23/03/2019
l'oeil & la plume... te peindre en ordinaire
Je voudrai te peindre en ordinaire
Te diluer dans le triste humain
Qu’es-tu d’autre qu’une pauvre personne
Qui ne vaut pas plus que moi
Te dissoudre dans un verre de quotidien
Et ne plus penser à toi
Ne plus te rêver tel un roi sauvage
Mais te voir comme un homme tout court
Te diluer jusqu'à ce que tu perdes ton éclat
Que ton aura impétueuse soit délavée
Que ton charme candide soit décoloré
Et que tes yeux perdent leur magnétisme
Je voudrai lessiver ton corps
Qu’il soit vidé de sa saveur
Qu’il soit stérile comme une terre inondée
Qu’il perde son attrait
Je voudrai me libérer de cette délicieuse obsession
Pour à mon tour me peindre en ordinaire
Et me suffire de modeste bonheur
Délavé, décoloré et lessivé
00:18 Publié dans l'oeil & la plume | Lien permanent | Commentaires (0)
22/03/2019
l'oeil & la plume... nous entamons la descente
texte de werner lambersy ill. jlmi 2019
Mesdames messieurs
nous entamons la descente
tout le monde sait ça
depuis la naissance
ceux
qui ne sont pas tranquilles
ont droit à un bonbon
les autres se penchent aux
hublots pour
voir le terrain d’atterrissage
in Comme s'agitent les seaux au fond d'un puits (inédit )
00:52 Publié dans l'oeil & la plume | Lien permanent | Commentaires (0)
19/03/2019
l'oeil & la plume... chant funèbre sans musique
texte de Edna St. Vincent Millay photo x in the early 1930s
Je ne suis pas résignée à l’enfermement de ceux que j'aime dans la terre lourde.
Mais c’est ainsi, et ce sera toujours ainsi, comme ça l’a toujours été :
Ils s’enfoncent dans les ténèbres, le sage comme la belle. Couronnés
De lys et de lauriers ils s’en vont ; mais je ne suis pas résignée.
Amoureux et penseurs, dans la terre avec toi.
Soyez un avec la poussière terne, la poussière aveugle.
Un fragment de ce que tu as ressenti, de ce que tu savais,
Une formule, une phrase subsiste, mais le meilleur est perdu.
Les réponses rapides et sincères, le regard honnête, les rires, l’amour,-
S’en sont allés. Ils s’en sont allés nourrir les roses. Élégante et abondante
Sera leur floraison. Et parfumée. Je sais. Mais je ne suis pas d’accord.
La lueur de tes yeux était plus précieuse que toutes les roses du monde.
Ils s’enfoncent encore et encore dans l’obscurité de la tombe
Doucement ils s’en vont, la magnifique, le tendre, la gentille ;
Discrètement ils s’en vont l’intelligente, le spirituel, la courageuse
Je le sais. Mais je ne suis pas d’accord. Et je ne suis pas résignée.
trad jlmi+cg 2019
Dirge wthout music
I am not resigned to the shutting away of loving hearts in the hard ground.
So it is, and so it will be, for so it has been, time out of mind:
Into the darkness they go, the wise and the lovely. Crowned
With lilies and with laurel they go; but I am not resigned.
Lovers and thinkers, into the earth with you.
Be one with the dull, the indiscriminate dust.
A fragment of what you felt, of what you knew,
A formula, a phrase remains,—but the best is lost.
The answers quick and keen, the honest look, the laughter, the love,—
They are gone. They are gone to feed the roses. Elegant and curled
Is the blossom. Fragrant is the blossom. I know. But I do not approve.
More precious was the light in your eyes than all the roses in the world.
Down, down, down into the darkness of the grave
Gently they go, the beautiful, the tender, the kind;
Quietly they go, the intelligent, the witty, the brave.
I know. But I do not approve. And I am not resigned.
from The Buck in the Snow and Other Poems. Copyright © 1928
00:12 Publié dans l'oeil & la plume | Lien permanent | Commentaires (2)