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09/11/2017

l'oeil & la plume... je ne suis plus qu'une trace

Nathalie Rheims 03sep.jpg
texte de nathalie rheims                                                                                    ill.  jlmi 2017


Je ne suis plus qu’une trace sur papier glacé

d’une lumière aujourd’hui éteinte

fragment d’un temps suspendu

empreinte de sels argentiques

je retiens, figée dans mon silence

ces instants de ma vie

qui n’ont surgi

que pour s’inscrire dans ton regard

y retrouver ton désir

dès lors, que je ne suis plus que là,

présence et absence sur ce que le temps jaunit

que l’oubli efface

ainsi je disparaîtrai de tes souvenirs.

 

 

In Lettre d’une amoureuse morte / Flammarion  2000

08/11/2017

l'oeil & la plume... poème d'amour, mon cul !

amourmoncul03.jpg
texte de cathy garcia                                                                                                                   collage  jlmi  2014

 

 

Comme des gifles au cœur

Des portes qui claquent

Des rongeurs qui rongent

Des vitres qui éclatent

Comme des marteaux

Des scies, des tourneviscères

Comme un grand cube de béton

Logé dans le plexus

Comme une pièce de boulevard raté

Un dialogue de dingues sans folie

Une horloge montée à l’envers

Qui vomit ses aiguilles

Une crotte sur un camembert

Une polka de culbutos sans musique

Une tristesse à crépir le ciel

Un vide, un bide

Une placo-comédie

Un kleenex plein de morve

Un poème d’amour, mon cul !

 

extrait de Le baume et le pire (inédit)     

 

05/11/2017

l'oeil & la plume... les pâquerettes des bords de routes

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texte de fanny sheper                                                                                                             photo de jlmi  2012
 

 

Qu’est ce qu’on n’a pas fait comme cochonneries tous les deux

On pouvait pas s’empêcher

Dans les hautes herbes perdues dans les branches

Contre un mur accroché aux antennes

Au pied d’une poubelle la tête dans  les bijoux

Sur un banc gribouillé tout en haut des néons

 

On s’est rependus un peu partout

On se promenait dans les villes

Les mains sales de délices et  les yeux juteux

On s’enveloppait tout le temps comme des nuages

 

Ton jean en tire bouchon et ma culotte au plafond

C’était rigolo

Dans un lit qui grimpe aux rideaux décoiffés

Contre un pylône les orteils dans les fils électrifiés

Dans un vieux sofa rouge et profond comme la mort des amants

Sur un plancher penché les cheveux mouillés

Dans le sable les doigts salés

 

On l’a fait mille fois partout

Comme des obsédés qui vont trépasser

On s’est écarquillés, on s’est entremêlés

Comme les derniers dingues d’une dynastie effondrée

 

On  l’a  fait

Cachés dans un zoo près des papillons

Dans les toilettes d’un bus bondé

A califourchon dans une forêt poilue

Sur un vieux lavabo qui boitait

Sur une peau de vache dans l’étincelle d’un crépitement

Contre un  matelas à poils dans les étoiles

Dans un parking glauque à en péter les vitres

Dans les pâquerettes et les plastiques des bords de routes

 

On l’a fait partout, tout le temps

Comme des damnés qui vont crever

Comme des gamins déglingués qui se font briller

On l’a fait partout et après on est rentrés chez nous

On s’est évaporés comme ça dans une buée