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28/05/2017

l'oeil & la plume... accro aux barbelés

 

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texte de fanny sheper                                                                  sur "banlieue" de jlmi  2009

 

 

 

Accro aux barbelés

Fil de fer aux araignées griffues

C’est ici que je traverse quand je vais te voir

C’est ici qu’on s’affranchit de la terre

C’est ici, que l’on traverse

Que les barreaux deviennent atmosphère.

C’est là que je m’écorche les doigts

Pour mieux t’entendre quand je suis trop bas.

Derrière la clôture acérée

Il y a tout ce qu’il n’y a pas ici.

Il a des bourrasques superbes

Qui éclatent folles dans des cieux libres. 

Il y a des aubes claires comme des rivières

On voit nos plumes plastiques,

Abandonnées sur le fil,

Nos petites tenues déchirées encore accrochées. 

Traces de nos évasions radieuses. 

Traces de nos corps enchevêtrés dans les barbelés

Eraflures qui nous donnent

Un plaisir étrange et mélancolique. 

C’est le rencard des rêveurs accros

Qui se bécotent entre les ronces rouillés. 

Il faut les voir s’enrouler comme des poissons avant d’éclore. 

C’est là qu’on perce la réalité d’un seul plongeon

Qu’on largue ses débris d’enclumes

C’est là qu’on tombe amoureux de la fuite

Et c’est pour ça que je t’aime autant que mon évasion. 

Barbelé aux araignées de limailles,

Tu m’as appris la liberté.

 

 

27/05/2017

l'oreille d'un sourd... ils vendent tout

 

‘’Cale toi ça dans les oreilles ça devrait te parler. Clin d'œil ‘’. bruno toméra (2013)

 

une reprise donc !

 

 

 

 

 

Ils vendent les coquillages de bord de mer
Comme ils ont vendu l’eau,
Prêts à troquer leurs mères
Ces salauds...
Ils vendent le sable fin, les algues
Et ils conviennent
Pour s’enrichir de brev’ter
Les couleurs et l’oxygène.
Ils vendent aux plus offrants
Mais n’offrent rien, jamais d’cadeaux,
Sauf pour un abonnement de bienvenu
A tous leurs idéaux.
Ils vendent les hymens de
Jeunes vierges sur la planète
Et les mains ouvrières
De jeunes enfants analphabètes.
Ils vendent tous les combats d’hier,
Les acquis des grands-pères ;
Ils vendent ce qu’ils rejettent
Et tous leurs déchets nucléaires.
Ils vendent des dictatures
Et de l’or noir dans les assiettes,
Des mètres cubes d’air pur
Ils ont décidé qu’ça s’achète !
Ils vendent même le sacré,
Le visage des guérilléros ;
Les slogans des révolutions
En période de promo.
Ils vendent les symphonies
Aux opérateurs de mobile ;
Aux pays du Tiers-Monde
Ils vendent leurs vieilles automobiles.
Ils vendent tous les progrès passés
Et leurs vieilles maladies,
Ne dévoilent jamais les secrets
De leurs vieilles pharmacies.
Ils vendent la solidarité,
Les pièces jaunes des grands-mères ;
Préfèrent la charité,
Ont inventé l’humanitaire.
Ils vendent coûte que coûte
Tout c’qui leur coûte et même l’écoute ;
Vendent tous les engagements
Même les mots, leur langage ment .
 
Ils vendent à coup d’publicité
Des espoirs sans lend’mains
Au public des cités
A qui ils ont lié les mains.
Ils vendent la peau de l’homme
Et bien avant de l’avoir tué ;
L’ours, le loup et l’orme
Sont des espèces du temps passé.
Ils vendent des marées noires
Et sacrifient les littoraux ;
Dans l’arène des gueulards
Ils vendent l’agonie des taureaux.
Ils vendent de vieilles constitutions
Aussi malades que leurs systèmes ;
Ils condamnent la contestation
Dans des tribunaux qu’ils enchaînent.
Ils vendent depuis toujours
Le travail des travailleurs ;
Ont vendu nos vieux jours,
Des mouroirs comme dernière demeure.
 
