06/09/2017
l'oreille d'un sourd... Light in Babylon
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05/09/2017
l'oeil & la plume... une collection de fées
texte de jlmi composition nsm &ssm
Bon, ben voilà, c’est une histoire de vacances. Une histoire comme il en arrive tous les jours. Mais… ( et un mais, comme vous le savez, il n’y en a pas dans toutes les histoires de tous les jours ! )
Ça s'est passé sur une plage du côté de Noirmoutier, vous savez, en Vendée. Une belle région pas très loin de la Bretagne. Justement, notre Héros arrivait d’un mois passé en Côtes d’Armor, dans un hameau près de la mer dont le nom breton était Ar Sklerder ( La Clarté, où, selon la légende, on voyait quelque chose, même quand on ne voyait rien à cause des ténèbres, et ce n'est là qu'un exemple… allez dire ça à d’autres bien sûr, mais bon, ces bretons, toujours imaginatifs ! ). Et là, face à Noirmoutier, il était avec ses parents pour une quinzaine de jours.
Le temps était beau, super même : le grand bleu comme on dit au bord de la mer ; ce qui n’empêchait pas deux ou trois petits nuages blancs - très curieux - d’être là afin de vérifier que le ciel était bien bleu. ( peut-on faire confiance à la météo ? Je vous le demande ! )
La plage était de sable fin - comme de bien entendu - très longue, longue, longue et, à marée basse, large, large, large. De rêve la plage !
Notre petit Héros marchait sur ce sable doux, très doux à ses pieds. Il regardait par terre car la mer en se retirant avait laissé une multitude de trésors : cailloux plus ou moins brillants aux formes polies, des algues de toutes sortes, quelques morceaux de bois tout usés, une méduse morte ( qu’il avait dû enjamber prudemment ) et des coquillages de toutes les couleurs et de toutes les formes. Ça tombait bien, il était chasseur-de-trésor-expert.Rien moins.
Il arriva à une petite mare laissée là par la mer ( sa mère d’ailleurs !!! ). Curieuse cette mare, pas de végétation au fond, un sable parfaitement uni, comme lissé avec soin. Bizarre vraiment. Pas de raison toutefois de ne pas mettre le pied dedans !
Le pied à peine posé au fond, il ressentit une piqûre. « Ça y est, encore une vive. Zut, je vais avoir mal, mais je sais comment faire depuis l'an passé où j'ai été piqué deux fois le même jour en Bretagne... »
Il jeta un œil autour de lui à la recherche du galet chaud des rayons du soleil qui lui permettrait de poser son pied et d'ainsi réduire rapidement la brûlure du venin... Rien ! Que du sable fin à perte de vue.
Curieusement, à bien y réfléchir, aucune douleur ne montait dans son pied, dans sa jambe. Au contraire une sensation de bien être, de détente s'installait et, soudain, tous les trésors déposés sur la plage se mirent à bouger, à vivre…
Les cailloux se rassemblaient pour de grandes discussions silencieuses, les algues dansaient profitant du moindre souffle d’air pour mettre au point des chorégraphies de plus en plus complexes et les coquillages, eux, le regardaient d’un oeil inquisiteur : « Que pouvait bien venir faire cet intrus dans leur royaume ? »
Lui, le petit Héros, restait là, médusé, immobile. Les coquillages continuaient de s’interroger. L’un s’avança vers lui d’un air décidé : « Que viens-tu faire chez nous petit d’homme, tu n’as pas été invité, tu ne manques pas de toupet, dis-moi ! » Il ne savait quoi répondre, tout cela était tellement… extraordinaire.
« Et ben, j’ai marché sur une vive et hop, je me suis mis à vous voir bouger, parler, danser, tout ça, c’est très curieux, je ne comprends pas du tout ce qui m’arrive. »
« Ne t’inquiètes pas ! » lui répondit un coquillage de vénus tout rose, « grâce à la piqûre de la vive et à tes deux piqûres de l'an passé...»
« Mais comment vous savez ça ? »,
« C’est la grande famille des vives qui nous l’a fait savoir il y a déjà un moment, quand tu es arrivé pour la première fois sur cette plage… et puis de toute façon, on peut lire dans tes pensées, alors… »
Il ne dit plus rien, il attendait la suite.
