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19/09/2018

l'oeil & la plume... requiem pour Bob Marley

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texte de nancy morejón                                                                                                              collage  jlmi  2014

 

Parce que tu as été un magicien de la vie.

Parce que tu as laissé à la Jamaïque une renommée
et une cage pleine d’oiseaux.

Parce que tu as offert ta guitare à un aveugle
et que tu as pleuré hier pour les esclaves.

Parce que tu as guidé les sources dans les montagnes
et que leurs rêves ont abouti dans tes matins.

Parce que tu as donné ton cœur de tambour.

Parce que tu as suivi l’Etoile noire de Marcus Garvey
malgré la fantaisie, malgré le naufrage final.

Parce que tu as réussi à être le Midas de l’amour.

Parce que tu as aimé ton île et ses gens pauvres.
Des gens qui portent leurs plaintes dans la tête.
No woman no cry, sourires tristes pour les touristes
Et un Reggae qui explose pour le magicien de la vie.

 

Inédit, traduit de l’espagnol par G. Vachon et M. F. Allamand

Courtesy http://www.biennaledespoetes.fr/2014/02/poetes-des-caraib...

 

17/09/2018

l'oeil & la plume... dans ta gueule

Cathy Garcia  le Gardien  2016.jpg
texte et illustration cathy garcia

 

 

On parle beaucoup de poésie mais on n’aime pas les poètes, je parle des vrais, des malades. C’est comme un abcès, qui met longtemps à mûrir, c’est énorme, c’est sale, et le jour où il se perce, ça gicle partout…. Écriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiire, écriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiire…. Dans ta gueule ! Ta puante et hypocrite gueule de normalité. Relookée, rasée de près, taillée au carré, préenregistrée, désensibilisée, bien adaptée, bonne suceuse. Ta gueule de pelouse, de pub, de marque, de marketing, de tuning, de timing, de fucking néant. Ta gueule en série des quatre saisons, ta gueule smartphone, ta gueule aphone, aveugle, ta gueule en plis, ta gueule en pack, ta gueule en fion dégoulinant de crème. Je ne peux plus la voir ta gueule, multipliée par les allées de caddies, ta gueule parking, ta gueule d’attraction, ta gueule en costard !

Ta gueule en faux-derche, ta gueule positive, ta gueule opportuniste, ta gueule arriviste, ta gueule suppositoire, elle leur fait mal au cul aux poètes. Le cul, ça ne lâche pas des volées de moineaux non, ça évacue la merde c’est tout. Ça n’existe pas un cul poète, pas plus que les poètes d’ailleurs, c’est une excuse, une salle d’attente. Il y a juste ceux qui peuvent et ceux qui ne peuvent pas, pour ceux qui ne peuvent pas, la poésie c’est la bouée, le parapet où se retenir pour ne pas chuter dans le vide, c’est le mouchoir où cracher de délicats grumeaux tachés d’un sang qui ne s’enlève pas au lavage. C’est bon pour les électrochocs les vrais poètes, ceux qui se cachent sous la poésie, qui se terrent dans la poésie avant de se taire pour de bon. Se taire parce que quoi dire ? Cette chair de l’âme à vif, invisible, mais tellement à vif, ça fait un putain de mal, on ne peut pas imaginer à quel point ça fait mal, c’est le résultat d’un immonde entassement d’ordures. Le poète, le vrai, le malade, c’est un aimant à ordures, à saloperies, tout le monde peut en profiter, c’est la poubelle de l’humanité. A vif et plein à craquer de tes merdes, de tes bassesses, de tes mensonges, de ton paraître, de tes lâchetés, de tes kilos de masques et de prétentions, de tes peurs niées, de ta méchanceté, de tes manigances, humain, sale con ! Comme s’il n’était pas déjà assez lourd de ses propres ordures le con poète ! Mais il est tellement creux, le poète, le vrai, le malade, tellement creusé, raviné, et les années passent et toujours plus d’ordures. Le poète c’est un humain raté. Pollué de sensiblerie. Pas bon pour la course. Bon pour la casse. Drôle à casser. Un jeu de fête foraine, on peut lui tirer dessus, lui cogner dessus, le faire tourner vite, de plus en vite et puis le lâcher comme un ballon, souffler dedans jusqu’à ce qu’il pète, lui balancer des fléchettes. On peut lui vomir dessus son trop-plein de pop-corn, de pommes collantes d’amour, de crânes tondus ou de barbus à papa. On peut lui vomir dessus ses restes de beuveries d’honnête travailleur. On peut le piétiner de toute la haine qui reflue du vase de décompression de la bienheureuse norme.

On peut tout faire avec un poète, et surtout rien, car qu’as-tu de commun toi avec cette pleureuse, ce parasite, cette fiotte ? Rien hein, absolument rien en commun ! Avec cet allochtone, il n’est de nulle part le poète, il est tombé de la lune, du plafond, il a surgi d’un tas de merde comme ça et il déclame. Mais pas tous. Ils ne déclament pas tous, au contraire, il y en a qui la ferment, qui la bouclent, qui la verrouillent, qui la recousent la plaie par où ils ont fauté… Ce sont les pires, les poètes silencieux, les poètes qui ont renoncé au crayon, à la plume au fion, qui parfois n’ont jamais écrit ne serait-ce qu’une ligne, ils dégagent vraiment de mauvaises ondes. Tellement ils sont bourrés à craquer de poésie, et ça sort pas, ça reste là dedans, à pourrir avec toutes les autres ordures, innombrables, qu’on leur a balancé depuis qu’ils sont nés. Ils s’acharnent à en faire quelque chose, à ne pas mourir étouffés, définitivement empoisonnés, ils recyclent, ils se racontent des histoires, des tas d’histoires, ils voudraient bien avoir eux aussi une gueule positive, une gueule de puissance, une gueule de caddie plein. Une gueule passe-partout, une gueule passeport pour la normalité, une gueule nombril du monde.

 

extrait de ©Ourse bipolaire

 

16/09/2018

l'oeil & la plume... B-Tribute

 ab04contraste.jpg
texte & collage  jlmi
 
 
 

i.m. alain bashung

 

 

la Mère Sup en a fait des heures sup

pour qu’ la Rouquine Carmel’Hit

parade à ton bras tout c’temps là

avec des hauts - en couleurs

et des bas - résilles. Yeah !

Figure imposée,

terminé

le saut à l'élastique en Vercors

Madame rêve de Goutte d’or

Puis Chloé t’a cloué

au Cantique des cantiques.

 

Vertige de l’amour sexe porte

pourtant t’étais pas Novice

t’avais osé Joséphine

sans rien dire de Gaby,

de Suzanne ou de Lise.

T’avais dit, bien avant ça  

« C’est la faute à Dylan » 

et chanté les mots bleus

ou encore 

« je fume pour oublier qu’tu bois...». 

L’imprudence…

Mais « la nuit je mens » tu disais aussi

l’harmonica dans la poche,

rien ne presse, aucun express en vue !

 

et

un jour, clopin clopan, ta clope…

ta vie va la vida

 

et

un jour highway 61

dans une tire bleu pétrole

t’es parti…

 

et maintenant,

connais-tu le secret des banquises ?