09/11/2017
l'oeil & la plume... je ne suis plus qu'une trace
texte de nathalie rheims ill. jlmi 2017
Je ne suis plus qu’une trace sur papier glacé
d’une lumière aujourd’hui éteinte
fragment d’un temps suspendu
empreinte de sels argentiques
je retiens, figée dans mon silence
ces instants de ma vie
qui n’ont surgi
que pour s’inscrire dans ton regard
y retrouver ton désir
dès lors, que je ne suis plus que là,
présence et absence sur ce que le temps jaunit
que l’oubli efface
ainsi je disparaîtrai de tes souvenirs.
In Lettre d’une amoureuse morte / Flammarion 2000
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08/11/2017
l'oeil & la plume... poème d'amour, mon cul !
Comme des gifles au cœur
Des portes qui claquent
Des rongeurs qui rongent
Des vitres qui éclatent
Comme des marteaux
Des scies, des tourneviscères
Comme un grand cube de béton
Logé dans le plexus
Comme une pièce de boulevard raté
Un dialogue de dingues sans folie
Une horloge montée à l’envers
Qui vomit ses aiguilles
Une crotte sur un camembert
Une polka de culbutos sans musique
Une tristesse à crépir le ciel
Un vide, un bide
Une placo-comédie
Un kleenex plein de morve
Un poème d’amour, mon cul !
extrait de Le baume et le pire (inédit)
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05/11/2017
l'oeil & la plume... les pâquerettes des bords de routes
Qu’est ce qu’on n’a pas fait comme cochonneries tous les deux
On pouvait pas s’empêcher
Dans les hautes herbes perdues dans les branches
Contre un mur accroché aux antennes
Au pied d’une poubelle la tête dans les bijoux
Sur un banc gribouillé tout en haut des néons
On s’est rependus un peu partout
On se promenait dans les villes
Les mains sales de délices et les yeux juteux
On s’enveloppait tout le temps comme des nuages
Ton jean en tire bouchon et ma culotte au plafond
C’était rigolo
Dans un lit qui grimpe aux rideaux décoiffés
Contre un pylône les orteils dans les fils électrifiés
Dans un vieux sofa rouge et profond comme la mort des amants
Sur un plancher penché les cheveux mouillés
Dans le sable les doigts salés
On l’a fait mille fois partout
Comme des obsédés qui vont trépasser
On s’est écarquillés, on s’est entremêlés
Comme les derniers dingues d’une dynastie effondrée
On l’a fait
Cachés dans un zoo près des papillons
Dans les toilettes d’un bus bondé
A califourchon dans une forêt poilue
Sur un vieux lavabo qui boitait
Sur une peau de vache dans l’étincelle d’un crépitement
Contre un matelas à poils dans les étoiles
Dans un parking glauque à en péter les vitres
Dans les pâquerettes et les plastiques des bords de routes
On l’a fait partout, tout le temps
Comme des damnés qui vont crever
Comme des gamins déglingués qui se font briller
On l’a fait partout et après on est rentrés chez nous
On s’est évaporés comme ça dans une buée
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