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16/05/2018

l'oeil & la plume ... liberté de parole

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texte de hédi bouraoui                                                                                                            collage  jlmi  2014   

 

À Tahar Djaout, Youssef Sebti, Abdelkader Alloula in memoriam

 

 

Je vous écris d’un pays lointain…

        de neige et de verglas…

Pour rappeler au monde le sacrifice de votre vie

Vous lâchement assassinés

        tombés sous de traîtres balles

Abattus hommes et femmes de lettres

Vos assassins n’auront  jamais le dernier mot

 

Saccagée la bibliothèque de vos mémoires

Ensanglantés vos livres… maudites vos créations

Vous n’avez été que les passeurs de vive tolérance

Les revendicateurs d’une liberté royale d’informer

Dévoiler la vérité douce-amère là où elle se loge

Dans le scarabée ou les empreintes des loches

N’étiez-vous pas la voix de l’Islam qui dit ?

Lis au Nom de ton Seigneur qui a enseigné

A la personne tout ce que personne ne savait

Vous les créateurs d’un monde de paix  Vos écrits

Seuls auront le dernier mot

Comme vous avez eu le premier

 

J’invoque l’esprit et la lettre de vos cris du cœur

Pour arrêter le carnage des Fous de Dieu bornés

qui tuent leurs frères

En religion comme des bourdons de la foi

Qui va tourner la page

de cette absurdité meurtrière ?

Faire sauter les chaînes débiles

des endoctrinés de la haine ?

L’Islam est paix pour les Musulmans…

Juifs et Chrétiens

Tous les êtres du Livre qui prêchent la  fraternité

 

Mais aujourd’hui les frères égorgent leurs frères

Quand s’arrêtera la barbarie ? S’éteindra la folie ?

Ces boucheries dépassent

Toutes les limites du tolérable

Raison de plus de torpiller…

Les fanatiques toutes couleurs

Arrêter le sang versé dans la blancheur de l’aube

Que suis-je en train de dire  moi l’apolitique

Qui n’a jamais adhéré à un parti

de gauche ou de droite ?

Je vomis ma colère pour sortir de l’enfer où l’on m’a

Installé pour l’amour d’un pouvoir de guenille

Ne valant pas une seule goutte de rosée !

 

Je vous écris d’un pays de grisaille et de brunante

Où nos querelles intestines sont pacotilles face à

L’insupportable sauvagerie d’une Algérie malade

Le soleil et la mer aveuglent

ces Intégristes de malheurs

Qui renient mémoire et avenir…

dans un présent détraqué

En deçà  de la vie  par delà la mort

Fantômes hantez-les !

Soufflez Furies dans ces têtes citrouilles

Rien ne les arrête !

Que leur barbe-mascarade

ne puisse plus faire fleurir !

Un poil de violence sur leur gueule infestée

 

Invoquons résistance révolte et calame de maux

Car nous sommes au bout du rouleau des sacrifices

Luttons contre tous les fanatiques de mauvaise foi

Ils ne reconnaissent ni loi ni amour de soi

Refusons d’être les martyrs de la foi

qui n’a pas de foi

 

Debout levez vos drapeaux de paix…

        de justice debout !

Je suis avec vous debout munis

        de mes mots oliviers

Qui tentent de raviver la flamme

        du bonheur à cœur ouvert

Quand la racine pourrie paradant droiture

        Telle ordure primaire

Sera arrachée de nos terres arables…

        De notre ciel courroucé ?

Rien ne semble arrêter ces conquérants

        d’un pouvoir fantoche !

Leur fiel amer à gouverner

        dans la pitance de tous les délits

Levez-vous Majorité silencieuse…

        Dites Non aux Castrateurs

Du verbe qui fait mouche

        dans leurs cœurs-potirons

La paix triomphera un jour…

        En dépit de tous les abus

 

 in Livr'Errance  Ed. D'Ici et d'Ailleurs  2005

 

15/05/2018

l'oeil & la plume... sept bols de thé

Yuan Jiang-Penglai_Island  1708.jpg
texte de Lu Tong  790–835                encre de Yuan Jiang       Penglai_Island  1708
 

Le premier bol humidifie mes lèvres & ma gorge ;

Le second déchire ma solitude ;

Le troisième fouille mes entrailles stériles,

& en extirpe de quoi composer cinq mille rouleaux ;

Le quatrième bol provoque une légère sudation

et les injustices de toute une vie s'évaporent par les pores de ma peau ;

Le cinquième purifie ma chair & mes os ;

Le sixième me fait tutoyer les immortels...

