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26/01/2018

l'oeil & la plume... à la loupe tout est rituel (extrait 1)

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texte de cathy garcia  v°2018                                                                                                 collage  jlmi  2013

 

 

Il nous faut changer de cap, lâcher du lest, faire face aux vraies peurs masquées par les fausses, les peurs conformes, les peurs induites, celles qu’il est bon d’avoir même si on ne les a pas. Il nous faut embarquer vers l’inconnu, sans rives, sans repère. Ne rien projeter, ne rien regretter, s’ouvrir à l’espace infini de l’instant, desserrer les vis, libérer, par le souffle paisible, nos viscères, admettre que l’on ne sait rien de l’amour.

 

Je frotte mes ailes de cigale, ventre contre terre, fesses solaires. J’ai tellement retourné les mots en tous sens, goûté leurs chairs, sucé leurs os, il y en a peu finalement qui apaisent ma faim. Je cherche l’au-delà des mots, la sensation pure, violente parfois, une pénétration totale par un sans-nom à quoi on a donné tant de noms en vain. Un vide en moi, immense, qui provoque un appel d’air. Y tournoient le cosmos et toutes ses galaxies, je suis absolument et invraisemblablement creuse à l’intérieur.

 

Les mots fuient de toutes parts, explosent, se dispersent, se reforment. Un creuset d’énergie où je disparais, ne faisant plus qu’un avec ce vertige de l’indicible. Alors, décider ? Mais décider de quoi ? Je m’ouvre et ne peux rien décider. Seulement accueillir.

 

25/01/2018

l'oeil & la plume... nous n'avons pas fêté ton anniversaire

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texte de murièle modély                                                                                                     photomontage  jlmi  2013
 
 

nous n'avons pas fêté ton anniversaire
j'avais pourtant mis du champagne au frais
nous avons mangé petit, nous avons parlé léger
nous avons ri un peu, moi d'un côté, toi de l'autre
chacun devant la table, à couper dans l'assiette
la soirée tranquille en tranches
sans autre fioritures
pas de caresses
pas d'embrassades
le quotidien lové dans nos chaussures
et pourtant demain quand tu te lèveras
tu penseras : "tiens,
hier j'ai passé un cap,
et elle est toujours
là"

*

ce que j'aime, vois tu,
c'est cet affaissement
mon sein, ton ventre
nos chairs qui ramollissent
qui se mêlent au lit
comme cire fondue

*

je nous vois
sacs d'os lourds
côte à côte maillant
les boucles du passé
(faut bien tuer le temps)
je nous vois
sourds et vieux
taillant le bout de gras
sur nos gencives nues

*

nous n'avons pas fêté
nous ne sommes pas hier
demain n'a pas de sens
le temps file à travers
nous sommes toujours

 

 

24/01/2018

l'oeil & la plume... le p'tit Cardo

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texte de ronelda kamfer  courtesy la biennale des poètes                                                                 collage jlmi  2013
 

Pour Alfonso Cloete & Velencia Farmer

 

Ils ont dit que c’était l’homme blanc que je devais craindre

Mais ici ce sont les miens qui commettent les massacres

Tupac Amaru Shakur

 

Lorsque Cardo est né

personne ne l’attendait

sa mère avait seize ans

son père était l’Animateur de Quartier de l’Année

sa grand-mère était caissière et son grand-père, enfin, le mari de sa grand-mère, buvait pour oublier la douleur

 

Cardo était un beau p’tit gars

à la peau brune et aux yeux clairs

 assez beau pour parler anglais

il aimait jouer dans la rue

aux trois bâtons et à la chandelle

Pour Tantie Gawa dans sa camionnette

Cardo était un petit ange tombé du ciel

 

La veille de son premier jour

à la grande école

les School Boys ont lancé des pétards dans la rue

Cardo est allé voir à la fenêtre

la balle s’est fichée dans sa gorge

sa mère n’a pas pleuré

quant aux politiciens ils ont planté un arbre

que le vent d’est a emporté

et jeté là où gisent

tous les autres rêves du Cap –

 

dans les marécages des Capes Flats