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l'oeil & la plume... Patti la pluie

C’est une longue femme anguleuse
Pas plus épaisse qu’un os
Visage louche aux grands yeux noirs
Elle traîne dans des hôtels miteux
Remplis d’artistes et de crasse
Sur les rocailles de la misère bohème
Elle griffe des poèmes et des étoiles bleus.
Parfois elle marche ivre sous la pluie
Pour transcender la disette et les murs jaunis
Elle dessine, elle écrit, elle est dévouée,
C’est une artiste crève la faim,
Une chatte maigre au charme de gouttière
Qui connaît les ténèbres des crassiers des âmes.
Quand elle chante comme une madone destroy
Avec ses pelures de loup et sa voix de jalouse avinée
On dirait qu’elle va tous les bouffer !
Perchée là haut, comme un corbeau trempé sur sa branche
Elle pose ses yeux de charbon mouillé
Sur nos petites vies pressées
Sur nos petites vies pressées
Sur nos petites vies pressées
24/03/2017 | Lien permanent | Commentaires (1)
l'oeil & la plume : cage à mouches
texte de fanny sheper illustré par jlmi ''mouche duveteuse'' collage photo 2013
Une heure où j’étais au fond d’une nuit précieuse
J’ai suivi une mouche duveteuse.
En fait elle ressemblait pas vraiment à une mouche
Mais elle avait l’air si gracieuse…
J’ai déroulé son fil
Jusqu’à ce que nous flottions toute les deux
Dans les airs wattés et colorés.
Je pendouillais plus que je ne flottais,
Elle était si légère…
Elle me fit voyager et me montra
Sa cage, elle était si petite
Que nous devions chuchoter
Pour ne pas la faire éclater.
Elle me raconta son évasion,
Elle s’était faufilée entre deux flocons
Et collée à la vitre ,
Elle avait attendu le dégel
Elle était vraiment charmante !
Son petit rire était semblable
Au murmure d’un petit grain.
Quand elle éternuait cela faisait
Un adorable petit cliquetis.
Elle m’a demandée
Alors je l’ai cachée bien au chaud
Elle fait de la balancelle dans mon cerveau
Et de la mandoline quand il fait beau.
Depuis cette minuscule rencontre
Nous somme deux là-haut,
Et chaque jour, j’attends secrètement
De la retrouver dans son petit nid filé
J’attends cette heure où la nuit se fait précieuse
L’heure, de la mouche duveteuse.
06/02/2013 | Lien permanent | Commentaires (3)
l'oeil & la plume... aspiration

Quatre versions de la même image
Cathy Garcia
Le pouvoir de l'imagination... Dessine-moi une clé, et les chaînes tomberont d'elle-mêmes, les entraves, les censures, les blocages, les ligatures, dessine-toi une clé mon amour, et nous nous envolerons, les chaînes deviendront des ailes à nos pieds, vifs esprits, nous visiteront la demeure des dieux que nous avions inventés...
Isabelle Le Gouic
mon oeil
par le trou de la serrure
mon oeil
dedans
oeil pour oeil
dent pour dent
mon oeil
deux dents
pas de fer
mais de papier
pour faire
forger
le plomb
mine de rien
mine de plomb
chemin déminé
au crayon
salut ! j'me taille !
Fanny Sheper
Les chaines autour de nos pied sont à l’intérieur de nos têtes.
Toutes les clefs de toutes les chaines se trouvent à l’intérieur.
Il n'est point besoin de pieds quand on a des ailes pour voler
jlmi
Suis-je moins libre que ceux qui courent de droite et de gauche dans les méandres avilissants de ce monde qu'on nous consent du bout du fric ou des religions ?
Certes, j'ai les pieds chaînés de fer, mais avec ce papier et ce crayon que l'on a m'a enfin consenti je peux laisser aller mon imagination et cette clé que j'ébauche est un leurre.
Oui, un leurre pour mes geôliers, afin qu'ils me croient astreint selon leur volonté, afin qu'ils ne sachent jamais que je suis et que je resterai toujours libre dans ma tête.
Vous spectateurs qui ne pouvez voir mon visage... Et bien sachez que je souris !
18/09/2017 | Lien permanent
l’œil & la plume... terrain vague

Jardin sinistre et filandreux,
On y découvre parfois aux petits matins glauques
Des corps glacés de starlette au rouge à lèvre défait
C’est un lieu ravissant pour les méfaits des grands méchants.
Une nature hostile que la ville a rendue stérile
Une capote entachée prés d’un cœur brisé,
Des herbes revêches et rêches
Qui se cramponnent aux bas filés.
Des bouts de verre, des capsules de bière
Des fleurs saccagées qu’on ne pourra jamais consoler.
C’est un endroit où le rêve ne peut sauver
Un jardin flippant aux grillages éventrés
C’est là que tu vas pour t’éprouver
Pour t’habituer, pour t’assombrir les pieds
Tu t’y couches la nuit pour mieux supporter les méfaits du jour
Tu y creuses tes larmes pour avoir moins mal
Lorsque dans les rues sales du matin
Tu entends les hurlements des innocents traqués.
21/05/2018 | Lien permanent | Commentaires (1)
l'oeil & la plume... Jim sans poches

