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22/05/2018

l'oeil & la plume... selon le vent (fragments)

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textes & illustrations par                                                  Le Salut invérifiable d'un Idiot souterrain   2014

 

Avec ou sans nous

 

Trop de vérité sont inutilisables. Une ferveur nouvelle doit creuser nos traits : nos postures peuvent n’être plus que des tics qui grandissent, & la cendre n’est pas la norme du feu. La perfection est innocente, sans mérite ni culpabilité : il n’y a pas de destin, il n’y a aucun devoir. Il n’y a plus d’opacité à déplorere. La nécessité est indifférente mais Sa splendeur vaut la peine d’être éprouvée. Le cosmos est insondable & n’agit pas : il se transforme. Chaque chose est à sa place & peut-être n’y a-t-il rien à attendre, car tout est égal & sans double. Quant aux promesses nous connaissons leurs lendemains, & ce pas ne mène pas aux souvenirs : personne ne se soucie de nous, personne ne le doit. L’éternité est partout vivante, avec ou sans nous.

 

…/…

 

Selon le vent

 

Nous sommes ici & là, selon le vent. Nous passons, partout, selon nos manières que rien ne décrète. Des mondes se font, s’émeuvent & se défont : ils sont leur propre destination. Nous sommes sans origine, sans utilité, faisant les usages qui nous font. Des tâches sont tues, leurs effets importent. Nous les produisons par la nécessité que nous sentons. L’immense mouvement d’eau assemble des pluies, nous connaissons l’étendue que nous marchons, là où les images brûlent sans chaleur. Tout demeure & rien ne revient. Tout est simple & définitif, tout change : l’éternité est vivante.

Chaque pas est son propre lieu. C’est une solitude dont le vent fait les appuis. D’autres ont erré avant nous, parmi ces clartés que nous tairons aussi. Je La connais par cet amour humain, que le chant ne prouve pas. Tout est proche.

 

l’ancien monde s’est envolé

 

 

21/05/2018

l’œil & la plume... terrain vague

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texte de fanny sheper                                                                                                              collage  jlmi  2014
 

 

Jardin sinistre et filandreux,

On y découvre parfois aux petits matins glauques

Des corps glacés de starlette au rouge à lèvre défait

C’est un lieu ravissant pour les méfaits des grands méchants.

Une nature hostile que la ville a rendue stérile

Une capote entachée prés d’un cœur brisé,

Des herbes revêches et rêches

Qui se cramponnent aux bas filés.

Des bouts de verre, des capsules de bière

Des fleurs saccagées qu’on ne pourra jamais consoler.

C’est un endroit où le rêve ne peut sauver

Un jardin flippant aux grillages éventrés

C’est là que tu vas pour t’éprouver

Pour t’habituer, pour t’assombrir les pieds

Tu t’y couches la nuit pour mieux supporter les méfaits du jour

Tu  y creuses tes larmes pour avoir moins mal

Lorsque dans les rues  sales du matin  

Tu entends les hurlements des innocents traqués.

 

20/05/2018

l'eoil & la plume... mais qu'est ce que je fous là ?

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texte bruno toméra                                                                                                                           ill.  jlmi  2014

 

 

Vous êtes là à bavarder avec de vieilles connaissances

ou d'obscures collègues du beau temps et surtout de la pluie,

du dernier trop long métrage très " in ", de ces chansonniers

si engagés et généreux chantant pour les restos du coeur...

D'un écrivain tenace à patauger dans le merdeux hit parade littéraire,

de ce poète enseveli réintégré contre sa volonté dans l'actualité

de l'anniversaire de sa naissance ou de sa mort. Amen.

De votre normalité si complaisante soit elle,

de votre libido en phase avec les trois quart de votre entourage

( ce qui n'est pas un exploit...)

D'une telle si garce, d'un autre si benêt,

de la dernière info lyophilisée,

du prochain match de l'équipe de France,

de la montée des eaux et des descentes aux enfers,

de l'infâme agression des barbares,

du désir sécuritaire, du peureux frisson de l'existence,

du visage de l'économie mondiale,

du prix au kilo de faux-filet,

du malheur planifié des uns

et de la félicité matérielle des autres,

du grand complot des puissants

   - Et que nous on y peut rien, mon brave monsieur...

Vous êtes là avec votre valise de phrases toutes faites,

signe d'intégration

et tout à coup vous vous sentez aspiré par un vent

qui souffle, qui souffle, une bourrasque qui vous emporte

vers d'étranges destinations,

plus rien ne vous retient aux amarres

surtout pas les neutres banalités qui s'empilent

plus connes les unes que les autres.

Une enseigne lumineuse clignote

dans votre cerveau avec inscrit

   " Mais qu'est ce que je fous là ?..."

triste figurant du vaudeville humain.

   " Mais qu'est ce que je fous là ?..."

Cette interrogation comme une poignée de porte

qui peut être ouvrirait le coffre fort

du bonheur et de toutes les pétillantes questions

de la tonitruante humanité.

On franchirait bien ce pas de porte.

On est bien trop lâche.

Le vent s'adoucit et nous dépose enclume

dans le sérieux revenu des parlottes.

De toute façon, nous ne sommes pas doués pour le bonheur

et peut être que le bonheur ne veut pas de nous.

De peur qu'avec nos drôles de manières

nous ne le transformions en malheur.

Je crois qu'il a pas tort.