26/11/2017
l'oreille & la plume... Charlie Parker & Jack Kerouac
“Charlie Parker looked like a Buddha” lu par Jack Kerouac
Charlie Parker looked like Buddha.
Charlie Parker who recently died laughing at a juggler on TV
after weeks of strain and sickness
was called the perfect musician
and his expression on his face
was as calm beautiful and profund
as the image of the Buddha
represented in the East — the lidded eyes
the expression that says: all is well.
This was what Charlie Parker said
when he played: all is well.
You had the feeling of early-in-the-morning
like a hermit’s joy or like
the perfect cry
of some wild gang at a jam session
Wail! Whap!
Charlie burst his lungs to reach the speed of what the speedsters wanted
and what they wanted was his eternal slowdown.
A great musician
and a great creador
of forms
that ultimately find expression
in mores and what-have-you.
Musically as important as Beethoven
yet not regarded as such at all
a genteel conductor of string orchestras
in front of wich he stood proud and calm like a leader
of music
in the great historie Worldnight
and wailed his little saxophone
the alto
with piercing,
clear lament
in perfect tune and shining harmony
Toot!
As listeners reacted
without showing it
and began talking
and soon the whole joint is docking and talking
and everybody talking —
and Charlie
Parker
whistling them on to the brink of eternity
with his Irish St.
Patrick Patootlestick.
And like the holy mists
we blop and we plop
in the waters
of slaughter
and white meat —
and die
one after one
in Time.
And how sweet a story it is
when you hear Charlie Parker
tell it
either on records or at sessions
or at official bits in clubs
(shots in the arm for the wallet).
Gleefully he whistled the
perfect
horn
anyhow made no difference...
Charlie Parker forgive me.
Forgive me for not answering your eyes.
For not having made an indication
of that which you can devise.
Charlie Parker pray for me.
Pray for me and everybody.
In the Nirvanas of your brain
where you hide —
indulgent and huge —
no longer Charlie Parker
but the secret unsayable Name
that carries with it
merit not-to-be-measured
from here to up down east or west.
Charlie Parker lay the bane
off me ...and everybody.
Extrait de Mexico City Blues 1959 Chorus 239, 240 & 241.
traduction de Pierre Joris
Charlie Parker ressemblait à Bouddha
Charlie Parker qui est mort récemment
En riant d’un jongleur à la télé
Après des semaines de tension et de souffrance, s’appelait le Musicien Parfait.
Et son expression sur son visage
Etait aussi calme, belle et profonde
Que l’image de Bouddha
Représenté en Orient, les yeux voilés,
L’expression qui dit ‘’Tout va bien’’
- Voilà ce que Charlie Parker disait
Quand il jouait, Tout Va Bien.
On avait le sentiment lever-du-jour
Pareil à la joie de l’hermite, ou au
cri parfait
D’une bande sauvage à une jamesession
‘’Wail, Whap’’ – Charlie fit éclater
Ses poumons pour atteindre la vitesse
De ce que les mordus de la vitesse voulaient
Et ce qu’ils voulaient
C’était son ralentissement Eternel.
Un grand musicien et grand créateur
de formes
Qui ultimement trouvent leur expression
Dans les mœurs et ce que vous voudrez.
Musicalement aussi important que Beethoven
Mais sans être reconnu comme tel,
Un Chef d’Orchestre à Cordes comme il faut
Devant lesquels il se dressait,
Fier et calme, comme un leader
de la musique
Dans la Grande Nuit Historique du Monde,
Il fit gémir son petit saxophone,
L’alto, lamentation claire et
perçante,
Accord parfait et harmonie brillante,
Toot – et les auditeurs réagissaient
Sans le montrer et se mirent à parler
Et bientôt toute la boîte se mit à frémir
Et tout le monde parle et Charlie
Parker
Les siffle jusqu’au bout de l’éternité
Avec son bâton patoole à la St
Patrick irlandais,
Comme la sainte pisse nous blopons
Et plopons dans les eaux du
massacre
Et de la viande blanche, et mourons
L’un après l’autre, sans perdre
la mesure.