Pauvre gamin à l’audace à peine voilée
Qui se trimballe dans des rues tailladées,
Abusant joyeusement des éclats urbains de plastiques
Des drôles de légendes qui font planer.
Tes cauchemars sont dans les impasses et les arrières cours
Où des êtres profanes et maniérés te tendent la main.
La ville est généreuse mais cadenassée
Pour les mignons perchés comme toi.
Il te faudra t’injecter des baisers de douleurs
Si tu veux grandir comme les vieux.
Jeune prodige d’une aristocratie mal famée,
La jeunesse qui traînent dans tes poches
Est une image branlante sortie du puits organique.
Du puits organique des amants scabreux qui t’ont oublié au bar.
J’aimerais que le soir, des chansons enfumées de douceur
Viennent émerveiller ton âge de splendeur.
J’aimerais que tu puisses t’évader sur les vagues de la route
Galope, petit galopin aux grimaces d’ange
Car ta sacoche est pleine de chandelles et de rêves
De chandelles et de rêves
Qui ne demandent qu’à jouir de tout.
04/03/2017 | Lien permanent
l’œil & la plume ... docteur Ferdinand misanthrope

C’était un homme particulier au regard redoutable
Un monstre en charentaises reclus et raffiné
Un docteur misanthrope à la main précise
Amoureux des malheureux, des miséreux
Il soignait même les méchants, « car un méchant guérit » disait-il
« Sera toujours un peu moins méchant qu’un méchant malade »
C’était sa contribution à lui, pour rendre ce monde un peu moins pourri
Il allégeait les ignobles d’un peu de leur ignominie
Il consolait avec tendresse les mourants des hospices et les enviait parfois
Il aimait les chats, les chiens, les vieillards, le travail et la solitude
Sous son crâne grouillait une souffrance stridente
un train terrifiant dont il était le seul passager
Ecrivain efflanqué et génial
il décrivait les charognes d’humains et leurs vulgaires immondices
Les gens lourds et jaloux, Les bubons de la terre, les Infirmes d’imbécillité
Il écrivait l’horreur humaine, la monstruosité de ses congénères
Il avait la finesse d’une chienne de traîneau
Qui pince et niaque pour prévenir de la chute
C’était un homme de finesse et de fureur
Un goujat plein de bonne manière
Un intello furieux plein de tendresse
Un clochard élégant et sauvage
Un homme trop humaniste pour aimer les hommes
18/10/2017 | Lien permanent
l'oeil & la plume... accro aux barbelés

