01/06/2018
l'eoil & la plume... elle dit que tu souffres...
elle dit que tu souffres du syndrome des jambes sans repos
elle te donne des crèmes, elle te prescrit des cachets
tu pommades, tu avales, et tu te demandes
quelle substance apaisera l'impatience du galop sous ton crâne
quel remède sera suffisamment puissant pour calmer l'emballement fou de tes phrases
bien sûr, à elle, tu ne demandes rien
maintenir la peur en équilibre est dans ce contrat : elle doit agiter sa science devant ton nez
juste à la bonne distance, le mystère en passe d'être révélé
puis pfff envolé, au coin d'une rue
une rue que tu aperçois un soir en rêve
dont le nom t'échappe
la réponse s'y cache, le passage est étroit, il fait nuit noire
alors en attendant que te revienne en mémoire le mot
ou que tout s'échappe pour de bon dans un sommeil profond
la langue court après son sens dans le pas à venir
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31/05/2018
l'oeil & la plume... à la tienne ! mon vieux
On n’en finit pas de blesser
ses doigts sur les arêtes acérées du stylo.
On sue en s’arrachant de son crâne des
caillasses de gros sentiments, des rochers
de lieux communs. Puis doucement la lime
fignole les mots, les phrases ; on a secoué
le tamis pour récupérer des poussières
d’instants. On est joyeux, le voilà enfin ce
maudit texte de mes deux, peaufiner,
bichonner, c’est le plus beau...Y a pas à
dire... On y a mis quoi, là dedans, Un
fouillis de soi ; des restes de bonheur ; des
souvenirs de poivrots ; des ballades avec
des ombres qui, parfois, nous tiennent la
main ; les bizarreries du monde que l’on a
cru bouffer, un jour, il y a longtemps. On
s’en remet jamais de cette naissance si
hasardeuse, si intelligente puisque la vie
nous pousse elle-même vers la FIN. On
s’arrange en attendant, avec les
embrouilles et les joies que l’on se
fabrique, avec d’autres qui savent sourire,
qui savent accueillir plus barjots qu’eux
mêmes. La curiosité n’est pas un vilain
défaut.
L’étonnement de l’écrit ;
toujours prêt à embarquer sur le rafiot de
la révolte et nous dans nos petits canoës
indiens pour élargir le sillage, on tachera
de pas jeter l’ancre trop tôt.
Ici, au dehors, les oiseaux
piaillent, un vrai capharnaüm à piafs, ils
nous préparent des nichées d’oisillons
grelottants, affamés des rêves d’Icare.
Les chats regardent tout ça d’un
drôle d’oeil. C’est la vie...
00:49 Publié dans l'oeil & la plume | Lien permanent | Commentaires (0)
28/05/2018
l'oeil & la plume... l'Île
Tu as beau peindre ta bouche, tes yeux, tes lèvres
un jour, ça ne tient plus
sous les piétinements, le vacarme dans la rue
tu entends
le mouvement des plaques et les fissures
les raz-de-marée, les déchirures
dans le miroir de poche que tu sors de ton sac
tu vois sous ton cou brun
la terre gronder, la peau se fendre
le bourrelet de chair poindre entre tes deux seins
cela fait des années que tu retiens au fond
les morts, les vivants
Et là
au milieu de la rue
fardée et maquillée
petite outre trop pleine
tu regardes
dans l’éclatement du derme
l’île
/
Tu as
quarante ans
un mari
deux enfants
une gentille famille
sur la ride profonde
qui enfonce sa fourche
dans ta poitrine nue
celle de ta mère
celle de ta grand-mère
penchées sur ton épaule
tu ne sais pas pourquoi
tu remplis leur assiette de riz
ton mari, tes enfants
baignent dans l’odeur d’ail
ils débordent ta peau
tu ne sais pas pourquoi
tu dessines des îles
du doigt
dans un verre d’eau
ta mère, ta grand-mère
sur la pointe des flots
/
Dans le reflet
les auréoles
les ridules
les fentes
transpercent
te percent
à jour
à vif
à temps
tu te grattes jusqu’au sang
l’océan te démange
ta peau est un volcan
tu crépites, vomis
tes morts, tes vivants
/
A l’horizon
les enfants flottent
leur ballet de méduses
leurs cheveux emmêlés
sur l’os de l’asphalte
Dans le miroir le cœur
les premières secousses
ton enfance qui meurt
sur le dos de ta main
Sur ta peau
hier
demain
presque rien
(2012)
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