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24/01/2018

l'oeil & la plume... le p'tit Cardo

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texte de ronelda kamfer  courtesy la biennale des poètes                                                                 collage jlmi  2013
 

Pour Alfonso Cloete & Velencia Farmer

 

Ils ont dit que c’était l’homme blanc que je devais craindre

Mais ici ce sont les miens qui commettent les massacres

Tupac Amaru Shakur

 

Lorsque Cardo est né

personne ne l’attendait

sa mère avait seize ans

son père était l’Animateur de Quartier de l’Année

sa grand-mère était caissière et son grand-père, enfin, le mari de sa grand-mère, buvait pour oublier la douleur

 

Cardo était un beau p’tit gars

à la peau brune et aux yeux clairs

 assez beau pour parler anglais

il aimait jouer dans la rue

aux trois bâtons et à la chandelle

Pour Tantie Gawa dans sa camionnette

Cardo était un petit ange tombé du ciel

 

La veille de son premier jour

à la grande école

les School Boys ont lancé des pétards dans la rue

Cardo est allé voir à la fenêtre

la balle s’est fichée dans sa gorge

sa mère n’a pas pleuré

quant aux politiciens ils ont planté un arbre

que le vent d’est a emporté

et jeté là où gisent

tous les autres rêves du Cap –

 

dans les marécages des Capes Flats

 

22/01/2018

l'oeil & la plume... inutile

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texte de vincent                                                                                                                         collage  jlmi  2013
 

Tous les jours dans le miroir, affronter

        ma gueule cassée, le reflet

de mes échecs,

        celle que j’aimais a eu

raison de me quitter,

        toutes ces années, je n’ai

eu aucun avenir

        DEPUIS TOUTES CES ANNÉES

JE N’AI

        aucun avenir, je n’avais à offrir

que la diaphane promesse de l’aimer encore

        quand les années auraient étranglé

sa sublime beauté, mais lesquelles oseraient

encore

        croire aux promesses ? celles

                qui brisent leurs serments ?

                celles qui mentent ?

                celles que tous on trahis ?

Quoique je sois, loin de moi, Pretty Face me calomnie,

moi je me hais de près pour mes émois

je rêve parfois d’ouvrir ma peau

pour jeter mes entrailles brûlantes aux

chiens errants, m’asseoir et les regarder

                me dévorer, lorsque je lève

mes paupières grises la douleur sourit tandis

qu’en chantonnant doucement, l’existence

plante ses crocs autour de mon cœur, je sais qu’elle ne lâchera

 pas sa proie avant

        le dernier battement,  tant pis si

l’Amour ce soir me paraît inutile

je sais que demain j’ouvrirai les yeux en manque de

        quelque chose au goût de flammes

 

21/01/2018

l'oeil & la plume... Psychorama holographique IV

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texte & photocollage de jlmi

 

 

i.m.  PG                

 

L’univers, jamais terminé jamais commencé

Réponse : au commencement il n’y avait pas de temps !

Question : au commencement le temps était déjà là ?

Le rêve lucide d’une dissolution poudreuse dans l’atmosphère

Réponse : disposer de soi

Question : le privilège de l’homme ?

La peur de perdre la main face à la mort

L’absence à soi-même ; comment donner un sens à cette inévitable issue ?

Les états latents d’un espoir inespéré

Le lent effondrement du désir de la lutte dans le vieillissement du corps

L’acceptation de la vieillesse naissante dans l’attente de l’incontournable labyrinthe de la déchéance physique

Le long sillage des débris de la vie

Le vieillard en costume de cotonnade noir au pied du lit-cauchemar

Le cri coincé à l’intérieur du corps

Le peu de vie encore égarée là tout au creux à vider au plus vite, pour que tout ça finisse

L’assombrissement de la lumière

Le temps suspendu juste, tout juste avant l’incontournable

Le moment précis de la surprise du bout de la course

Le dernier saut dans l’éboulis avant la défaite et l’oubli

Réponse : la mort

Question : seule à la portée de tous ?

L’immense procession des passés par la vie sous les lampadaires à luminescence de la rue Aux-Yeux-Morts

Le grand camp des allongés et son jardin de stèles et de croix

La situation universelle de nos chers disparus

La tristesse sanglotée dans la boule d’un mouchoir

La floculation des molécules-soupirs

Les sables du passé sur le seuil du deuil

Réponse : l’inexorable !

Question : l’absence, quelle signification ?

L’enclos des murmures de la mémoire du futur

Le manteau de plumes et de plomb de la nostalgie

L’érosion inéluctable de tout sentiment, de tout désir

La faveur tremblotante des mirages

Les océans seuls…, par hasard dans l’éclatement

L’algorithme souple du balancement des algues au rythme lent des vagues

Les coulées lunaires de lumière fade

Le mouvement des ombres définitives

La fornication des mousses et des lichens aux écorces moisies

Le bain de minuit du soleil noir et d’une nuit blanche

L’être lecteur de l’illisible dans les plis de la lune en reflets d’océan

La liturgie léthargique des masques blancs poudrés du nô

 

La face cachée de l’ombre du chant de l’Univers

 

 

Les psychoramas holographiques I à VI

sont publiés ce mois-ci dans la revue

Nouveaux Délits n°59