06/05/2018
l'oeil & la plume... le soleil est nu...
texte & illustration jean-louis millet
Dans la torpeur torride de torrentielles tropiques
la Dame Aveugle à la peau d’éponge
exclue des esclandres exclamatoires
invente des lueurs pour éclairer mes ténèbres.
Cathédrale barbare ceinte d’ombre,
Aruspice de mes délices,
Dame Noire de mes plus fous espoirs
Dame Blanche de toutes mes avalanches
ou Dame Rouge de tout ce qui me bouge,
elle m’empêche de dormir dans mes pâles évidences
sous les arbres glabres aux bruits de sanglots.
Elle souligne la mer de la nuit rose d’un horizon très proche
et déploie mes ailes d’oiseau ivre.
Sur un tapis de gazon bleu
sous une lune couleur de sang
la tristesse d’eau d’un chœur d’enclumes
m’envole au-dessus du vent clairvoyant.
Me voici tout soudain parti tra la li
saupoudrer de terre avinée
les seins dansants des Femmes Arc en Ciel
gorgés des froideurs du soleil de minuit
sous une pluie à ne pas jouer dehors.
Elles sont là fuégiennes fugaces parées de fuchsine
comme henné face à leurs amants, futiles et délirants tatoueurs
aux doigts de fuchsia aiguille...
Tout aussi soudain me voici revenu tra la li lu
Alors la Dame Aveugle à la peau d’éponge
m’échoue loin, très loin,
loin des chambres inabstraitables de passé obscur,
loin des eaux cendre d’un tendre bois consumé
là où tout finit par dispar-être.
Le soleil est nu ; la lune aussi.
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15/04/2018
l'oeil & la plume... dans l'espoir de l'image...
… dans les transparences lumineuses d’un début de flaque,
elles étaient là,
dressées,
inaccessibles,
tel le silencieux vacarme d’une averse lente,
engourdies dans l’interminable des mots.
Elles étaient là,
calligraphiées par les gouttes de pluie
à la surface de ces multitudes illusoires,
décalages transparents de lointains crépusculaires,
méditations fragmentaires des écroulements onctueux d’après l’avenir. Puis…
Luxuriance pitoyable et soigneuse de la monotonie,
froide compassion aux coins d’ombre matelassés.
Un plein sac de silence à prise rapide
répandu sur des morceaux de paroles et de rêves
gorgés de ténèbres depuis presque toujours. Puis…
Dans l’épaisseur du moment
passer par l’entaille de la lenteur
entrer dans l’espace noir
vaguer de songes de sel en vertiges quantiques
chaleur de pierre aux creux des mains
traverser l’instant de nulle part,
par toutes les horloges parcellaires de nos temps incertains,
s’insecter au gluant de l’écran géant de la vie
corps rongé à l’acide des jours,
dire ces mots qui restent dans la bouche
en un cri écroui comme clou tordu . Puis…
Se laver les mains dans un nuage
pendu à la peau sale du ciel
dans l’espoir de l’image…
version texte 2014
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14/04/2018
l'oeil & la plume... étrange cimetière à Jamaïca ( fragment )
La nuit commence à tomber
Je ne suis pas inquiet
La pluie approche
Plus près
--- Des trous partout ---
Une vielle tombe mystérieuse
retournée par des voleurs peut-être, pour
prendre à Madame O’Merde le coûteux
Clip en Porcelaine de cravate en dentelle
sous sa verte moue de dédain --- ou pour
des pièces d’or, comme des Pirates,
ils ont agité des lanternes & tué des
Indiens & se sont soûlés dans de vieux
Corbillards roues fines Agence des
Chemins de Fer Express & vides à
l’intérieur ---
Oh bon, je ne sais pas de quoi
je parle parce qu’il n’y a
rien à dire à propos du Néant
--- C’est pourquoi je suis assis
dans un cimetière et joute avec
les gens sous terre pour voir
qui peut être le plus tranquille
& détaché & équanime,
voilà pourquoi --- Alors soiffards, &
buveurs de bière du samedi après-midi,
vous pouvez crever près du vieux crachoir
--- Quand ce réservoir explosera dans
l’Apocalypse des démolisseurs de Monde
appointés Oppenheimer, vous n’aurez plus
besoin de cimetière
--- & peut-être que tout simplement
je crois à la mort
& m’en tiens à Whitman
le vieil Amoureux à Barbe Blanche
de Long Island
mais je ne vise pas à faire
ses vœux passionnés & ses excentricités gauloises ---
J’ai ma propre
Castration
A désavouer
et la sienne à Vouer ---
Ou quelque chose comme ça,
Je m’en fiche complètement
Plus de poèmes du pauvre Jack
Qui a disparu juste à temps
Avant que la forme ne puisse le réclamer
Et transformer son essence en désastre
L’Essence produira
Sa tranquillité
Les morts sont tout aussi contents
Que moi
C’est mon Samadhi du Cimetière
Septembre Cinquante Qatre
Ordre du Monde pfft
Fini ---
Il n’y a rien que je veuille
Si ce n’est rien
in Dharma Livre III
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