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29/03/2019

l'oeil & la plume... nous n’étions pas censées survivre

Lorde, Audre 2017
texte de Audre Lorde             photo x

 

 

Pour celles d’entre nous qui vivent sur le rivage
debout, sur le dur rebord de la décision
cruciale et seule
pour celles d’entre nous qui ne peuvent pas s’abandonner
aux rêves fugaces du choix
qui aiment dans l’embrasure des portes, allant et venant,
aux heures d’entre deux aubes
regardant à l’intérieur et à l’extérieur
à la fois avant et près
cherchant un maintenant qui pourrait engendrer des futurs
comme le pain dans la bouche de nos enfants
pour que leurs rêves ne reflètent pas la mort des nôtres.

Pour celles d’entre nous
sur qui on a imprimé la peur
comme une ligne fine au milieu de nos fronts
une peur apprise dans le lait de nos mères
car par cette arme
cette illusion d’une certaine sécurité à trouver
les pieds lourds espéraient nous faire taire
Pour nous toutes
ce moment et ce triomphe
Nous n’étions pas censées survivre.

Et quand le soleil se lève nous avons peur qu’il ne reste pas
quand il se couche
qu’il ne se lève pas le lendemain
quand notre ventre est plein nous avons peur
de l’indigestion
quand notre ventre est vide nous avons peur
de ne plus jamais manger
quand nous sommes aimées nous avons peur
que l’amour disparaisse
quand nous sommes seules nous avons peur
que l’amour ne revienne jamais
et quand nous parlons nous avons peur
que nos mots ne soient pas entendus
ni bienvenus
mais si nous nous taisons
nous avons toujours peur

Il vaut donc mieux parler
sachant que
nous n’étions pas censées survivre.

 

 

audre lorde

 

28/03/2019

l'oeil & la plume... 1971

1971-02.jpg
texte de Gerty Dambury                                                                                                              collage  jlmi  2014

 

 

C’est le début et c’est la fin.
Butée.
Ta voix dans ce combiné
Trop lourd. Bakélite noire.
Dehors un soleil à regretter déjà.

Une chanson-flirt-film et fin.
En lettres capitales.
Love story
En ce temps-là, j’étais Ali McGraw
Tu n’étais pas Ryan O’Neal

Figure d’écran prend son envol
L’avion décolle vers d’autres réels.
Je vous laisse-là,
Vous, ma terre, mon île,
ma ville en construction et ses poussières.

Huit heures plus tard
votre absence m’explose le corps
sous un soleil qui refuse de se retirer
Une nuit infinie s’étend
sur ce mois d’août en pays tempéré.

Je ne suis plus Ali McGraw.
C’est le début et c’est la fin.
Plus de cinéma, tout est bien vrai.
Les murs rétrécissent
Une pièce et demi pour neuf

Nos samedis n’ont jamais été si
familiaux. Notre mère au centre
Rien là-dedans n’est familier.
Les uns contre les autres.
Besoin de se réchauffer, de se connaître.

Musiques haïtiennes
Lari Zabim nous rattrape
Man Baliko ouvre les fenêtres
vers un passé que j’accroche
à chaque pore, à chaque souffle.

La nostalgie chante son signal.
Les souvenirs se précipitent.

 

Courtesy biennale des poetes

Sera là lors de notre semaine Poètes des Caraïbes du 24 mai au 1er juin 2014

 

 

27/03/2019

l'oreille d'un sourd... Walkin' Blues Joanna Connor Band