Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22/05/2014

l'oeil & la plume : complainte des mendiants de la Casbah & de la petite Yasmina tuée par son père ( fragment VI )

casbah IIsépia.jpg

 

 

Mais le ventre plein, les enfants de Charlemagne

Chantent une chanson

Une chanson qu'on apprend à l'école

 

Une fleur au chapeau

A la bouche une chanson

Un coeur joyeux et sincère

Et c'est tout ce qu'il faut

etc

 

Ah!

Il faut les voir le Vendredi en file

Indienne

En file

par autre

Dans les rues et dans les maisons, ramasser à la queue-leu-leu

Les pépites

De leur misère dans la boue des

Consciences

Piocher dans le bronze des coeurs un

Peu

De cette poussière de métal dont ils tapissent la peau de leurs

Estomacs

Pour les faims futures

Les mendicités se cultivent au

Fumier du Veau d'Or

Et

Se

La-

Bou-

Rent

Au soc de l'indifférence.

Ah ! gens d'enfer et de potence et du Vendredi

Que vous achetez au bazar

Du Bon Dieu

Et du remords reconnaissant

Huile d'olive laissée pour compte que vous videz goutte

A goutte

Sur les boulons de votre mécanique à produire de la simili-pitié

Goutte

A

Goutte

Larme à

Larme que vous repompez dans les sébilles

Des pauvres et les tirelires des petits enfants que vous écrasez

Du gros rire de vos

Camions

 

Ah! Hyènes et chacals

Il vous faut un jour à l'eau bénite

Dans une semaine

Païenne

Pour laver les guenilles et raccommoder les hardes de votre

FRATERNITE

Un jour

Clair

Pour la promenade de vos bons sentiments

Condamnés

A la réclusion perpétuelle dans les cachots de vos bêtises et de vos

Egoïsmes.

Je vous insulte

Hyènes et chacals

Quand passe à portée de ma voix la fenêtre

Par laquelle

Vous jetez votre argent aux troubadours de vos

Plaisirs

En

Piétinant les petits chanteurs sans voix

De la charité de la jambe

de bois sculpté

dans l'arbre de la

Stupidité

Je vous insulte

Braves gens

repus

cossus

A tous les modes de tous les temps

Pour vos largesses de dindons carrossant sur la roue

Et votre petitesse

De passants à la besace pleine et cadenassée par le

Fil de chanvre

Sale

Des harpagons de la cité

 

Je vous insulte

Hyènes et chacals pour ce jour propre

Au milieu de tous les jours

Sales.

 

Je vous insulte

Hyènes et chacals

Au nom de la Semaine de bonté

 

 

(d'après, Editions Bouchène, Alger, 1987. N° d'édition 001/87. Dépôt légal 1er trimestre 1987. Re-publié  par le n°10 de la revue Albatroz, Paris, janvier 1994).

 

Source   http://albatroz.blog4ever.com/ismaal-aat-djafer-complaint...

 

 

 

18/05/2014

l'oeil & la plume : les grands espaces

decharge2clearinvertedB.jpg
texte de cardon le barbier                                                                                                          collage   jlmi  2014

 

Je crois que nous faisant face

Nous avions toujours le dos tourné

Entre nous tout était connu, étendu à sécher

Il n’y avait plus rien à démonter

Tout n’était que pièces détachées

Oubliées dans un carton de poussière

Et pour ne pas voir ce terrain vague

Vide

Nous fermions les yeux

Et parlions à tâtons.

 

Lentement aveugles

Tout devint bruit

Et le silence tomba

Comme la nuit des tropiques.

 

Installés au pied d’une décharge

Assis sur les marches du soir

Nous fixions l’horizon dans la même direction

Pour ne pas nous regarder.

Le vent faisait battre les volets

Un peu de terre soulevée, plus bas

Sous nos yeux se levaient les lumières de la ville.

Nous parlions une langue morte

Des textes sans images

Des dialogues sans personnages

La vie pratique était lieu de rencontre

Comme un parking de supermarché abandonné.

 

Nous attendions la libération.

 

 

in poèmes en loft / urgence poésie  2013

 

       

15/05/2014

l'oeil & la plume : le souvenir débarque chez toi à l’improviste

12_moonsso.jpg
t(y)exte de tom samel                                                                                                 ill. © geraldine morag
 

 

et les mains vides

et il dit « je ne resterais pas longtemps »

et commence à dévaliser ton frigo

et parle très fort en postillonnant

et il te pompe ton énergie

et tu n’arrives pas à le foutre à la porte

et lorsqu’il finit par s’en aller tu es au tapis avec ta migraine

il ne laisse que les cendriers pleins de mégots un sol poisseux plein de larmes et de bières

et un mot sur le palier sur lequel il est écrit :

« je suis parti parce que je t’aime et que je ne saurais te faire du mal directement »

 

in Microbe n°78 juillet-août 2013