29/01/2018
l'oeil & la plume... Pagode de la Grue Jaune
Nous sommes passés en taxi
sur le Pont N°1.
La brume était si épaisse
qu’on ne voyait ni la pagode,
ni le fleuve,
ni l’île aux Perroquets,
ni même l’autre bout du pont.
Cui Hao a évoqué l’île aux Perroquets.
Li Bai, le fleuve et la pagode.
Mao Zedong, le Pont N°1,
alors quelle importance
si je ne le fais pas.
C’est la brume qui est importante,
elle m’envahit la tête,
les viscères.
J’ai envie de pleurer,
car je fais corps avec la brume,
pleurer du désir assouvi
de comprendre la peinture chinoise.
Je suis une peinture chinoise
et ils revivent tous en moi,
Wang Wei, Zhang Zeduan, MaYuan,
Huang Binhong.
Et aucun d’eux n’a jamais pensé
à mettre dans sa peinture
une brave naïve occidentale de ma race
plutôt qu’une grue jaune.
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28/01/2018
l'oeil & la plume... à la loupe tout est rituel (extrait3 augmenté)
Le radiateur, les murs, le lit, la couette et moi. Ciel bleu sur feuillage de chênes. Une fenêtre, un faux papillon blanc qui commence à avoir sale mine, une de ces plantes grasses qui fleurissent rose à noël, un vase et un photophore bleus, une grosse sodalite bleue, un coquillage aussi, de type huître flottée. Et on passe au bureau, ordinateur, imprimante, live box. Allumage, connexion, décollage, d’une certaine façon. Ouverture sur le monde et crispation sur la souris, trépidations sur le clavier, ça rame, ça traîne, ça bloque, mais rien ne sert de s’énerver. Apprentissage du zen via l’informatique. Tout est propice au travail sur soi, « même la peinture sur soie » me glisse un moine désincarné. Je ne pourrai jamais appeler ma nouvelle imprimante Lucky Luke, mais Calamity Jane, pourquoi pas ! Elle fait très bien hachoir à papier. C’est une Brother mon frère, j’aurais dû peut-être prendre la sister…
Clic, clic, bruit de rongeurs dans le ventre de la tour mais la fenêtre tarde à s’ouvrir.
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27/01/2018
l'oeil & la plume... à la loupe tout est rituel (extrait 2)
La chaleur a un parfum et les cigales sont hypnotiques. Le tant, le trop, la liste qui se déroule, infinie, soudain s’évapore et je me mets à désirer des choses uniques... Un apéritif légèrement amer, qui me ferait croire au luxe, avec quelques olives ou des petites choses à la saveur méditerranéenne.
Les cigales ont gagné, m’ont plongée dans un sommeil à angle droit, où les mouches, les fourmis et autres chatouilleurs me faisaient danser la Saint Guy. Réveil, proposition, évocation… Parasol et Suze méditerranée, se sont matérialisés en sirop de citron et bruit de verre brisé. J’offre mes jambes et la plante de mes pieds aux ultra-violets. L’été est là, dépouillé de tout artifice, y compris celui de l’amertume apéritive.
L’été est là, nous passons trois hivers à l’attendre et quand il est là, nous sommes bien en peine de savoir quoi en faire. Alors remontent, sournois, des souvenirs adolescents, lorsque l’été avait non seulement un sens, mais surtout un but. Le décuplement du vivre ! L’eden d’une piscine, d’une discomobile ou d’une fête foraine, quelques glaces, quelques cacahuètes, des dents blanches, des peaux de princes hâlés, des musiques dansantes, des slips mouillés, le désir comme un fruit trop mûr, trop sucré. Le désir qui tâche et l’importance essentielle des choses futiles dont rien ni personne ne pouvaient nous détourner.
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