« Bon, alors pour que tu sois moins sot ce soir, je vais te dire ce qu’il en est. Grâce à cette troisième piqûre et du fait que tu viens de La Clarté, tu as acquis la possibilité de voir le royaume des Fées Coquillages et de nous voir et de nous comprendre. Oui, je te dis ça en passant, car depuis le début, ça n’a pas l’air de te troubler de nous entendre, nous les coquillages !!! Ni de voir des conversations de cailloux ou des danses d'algues... »
Il restait là, debout, bouche ouverte, sans rien dire. La petite vénus continua :
« Bon, écoute, tu vas nous sortir d’un mauvais pas. Nous sommes venus nous baigner sans nos serviettes de plage. Alors vas chercher une feuille de papier essuie-tout ou un mouchoir ou… enfin, ce que tu veux et tu nous poseras dessus avec délicatesse surtout, moi et mes amies. D’accord ? Fonce, on a froid maintenant ! »
Il s’exécuta avec beaucoup de célérité et de délicatesse donc. Quand ses nouvelles amies furent sèches, la petite vénus, finalement très bavarde lui dit :
« Bon, et bien maintenant tu vas nous prendre en photo, et fais vite, vite, vite… » Ce qui était dit fut fait. Vite, vite, vite.
Dès la photo prise, ho la la bizarre, il se sentit tout chose. Il secoua la tête, regarda ses mains - tout allait bien - puis il regarda ses amies : Horreur ! le charme semblait rompu, plus rien ne bougeait du petit monde des trésors de la plage. Plus de conversations silencieuses entre les cailloux, plus de danses des algues, plus de fées qui le regardaient et lui parlaient. Plus rien…Rien.
Vite, il regarda la photo pour voir s’il n’avait pas rêvé. Non, ses amies étaient là, bien alignées sur leur serviette de papier, telles qu’elles avaient voulu poser pour lui - et la postérité ? -. Il devait se rendre à l'évidence, il avait sous les yeux la seule preuve tangible qui resterait à jamais de cette incroyable aventure en face de Noirmoutier…
00:43 Publié dans l'oeil & la plume | Lien permanent | Commentaires (1)
04/09/2017
l'oeil & la plume... (c'est l'histoire d'une déclaration d'amour qui perd pied)
texte de myriam oh ill. jlmi 2017
On s'était promis de ne jamais se faire payer le prix de l'amour qu'on se portait. Mais les promesses, même gravées sur un banc à la pointe du canif, y'a toujours un cul qui finit par s'assoir dessus. Les promesses ne volent jamais plus loin qu'un il était une fois, et quand le réveil sonne il est déjà l'heure de reprendre le chemin de l'école. Se lever le mercredi matin, faire le chemin à pieds qu'il pleuve qu'il neige que le soleil tape trop fort, ça nous a jamais tués. L'école n'a jamais eu besoin d'aide pour avoir notre peau. Son problème, c'est pas le rythme, c'est la mélodie. Une complainte d'adultes qui soupirent en répondant à des questions qu'on ne s'est jamais posées ; quand on chante faux, on réserve ça à la salle de bain - c'est la moindre des politesses. La même, d'ailleurs, qu'elle glissait dans notre soupe froide tous les midis dans cette cantine qui sentait toujours mauvais, même les jours de frites. La politesse, j'en ai bouffée plus que mon pharynx pouvait déglutir. A force de oui madame, bien monsieur, merci s'il vous plaît et vice et versa, j'y ai laissé mon œsophage, mon estomac et mon intestin grêle. Je m'excusais pour les mains aux fesses que mon sourire avait agressées. Je disais même pardon pour les fausses notes que mes côtes craquaient quand un poing qui n'avait pas, lui, la politesse en intraveineuse voulait tâter de l'enfant sage. Alors qu'on ne s'étonne pas si ce matin j'ai le bonjour qui me reste en travers de la gorge, si je ne cède pas ma place à la première petite vieille venue - aussi plissée aussi courbée soit-elle. Alors qu'on ne me reproche pas, les soirs de pluie, mon côlon irritable et mes diarrhées verbales. L'école, c'est comme un plat dans un restaurant gastronomique. Sur la carte ça fait rêver, mais dans l'assiette y'a pas