Et ce qu’elle est gentille, l’histoire
Quand vous entendez Charlie Parker
la raconter
Sur disque ou à une session,
Su lors d’un engagement dans un club,
Intraveineuse pour le portefeuille,
Gaiement il Sifflait le
saxo
parfait
De toute manière, pas de différence.
Charlie Parker, pardonnez-moi –
Pardonnez-moi pour ne pas avoir répondu à vos yeux –
Pour ne pas avoir su indiquer
Ce dont vous êtes capable d’inventer –
Charlie Parker, priez pour moi –
Dans les Nirvanas de votre cerveau
Où vous vous cachez, indulgent et immense,
Plus de Charlie Parker
Mais le nom secret et indicible
Portant un mérite
Immensurable d’ici.
Vers le haut, le bas, l’est ou l’ouest –
- Charlie Parker, levez le fléau,
de moi et de tout le monde
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25/11/2017
l'oeil & la plume... le Maître
texte de werner lambersy encre de Hokusai '' Daruma''
1.
Il voulait voir le maître.
Aussitôt reçu, il demanda : qu’est-ce que Dieu ?
D’un doigt sur le bouton électrique, le maître plongea la pièce dans l’obscurité.
Le jeune homme reprit : il faut donc y renoncer ?
Le maître d’un geste identique ralluma ; ses yeux souriaient avec bonté.
2.
Maître, qu’est-ce que la mort ?
Quoi ? Dit le maître.
Et le jeune homme répéta : qu’est-ce que la mort ?
Quoi ?
Maître, qu’est-ce que la mort ?
Quoi ?
Et le jeune homme se leva tandis que le maître prenait sa canne pour sortir.
3.
Maître, qu’est-ce que la pensée ?
D’une main vive le maître attrapa une mouche qui passait par là.
Maître, dit le jeune homme déçu : mais ce n’est qu’une mouche !
Le maître ouvrit la main pour qu’elle s’envole à l’air libre où tout peut arriver.
4.
Une jeune et jolie femme se plaça devant le maître
Maître, qu’est-ce que l’amour ?
Le maître ouvrit la bouche, comme pour répondre, puis il poussa un cri terrible et se
tint silencieux en riant doucement.
La jeune femme, trouvant sans doute la réponse satisfaisante, sourit à son tour et
se leva sans un mot.
versets 1 à 4 de ‘’on ne peut pas dépenser des centimes’’ inédit de werner lambersy
plus de versets ici
plus sur Hokusai là
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24/11/2017
l'oeil & la plume... histoire sans paroles
le dialogue silencieux
Tes doigts joints
ces fêlures de faïence,
la paume de tes mains
ce minuscule bol,
semble retenir des paroles
comme on retient l’eau fraîche
au jeu des rites enfantins.
Ta peau de tendre pêche
en a gravé des sortilèges
dans le carnet de santé du quotidien.
Ta peau que parfois tu abandonnes
pour ne laisser aucune trace
de ton ubiquité et ta chair saigne
des griffures du passé,
rien vraiment ne s’efface.
Le temps est sans gêne
à se confondre à l’intemporalité.
Ce matin dans cet hôpital
où l’espace est enfermé,
par delà la fenêtre, ton regard
tendait le pouce sur cette route nationale
qui déroule ses normalités,
je me suis assis près de ton errance
copilote de ton attelage du silence.
Le psy avec le sourire pressé de celui qui s’en fout
m’a poussé vers la sortie
où plutôt vers l’entrée
du monde malveillant des méchancetés.
Chez nous, il manque la moitié de notre vie,
la maison est peinte de léthargie.
Le chat ne fait plus sa tête de vieux chien,
pour ton retour il fignole des miaulements,
le moineau que tu as soigné
et baptisé « clown du vent «
vient tous les jours aux miettes de pain
et te croyant oiseau migrateur,
te réclame en pépiements chineurs,
il n’est pas tout à fait lui même.
Mais qui l’est ?
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