Accro aux barbelés
Fil de fer aux araignées griffues
C’est ici que je traverse quand je vais te voir
C’est ici qu’on s’affranchit de la terre
C’est ici, que l’on traverse
Que les barreaux deviennent atmosphère.
C’est là que je m’écorche les doigts
Pour mieux t’entendre quand je suis trop bas.
Derrière la clôture acérée
Il y a tout ce qu’il n’y a pas ici.
Il a des bourrasques superbes
Qui éclatent folles dans des cieux libres.
Il y a des aubes claires comme des rivières
On voit nos plumes plastiques,
Abandonnées sur le fil,
Nos petites tenues déchirées encore accrochées.
Traces de nos évasions radieuses.
Traces de nos corps enchevêtrés dans les barbelés
Eraflures qui nous donnent
Un plaisir étrange et mélancolique.
C’est le rencard des rêveurs accros
Qui se bécotent entre les ronces rouillés.
Il faut les voir s’enrouler comme des poissons avant d’éclore.
C’est là qu’on perce la réalité d’un seul plongeon
Qu’on largue ses débris d’enclumes
C’est là qu’on tombe amoureux de la fuite
Et c’est pour ça que je t’aime autant que mon évasion.
Barbelé aux araignées de limailles,
Tu m’as appris la liberté.
28/05/2017 | Lien permanent | Commentaires (1)
l'oeil & la plume... Sadik parking
texte de fanny sheper sur ''parking désert'' photo de jlmi 2005
J’aime faire galoper les jolies jambes flippées
Agripper les belles seules et parfumées.
Impersonnel et mal éclairé
C’est un lieu parfait pour prendre son pied,
Pour faire toutes sortes de méfaits
Tu y descendras un soir ou dans la journée
Il fait toujours nuit en bas.
Tu commenceras par les escaliers tagués
Qui t’éloignent du bruit de la vie.
Les marches à crachats
Les couloirs coloscopiques bleus, ciels sales,
Te rendront plus inquiète et sucrée,
Ils te rendront antilope effarouchée
Et moi, je me pourlécherai.
Ma belle, ma dulcinée
Tu pressentiras quelque chose
Comme un souffle glacé
Une odeur d’assaillant
Qui voudrait bien flirter.
Alors ton pas se pressera
Sans courir, parce que
Tu veux pas paniquer
Puis tu te retourneras juste pour vérifier
Geste fatal t’aurait dit Orphée
L’épouvante va s’incruster entre tes côtes
Et ton corps va à la fois s’accélérer et se paralyser
C’est le moment que je préfère, le plus craquant
Je te laisserai trotter jusqu’ à ta voiture
Avec tes cuisses tremblantes
Pour que tu te sentes presque sauvé.
Je te materai enfoncer la clef
Et t’emmêler dans ton sac.
Je te sentirai transpirer froid,
Suffoquer au bord de la rupture.
Lorsque tu démarreras enfin, je serais déjà là.
Oh ma belle, ma terrifiée
Je t’ai déjà violé mainte et mainte fois
Et je vis en toi depuis le début.
C’est toi qui me nourris.
Alors, je te laisserai partir
Parce que je ne suis pas un tueur,
Je ne suis même pas un violeur
Je suis juste ta peur.
06/12/2017 | Lien permanent
l'oeil & la plume... dans le crâne d’un bateau
Dans le crâne d’un bateau fané
Je goute la fraicheur d’une bouche spectrale et parfumée.
Tout à l’heure, j’ai croisé un chien errant qui léchait le sol de l’été
Il m’a fait penser à moi, quand je léchai le sol où tu étais.
Je me suis réveillée dans l’autobus avec un lapin blanc sur l’épaule,
Les voyageurs avec leur front dressés regardaient les collines de tapis défiler.
J’ai marché bien longtemps au milieu d’une foule hideuse qui ne sourit plus,
J’ai même couché dans les hôtels où couche la foule hideuse qui ne sourit plus,
J’ai regardé sous leurs lits, il y a avait leurs draps stupides
Et leurs filles arrogantes et confortables.
Je me suis rendormie dans un train
J’étais gardée par des grenouilles qui ne comprenaient rien
Exprès pour leur échapper
Je rêvais de ton cou nu et bleuté
Et dans mon rêve, je me disais :
« Peut être que le sourire du papillon
Me sauvera de la morsure de cette maudite quenouille »
« Mais que peut bien faire un papillon contre une sorcière ? »
Me répondirent les grenouilles qui comprenaient tout.
Comme à chaque fois, Je me réveille au même endroit
Dans le crâne vide d’un bateau fataliste
Qui répète inlassablement avec sa vielle voix ferreuse :
« Tu ne fus pas bien aimée, tu ne fus pas bien aimée, tu ne fus pas bien aimée. »
29/11/2017 | Lien permanent
l'oeil & la plume... ma cicatrice
texte de fanny sheper ill. jlmi 2019
Mon odieuse déchiratrice
Est la preuve de mon incarcération charnelle.
Vilaine incrustée sur ma cuisse,
Elle fait la gueule quand je suis à poil.
Elle m'a scarifiée
D'une longue ligne de taille
Cousue de ma hanche au genou.
Elle est la preuve de mes absences,
De mes négligences.
Elle est là,
Quand la bruine la fait grincer.
Elle grimace en été sur ma peau boursouflée.
Elle est fièrement plantée là.
C'est la médaille d'une guerre censurée,
Blessure honorifique, il paraît.
Tu es une vilaine lésion née de tissus déchirés !
C'est à cause de toi que j'ai dû rentrer.
Faire demi-tour estropiée,
Rapatriée par les pieds.
Je la déteste pour ça, plus que pour la douleur
Parce que j'ai dû abandonner l'envol.
Sanctionnée au sol, clouée dans ma cuisse
Par cette correctrice qui a insulté ma peau.
Quand on me questionne,
Je dis que c'est les barbelés
Qui m'ont déchirée comme une évadée.
Les barbelés qui se trouvent entre ici et là-bas.
Je dis que c'est un requin
Qui m'a descendu par le fond
Alors que je nageais pour me barrer.
Je dis que le creux et les 24 traits blancs
C'est sa mâchoire curatrice de poisson.
Je dis pour parler, pour me laisser rêver,
Pour faire de cette chirurgie quelque chose de jolie.
Une longue couture blanche,
Lézarde mystérieuse d'origine inconnue.
Une trace qui m’identifie vivante et sûre.
Une blessure, une aventure,
Une souffrance, une légende,
Une cicatrice …
25/01/2019 | Lien permanent | Commentaires (1)
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