ? 

Nous ne réussirons jamais à le croire. 

        Nous ne pourrons jamais 

nous convaincre que nous sommes complètement seuls.