Le septième bol ne sera pas bu ;

                            un souffle de vent léger & frais agite mes manches.

 

Mais où est l’Île de Penglai ,  Lu Tong souhaite chevaucher cette douce brise pour y accoster…

 

 

trad jlmi à partir d’une v° en anglais

 

l’île de Penglai, ‘’l’île flottante’’, est le refuge des Huit Immortels Taoïstes selon les légendes alchimiques forgées au cours de la dynastie Tang.

Elle était identifiée au Japon où le Mont Fuji est aussi appelé le Mont Hörai ( Penglai en chinois )    jlmi

 

Plus sur Lu Tong  sur Penglai

 

 

14/05/2018

l'oeil & la plume... poème sur la mort d'un monastère de banlieue (fragment II )

 

cg le puits du ciel 2013.jpg
texte de d.a. levy                                                                                       photo "le puits du ciel"  cathy garcia  2008
 
 

Mes plus grandes soifs
ont été étanchées
par les réponses
que j'ai apportées
moi-même
pourtant, je suppose
que je n'aurais jamais pu les trouver
sans ce rond de lumière
sur Euclid Avenue

on ne pouvait pas avoir
une bonne tasse de café
au Puits
même
en faisant tout son possible
même en attendant
très longtemps

J'ai paumé trois bonnes années
dans des sachets de thé éventé
du jus de chaussettes et ce chocolat brûlant
qui se collait à votre palais
c'était comme escalader une montagne
une montagne chrétienne
le Puits était là pour qu'on le conquière
à cette différence près que personne ne pouvait découvrir
exactement ce qui se passait là
ou à quoi ça pouvait bien servir


l'establishment essaya d'abord de fermer
le Puits à cause des Beatniks - qu'on appellerait
plus tard Hippies - et un décret
fut pris interdisant le port des sandales
à east cleveland

En deuxième lieu, ce fut à cause des blacks, comme si toutes
ces jeunes nanas allaient se mettre tout à coup à baisser
leur culotte à la vue d'une peau
noire - mec, personne ne pouvait se farcir
ces minettes - et ces minettes
ne se laissaient mettre par personne.
et le viol c'est pour les gamins
donc il ne se passait rien

alors Troisièmement ce fut à cause des hors-la-loi à moto
qui provoquaient des emmerdes sauf que je
n'ai jamais vu d’emmerdes, je n'ai jamais vu
le moindre poil de cul, je n'ai jamais bu une tasse
de café convenable, mais j'ai passé pas mal de temps
à attendre et j'ai entendu pas mal de guitares pleurer de douleur -

je ne sais pas pourquoi ils voulaient fermer
le Puits
mais je suis bien content qu'ils l'aient fait
j'aurais pu passer toute ma vie
à attendre que quelque chose se passe

il est mort de mort naturelle
quand le Bar de la Presse a décidé d'agrandir
le nébuleux café
ne s'est jamais transformé en nova
il a seulement été remplacé par une paire
de tables de billard et maintenant plus personne ne se tracasse
pour savoir qui se fait baiser par qui
du moment que ces mômes à cheveux longs
ne chantent plus les vieux refrains de Pete Seeger
ou les chansons de Joan Baez et qu'ils ne fument plus de persil
et ne prennent plus ces amphétamines à base de farine

…/…

les adeptes de John Birch sont venus voir au Puits
un soir portant en écharpe leur forme bizarre
de patriotisme - les mômes de 16 ans les ont rembarrés en se marrant
les jeunes trotzkystes aussi sont venus parler au
Puits, les mômes de 16 ans sont allés se coucher
ou bien se sont énervés & sont partis
se balader dans les rues

LE PUITS un café vraiment libéral est mort de sa belle mort - le 1er juin 1968
Repose Ingénu dans la Paix

Lenore Kandel, J.D. Kuch, sauvez-moi !

 

in Poème sur la mort d’un monastère de banlieue


“Suburban Monastery Death Poem”, Zero Edition, Cleveland 1968
“Suburban Monastery Death Poem”, Second Zero Edition, Cleveland 1976
“Poème sur la Mort d'un Monastère de Banlieue”, in Starscrewer Spécial, Berguette, 1981
“Poème sur la Mort d'un Monastère de Banlieue”, Station Underground d’Émerveillement Littéraire, Berguette, 1993. ISBN 2 909834 11 5 (traduction Lucien Suel)