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29/11/2017

l'oeil & la plume... dans le crâne d’un bateau

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texte de fanny sheper                                                                                      alice4 collage jlmi 2013

 

Dans le crâne d’un bateau fané

Je goute la fraicheur d’une bouche spectrale et parfumée.

Tout à l’heure, j’ai croisé un chien errant qui léchait le sol de l’été

Il m’a fait penser à moi, quand je léchai le sol où tu étais.

Je me suis réveillée dans l’autobus avec un lapin blanc sur l’épaule,

Les voyageurs avec leur front dressés regardaient les collines de tapis défiler.

J’ai marché bien longtemps au milieu d’une foule hideuse qui ne sourit plus,

J’ai même couché dans les hôtels où couche la foule hideuse qui ne sourit plus,

J’ai regardé sous leurs lits, il y a avait leurs draps stupides

Et leurs filles arrogantes et confortables.

Je me suis rendormie dans un train

J’étais gardée par des grenouilles qui ne comprenaient rien

Exprès pour leur échapper

Je rêvais de ton cou nu et bleuté

Et dans mon rêve, je me disais :

« Peut être que le sourire du papillon

Me sauvera de la morsure de cette maudite quenouille »

« Mais que peut bien faire un papillon contre une sorcière ? »

Me répondirent les grenouilles qui comprenaient tout.

Comme à chaque fois, Je me réveille au même endroit

Dans le crâne vide d’un bateau fataliste

Qui répète inlassablement avec sa vielle voix ferreuse :

« Tu ne fus pas bien aimée, tu ne fus pas bien aimée, tu ne fus pas bien aimée. »

 

27/11/2017

l'oeil & la plume... trou de mémoire

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texte de isabelle le gouic                                                                                             ill.  ''série noire IV'' jlmi  2005

 

J'ai un blanc fait de noir, un tout blanc, un néant, un trou noir. J'ai un blanc fait de noir sans raison, sans savoir. J'ai un blanc tout béant, déraison dérisoire. J'ai un blanc fait de noir, aube claire faite de soir. Je vois blanc, je veux croire, je vois noir quand tout foire. J'ai un blanc fait de noir, trou de mémoire à mon histoire, sans raison, sans savoir, un trou blanc, un trou noir. Ca dépend du vent, ça dépend d'avant, ça dépend des soirs, tout ça reste à voir. J'ai un blanc fait de noir quand je bois mes déboires, pas de p'tit blanc qui aigrit, mais un p'tit noir pour y voir ma mémoire dans le marc. C'est troublant ce trou blanc, c'est troublant ce trou noir. J'ai un blanc fait de noir, sans raison, sans savoir. C'est glissant comme le blanc d'une patinoire, comme le savon blanc dans la baignoire. Sans raison, sans savoir, je suis un été blanc sous l'éteignoir. J'ai un blanc fait de noir. C'est accablant, c'est un cas blanc, c'est un cas noir. Sans faire semblant, j'ai le sang blanc, j'ai le sang noir quand papier blanc devient grimoire sous l'encre noire criblant le blanc.

 

... J'ai un blanc fait de noir, un tout blanc, un néant, un trou noir. J'ai un blanc tout béant, déraison dérisoire.

 

25/11/2017

l'oeil & la plume... le Maître

Hokusai - daruma grd.jpg

texte de werner lambersy                                              encre de Hokusai   '' Daruma''

 

1.

 

Il voulait voir le maître.

Aussitôt reçu, il  demanda : qu’est-ce que Dieu ?

D’un doigt sur le bouton électrique, le maître plongea la pièce dans l’obscurité.

Le jeune homme reprit : il faut donc y renoncer ? 

Le maître d’un geste identique ralluma ; ses yeux souriaient  avec bonté.

 

2.

 

Maître, qu’est-ce que la mort ?

Quoi ? Dit le maître.

Et le jeune homme répéta : qu’est-ce que la mort ?

Quoi ?

Maître, qu’est-ce que la mort ?

Quoi ?

Et le jeune homme se leva tandis que le maître prenait sa canne pour sortir.

 

3.

 

Maître, qu’est-ce que la pensée ?

D’une main vive le maître attrapa une mouche qui passait par là.

Maître, dit le jeune homme déçu : mais ce n’est qu’une mouche !

Le maître ouvrit la main pour qu’elle s’envole à l’air libre où tout peut arriver.

 

4.

 

Une jeune et jolie femme se plaça devant le maître

Maître, qu’est-ce que l’amour ?

Le maître ouvrit la bouche, comme pour répondre, puis il poussa un cri terrible et se

tint silencieux en riant doucement.

La jeune femme, trouvant sans doute la réponse satisfaisante, sourit à son tour et

se leva sans un mot.

 

versets 1 à 4 de ‘’on ne peut pas dépenser des centimes’’     inédit de werner lambersy

plus de versets ici  

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