Ils vendent l’idée laïque
En dépeçant l’universel ;
Les clergés revanchards
Sont toujours une bonne clientèle.
Ils ont vendu la signification
Du mot public,
Celui qui s’oppose aux lois de l’argent
Est archaïque.
Ils vendent aux oreilles innocentes
Que des chansons sans âmes
Pourvu qu’elles soient divertissantes,
Ils endorment le quidam.
Ils vendent au grattage, au tirage
A la française des bœufs ;
On se gratte, ils nous tirent,
Jamais d’affaire c’est pas du jeu.
Ils vendent aux yeux bleus des mineurs
Des poussières sans charbon ;
Ils percent au fond des cœurs
Une existence sans fond.
Ils vendent aux sans papiers
Des grillages sans les griots ;
Les marchands d’barbelés
Déménagent tous les idéaux.
 
Ils vendent le devenir
Des grands primates en liberté ;
Les forêts séculaires
Y’a plus d’endroits où se cacher.
Ils vendent des armes
A des culs-de-jatte fanatisés ;
Ils vendent des larmes
A des orphelinats entiers.
Ils vendent aux élites corrompues
Le pouvoir d’informer,
Des bouquets satellites
Remplis d’épines empoisonnées.
Ils vendent l’esprit critique
A quelques philosophes mondains,
Les chiens de garde de la pensée unique
Aboient pour rien.
Ils vendent des étiquettes
Cousues à même la peau des gens ;
Leurs marques sont des tatouages
Que l’on refuse aux indigents.
Ils vendent à nos consciences
Un nouveau vocabulaire,
Ne disent plus « indigènes »
Mais parlent de main d’œuvre moins chère.
Ils vendent des rallyes arrogants,
Font l’pari du Dakar ;
A chaque édition
Des enfants écrasés par un char.
Ils vendent leurs sommets capitaux
En face des bidonvilles, c’est chic !
Transforment une capitale
Le temps d’un enjeu olympique.
Ils vendent, ils crient
« Soldons ! », « Cédons ! »,
Qu’importe les périodes,
Ils ont même vendu les saisons !
Ont vendu les organismes,
Les cellules et les planctons...
...
Ils ont même vendu les saisons !

 

Thomas Pitiot  

 

26/05/2017

l'oeil & la plume... la vengeance de la fille à la bouche en forme de cœur

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texte de vincent                                                                                                                   collage  jlmi  2014
 
 

Et voilà, la fille avec sa bouche en forme de cœur

m’a mis au pas, s’est vengée,

 

        - tu as eu ta chance, Vince, je t’avais prévenu

 

 moi j’avais choisi l’alcool ce soir là, et maintenant elle s’endort

        à côté de moi, dans mes draps bleus, mais pas le droit de la toucher,

que veux-tu que je fasse ? je ne vais pas la violer, je devrai peut-être y songer un instant

        mais je ne suis pas de ceux-là,

j’ai eu ma chance j’ai perdu

la dague dans mon flanc, je l’ai planté là tout seul !

 

        je suis à ses côtés, et je sais bien qu’elle va

s’enfuir et moi je vais la regarder faire, et la nuit devient froide

        et je regrette de ne pas avoir bu, il y a des instants où

        je sais pourquoi je me tue, pourquoi je me noie

 

        - j’ai toujours aimé ton jeu, je t’ai laissé faire, tu es

                dangereuse,

 

elle rit et jubile, une partie de moi aussi s’amuse de ça

que veux-tu que je fasse ? c’est aussi une amie qui accourt

        dès qu’elle apprend mes douleurs, on doit prendre

soin des amis, ceux-là sont si rares,

que veux tu que je

fasse ? son rire sonne clair et

il y existe quelque chose de libre et d’incontrôlable en elle, je ne veux

        pas être celui, qui brisera cela

 

au matin je la laisse à sa voiture, lorsque je rentre,

        je sais déjà, que je dois me guérir,

j’ai toujours préféré en avoir une à qui penser,

        mais je sais aussi quand elles s’approchent de trop près

 

voilà donc revenu le moment de me transformer à nouveau

        en coquille vide, pas de sentiments, juste un cœur

qui sonne creux,  juste de la glace là où jadis vivait un volcan

        et il restera, un goût de cendres dans ma bouche,

        le sourd désir de ronger mes veines, alors

dehors j’irai boire jusqu’à tomber, boire jusqu’à ressentir quelque chose

de la douleur ou de la rage,

et je ferai tout pour éloigner les sourires et les regards des amoureuses

        et je rentrerai pour m’endormir en hurlant, l’âme clouée

en croix, sur les murs sordides de mon existence