grand-chose à grailler. Les chimères, ça n'a jamais fait taire l'estomac de l'homme qui a faim, même s'il ferme les yeux, même s'il y croit aussi fort que son cœur cogne contre sa poitrine. Au début tu joues le jeu, et au premier cours d'histoire t'oublies déjà Barbie sous le lit : quand tu seras grand tu seras Indiana Jones. Mais quand on te parle de problèmes, de guerres dans des langues que tu ne comprends pas, les étoiles s'éteignent et ta tête s'aperçoit qu'elle est juste à côté de tes pieds, sous le béton qu'ils sont en train de couler. Mais quand on te gifle parce tu gueules aussi fort dans tes rédactions que devant les photos de ton livre d'histoire, tu cesses définitivement d'y croire, baisses la tête et t'éteins, comme les étoiles tout à l'heure. L'école, c'est une histoire d'adultes désabusés qui marchent à côté de leur vie, de mômes qu'on prive de contes de fées, à qui on tend un sachet de baby carrots parce que c'est meilleur pour la santé. A la cours de l'école qui a toujours raison, on est tous des cancres en devenir, et les bons élèves ne sont rien que des comédiens qui ont appris par cœur les pas que le metteur en scène leur a soufflés. En se disant que c'est juste un mauvais moment à passer, que quitte à couvrir son cul d'escarres sur des chaises trop dures, autant remplir ses poches avant de décamper. J'étais bonne comédienne, le masque collait à mes joues rebondies et le soir j'apprenais mes leçons par cœur. J'ai appris à détester la chimie, parce qu'on m'a dit que c'était pas un truc de filles. J'ai appris à détester la couleur quand le prof de dessin a lâché son premier sourire en recouvrant mes dessins d'une craie grasse que les lames de rasoir ne savaient pas faire partir. J'ai appris à détester la philosophie quand celui pour qui j'avais mis deux-trois rêves de côté s'est finalement moins intéressé à mes questions qu'à mon cul. J'ai appris à détester la justice à coup de punitions collectives, j'ai appris à détester la solidarité quand on m'a demandé de balancer ma copine, j'ai appris à détester la communauté quand elle a ri à gorge déployée derrière mon bonnet d'âne, sans même prendre la peine de faire passer ça pour des sanglots. Et dans la cours de récré, à regarder les filles jouer à la poupée les garçons jouer à se faire les filles les gros bras jouer à se taper les gringalets à lunettes, j'ai appris à me détester. J'ai appris à détester le sport et la littérature, les épinards et les filets de colin ; j'ai jamais su prendre mon pied, à renifler ceux des autres dans les vestiaires, à compter ceux des poètes sur les polycopiés. J'avoue, j'ai jamais fait que simuler, mes explications de textes salissaient des pages sans y croire vraiment et je croisais plus d'inconnus dans la rue que dans les équations. Pour l'école ça n'avait aucune valeur, mais pour moi ça n'avait pas de prix. J'ai appris à remplir les fiches de la rentrée comme si de rien n'était, à faire rentrer "décédé" dans la case "profession" sans que ça dépasse jamais ; j'ai appris à sceller mes larmes sous mes paupières et la grille de l'école en regardant les bons élèves se pendre aux arbres de l'autre côté. Alors qu'on ne s'étonne pas si ce matin je couve une grosse colère. Alors qu'on ne me reproche pas, les soirs de pluie, de la tourner vers l'école même si c'est toi qu'avais promis. J'ai perdu mes rêves dans les couloirs du collège et son acné, comme j'ai fait la paix avec le sport la littérature et ma fièvre d'exister dans tes bras qui m'ont déjà oubliée. On s'était promis de ne jamais se faire payer le prix de l'amour qu'on se portait. ; sauf que pendant que ton valet fait claquer tes deniers pour te réveiller, moi je termine ma nuit qui n'a jamais commencé dans un bar mal léché à faire la causette au cendrier d'une jolie blondinette, juste pour me sentir un peu en vie.
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