16/05/2018
l'oeil & la plume ... liberté de parole
À Tahar Djaout, Youssef Sebti, Abdelkader Alloula in memoriam
Je vous écris d’un pays lointain…
de neige et de verglas…
Pour rappeler au monde le sacrifice de votre vie
Vous lâchement assassinés
tombés sous de traîtres balles
Abattus hommes et femmes de lettres
Vos assassins n’auront jamais le dernier mot
Saccagée la bibliothèque de vos mémoires
Ensanglantés vos livres… maudites vos créations
Vous n’avez été que les passeurs de vive tolérance
Les revendicateurs d’une liberté royale d’informer
Dévoiler la vérité douce-amère là où elle se loge
Dans le scarabée ou les empreintes des loches
N’étiez-vous pas la voix de l’Islam qui dit ?
Lis au Nom de ton Seigneur qui a enseigné
A la personne tout ce que personne ne savait
Vous les créateurs d’un monde de paix Vos écrits
Seuls auront le dernier mot
Comme vous avez eu le premier
J’invoque l’esprit et la lettre de vos cris du cœur
Pour arrêter le carnage des Fous de Dieu bornés
qui tuent leurs frères
En religion comme des bourdons de la foi
Qui va tourner la page
de cette absurdité meurtrière ?
Faire sauter les chaînes débiles
des endoctrinés de la haine ?
L’Islam est paix pour les Musulmans…
Juifs et Chrétiens
Tous les êtres du Livre qui prêchent la fraternité
Mais aujourd’hui les frères égorgent leurs frères
Quand s’arrêtera la barbarie ? S’éteindra la folie ?
Ces boucheries dépassent
Toutes les limites du tolérable
Raison de plus de torpiller…
Les fanatiques toutes couleurs
Arrêter le sang versé dans la blancheur de l’aube
Que suis-je en train de dire moi l’apolitique
Qui n’a jamais adhéré à un parti
de gauche ou de droite ?
Je vomis ma colère pour sortir de l’enfer où l’on m’a
Installé pour l’amour d’un pouvoir de guenille
Ne valant pas une seule goutte de rosée !
Je vous écris d’un pays de grisaille et de brunante
Où nos querelles intestines sont pacotilles face à
L’insupportable sauvagerie d’une Algérie malade
Le soleil et la mer aveuglent
ces Intégristes de malheurs
Qui renient mémoire et avenir…
dans un présent détraqué
En deçà de la vie par delà la mort
Fantômes hantez-les !
Soufflez Furies dans ces têtes citrouilles
Rien ne les arrête !
Que leur barbe-mascarade
ne puisse plus faire fleurir !
Un poil de violence sur leur gueule infestée
Invoquons résistance révolte et calame de maux
Car nous sommes au bout du rouleau des sacrifices
Luttons contre tous les fanatiques de mauvaise foi
Ils ne reconnaissent ni loi ni amour de soi
Refusons d’être les martyrs de la foi
qui n’a pas de foi
Debout levez vos drapeaux de paix…
de justice debout !
Je suis avec vous debout munis
de mes mots oliviers
Qui tentent de raviver la flamme
du bonheur à cœur ouvert
Quand la racine pourrie paradant droiture
Telle ordure primaire
Sera arrachée de nos terres arables…
De notre ciel courroucé ?
Rien ne semble arrêter ces conquérants
d’un pouvoir fantoche !
Leur fiel amer à gouverner
dans la pitance de tous les délits
Levez-vous Majorité silencieuse…
Dites Non aux Castrateurs
Du verbe qui fait mouche
dans leurs cœurs-potirons
La paix triomphera un jour…
En dépit de tous les abus
in Livr'Errance Ed. D'Ici et d'Ailleurs 2005
00:29 Publié dans l'oeil & la plume | Lien permanent | Commentaires (1)
15/05/2018
l'oeil & la plume... sept bols de thé
Le premier bol humidifie mes lèvres & ma gorge ;
Le second déchire ma solitude ;
Le troisième fouille mes entrailles stériles,
& en extirpe de quoi composer cinq mille rouleaux ;
Le quatrième bol provoque une légère sudation
et les injustices de toute une vie s'évaporent par les pores de ma peau ;
Le cinquième purifie ma chair & mes os ;
Le sixième me fait tutoyer les immortels...
