Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/01/2018

l'oeil & la plume... à la loupe tout est rituel (extrait 2)

suze04b.jpg
texte de cathy garcia                                                                                                                       collage  jlmi  2013
 
 

La chaleur a un parfum et les cigales sont hypnotiques. Le tant, le trop, la liste qui se déroule, infinie, soudain s’évapore et je me mets à désirer des choses uniques... Un apéritif légèrement amer, qui me ferait croire au luxe, avec quelques olives ou des petites choses à la saveur méditerranéenne.

Les cigales ont gagné, m’ont plongée dans un sommeil à angle droit, où les mouches, les fourmis et autres chatouilleurs me faisaient danser la Saint Guy. Réveil, proposition, évocation… Parasol et Suze méditerranée, se sont matérialisés en sirop de citron et bruit de verre brisé. J’offre mes jambes et la plante de mes pieds aux ultra-violets. L’été est là, dépouillé de tout artifice, y compris celui de l’amertume apéritive.

L’été est là, nous passons trois hivers à l’attendre et quand il est là, nous sommes bien en peine de savoir quoi en faire. Alors remontent, sournois, des souvenirs adolescents, lorsque l’été avait non seulement un sens, mais surtout un but. Le décuplement du vivre ! L’eden d’une piscine, d’une discomobile  ou d’une fête foraine, quelques glaces, quelques cacahuètes, des dents blanches, des peaux de princes hâlés, des musiques dansantes, des slips mouillés, le désir comme un fruit trop mûr, trop sucré. Le désir qui tâche et l’importance essentielle des choses futiles dont rien ni personne ne pouvaient nous détourner.

 

26/01/2018

l'oeil & la plume... à la loupe tout est rituel (extrait 1)

galaxie02b.jpg
texte de cathy garcia  v°2018                                                                                                 collage  jlmi  2013

 

 

Il nous faut changer de cap, lâcher du lest, faire face aux vraies peurs masquées par les fausses, les peurs conformes, les peurs induites, celles qu’il est bon d’avoir même si on ne les a pas. Il nous faut embarquer vers l’inconnu, sans rives, sans repère. Ne rien projeter, ne rien regretter, s’ouvrir à l’espace infini de l’instant, desserrer les vis, libérer, par le souffle paisible, nos viscères, admettre que l’on ne sait rien de l’amour.

 

Je frotte mes ailes de cigale, ventre contre terre, fesses solaires. J’ai tellement retourné les mots en tous sens, goûté leurs chairs, sucé leurs os, il y en a peu finalement qui apaisent ma faim. Je cherche l’au-delà des mots, la sensation pure, violente parfois, une pénétration totale par un sans-nom à quoi on a donné tant de noms en vain. Un vide en moi, immense, qui provoque un appel d’air. Y tournoient le cosmos et toutes ses galaxies, je suis absolument et invraisemblablement creuse à l’intérieur.

 

Les mots fuient de toutes parts, explosent, se dispersent, se reforment. Un creuset d’énergie où je disparais, ne faisant plus qu’un avec ce vertige de l’indicible. Alors, décider ? Mais décider de quoi ? Je m’ouvre et ne peux rien décider. Seulement accueillir.

 

25/01/2018

l'oeil & la plume... nous n'avons pas fêté ton anniversaire

130918 mulm02.jpg
texte de murièle modély                                                                                                     photomontage  jlmi  2013
 
 

nous n'avons pas fêté ton anniversaire
j'avais pourtant mis du champagne au frais
nous avons mangé petit, nous avons parlé léger
nous avons ri un peu, moi d'un côté, toi de l'autre
chacun devant la table, à couper dans l'assiette
la soirée tranquille en tranches
sans autre fioritures
pas de caresses
pas d'embrassades
le quotidien lové dans nos chaussures
et pourtant demain quand tu te lèveras
tu penseras : "tiens,
hier j'ai passé un cap,
et elle est toujours
là"

*

ce que j'aime, vois tu,
c'est cet affaissement
mon sein, ton ventre
nos chairs qui ramollissent
qui se mêlent au lit
comme cire fondue

*

je nous vois
sacs d'os lourds
côte à côte maillant
les boucles du passé
(faut bien tuer le temps)
je nous vois
sourds et vieux
taillant le bout de gras
sur nos gencives nues

*

nous n'avons pas fêté
nous ne sommes pas hier
demain n'a pas de sens
le temps file à travers
nous sommes toujours