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23/02/2017

l'oeil & la plume... des gouttelettes de vie dans ma main pleine de morve

 

BT licenciementneg.jpg
texte bruno toméra     ill. jlmi  2017

 

  

  Je marche à ses cotés
  Elle tient contre son coeur
  Contre sa blouse tachée de terre
  Une lettre chiffonnée
  On dirait un clown avec ses pompes de sécurité
  Elle pleure ça lui fait un nez en compote
  C'est tout mélangé
  Elle pleure, elle ne sait plus qui elle est
  Elle ne veut plus savoir qui elle est
  Elle trébuche sur elle même
  Elle s'effondre sur son ombre
  Elle s'abat contre mon ombre
  On se regarde dans ce miroir inversé
  Et puis les mots l'apaisent
  Et puis les mots la grandissent
  Et puis les mots la soulèvent
  Elle a le visage badigeonné
  On a pas de mouchoir
  Je prends la lettre de licenciement
  Et lui essuie le nez et lui dis
  Mouche toi et crache là dedans
  C'est tout ce que ça vaut.

 

22/02/2017

l'oeil & la plume... juste un peu de poussière ?

Cathy Garcia  Limbes  2016.jpg
texte & illustration cathy garcia

 

 

 

Les mouches fermières ronronnent sur la peau de lait. Déguisé en mendiant, un bleuet part en fumée. Sur les toits, une pie s’effarouche et dans les herbes hautes, les cailles s’endorment en rêvant à des nids sur la lune. Une guêpe allumée dessine des jarretelles sur les pattes d’une musaraigne. Les laitues sont aux champs, les biches aux abois. Les murmures pourrissent sur des chemins d’épines.

 

Aux portes de la ville, valse de muses infécondes. Cantiques de murailles à faire froid dans le dos. La langue râpeuse de l’étranger, sa langue hachée, servie juste trop cuite à ceux qui pensaient pouvoir l’avaler. Des gorgones, des maux de têtes apparaissent les soirs de grand vent. Ces soirs où les passants passent comme des mortes-feuilles, où les enfants s’accrochent aux lampadaires qui urinent sans façon sur des chiens vêtus de noir.

 

Dans les jardins publics, qu’il vente ou qu’il pleuve, les mantes non religieuses sucent des fourmis à miel. Cela offusque et excite les vieilles coquettes, chapeau, gants, eau de violette. Diamants concassés dans leurs regards éteints.

 

Oui, juste un peu de poussière.

 

2000

21/02/2017

le corps, l'oeil & la plume... kaori ito