Le septième bol ne sera pas bu ;
un souffle de vent léger & frais agite mes manches.
Mais où est l’Île de Penglai , Lu Tong souhaite chevaucher cette douce brise pour y accoster…
trad jlmi à partir d’une v° en anglais
l’île de Penglai, ‘’l’île flottante’’, est le refuge des Huit Immortels Taoïstes selon les légendes alchimiques forgées au cours de la dynastie Tang.
Elle était identifiée au Japon où le Mont Fuji est aussi appelé le Mont Hörai ( Penglai en chinois ) jlmi
00:27 Publié dans l'oeil & la plume | Lien permanent | Commentaires (1)
14/05/2018
l'oeil & la plume... poème sur la mort d'un monastère de banlieue (fragment II )
texte de d.a. levy photo "le puits du ciel" cathy garcia 2008
Mes plus grandes soifs
ont été étanchées
par les réponses
que j'ai apportées
moi-même
pourtant, je suppose
que je n'aurais jamais pu les trouver
sans ce rond de lumière
sur Euclid Avenue
on ne pouvait pas avoir
une bonne tasse de café
au Puits
même
en faisant tout son possible
même en attendant
très longtemps
J'ai paumé trois bonnes années
dans des sachets de thé éventé
du jus de chaussettes et ce chocolat brûlant
qui se collait à votre palais
c'était comme escalader une montagne
une montagne chrétienne
le Puits était là pour qu'on le conquière
à cette différence près que personne ne pouvait découvrir
exactement ce qui se passait là
ou à quoi ça pouvait bien servir
l'establishment essaya d'abord de fermer
le Puits à cause des Beatniks - qu'on appellerait
plus tard Hippies - et un décret
fut pris interdisant le port des sandales
à east cleveland
En deuxième lieu, ce fut à cause des blacks, comme si toutes
ces jeunes nanas allaient se mettre tout à coup à baisser
leur culotte à la vue d'une peau
noire - mec, personne ne pouvait se farcir
ces minettes - et ces minettes
ne se laissaient mettre par personne.
et le viol c'est pour les gamins
donc il ne se passait rien
alors Troisièmement ce fut à cause des hors-la-loi à moto
qui provoquaient des emmerdes sauf que je
n'ai jamais vu d’emmerdes, je n'ai jamais vu
le moindre poil de cul, je n'ai jamais bu une tasse
de café convenable, mais j'ai passé pas mal de temps
à attendre et j'ai entendu pas mal de guitares pleurer de douleur -
je ne sais pas pourquoi ils voulaient fermer
le Puits
mais je suis bien content qu'ils l'aient fait
j'aurais pu passer toute ma vie
à attendre que quelque chose se passe
il est mort de mort naturelle
quand le Bar de la Presse a décidé d'agrandir
le nébuleux café
ne s'est jamais transformé en nova
il a seulement été remplacé par une paire
de tables de billard et maintenant plus personne ne se tracasse
pour savoir qui se fait baiser par qui
du moment que ces mômes à cheveux longs
ne chantent plus les vieux refrains de Pete Seeger
ou les chansons de Joan Baez et qu'ils ne fument plus de persil
et ne prennent plus ces amphétamines à base de farine
…/…
les adeptes de John Birch sont venus voir au Puits
un soir portant en écharpe leur forme bizarre
de patriotisme - les mômes de 16 ans les ont rembarrés en se marrant
les jeunes trotzkystes aussi sont venus parler au
Puits, les mômes de 16 ans sont allés se coucher
ou bien se sont énervés & sont partis
se balader dans les rues
LE PUITS un café vraiment libéral est mort de sa belle mort - le 1er juin 1968
Repose Ingénu dans la Paix
Lenore Kandel, J.D. Kuch, sauvez-moi !
in Poème sur la mort d’un monastère de banlieue
“Suburban Monastery Death Poem”, Zero Edition, Cleveland 1968
“Suburban Monastery Death Poem”, Second Zero Edition, Cleveland 1976
“Poème sur la Mort d'un Monastère de Banlieue”, in Starscrewer Spécial, Berguette, 1981
“Poème sur la Mort d'un Monastère de Banlieue”, Station Underground d’Émerveillement Littéraire, Berguette, 1993. ISBN 2 909834 11 5 (traduction Lucien Suel)
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