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13/03/2017

le ciseau & la plume... les ténèbres définitives

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sculpture poétique de jlmi sur la courte nouvelle ‘’Trois jours’' de Thomas Bernhard                                 ill. jlmi  2012

 

 

 

… les premières impressions, le chemin déjà […]

Se faire comprendre est impossible, ça n’existe pas.

Et cela devient naturellement toujours pire et toujours plus fort,

et il n’y a aucun salut ni aucun retour en arrière.

Dans l’obscurité tout devient clair.

        Ce que je préfère c’est être seul

        C’est en fait un état idéal

Ma maison est aussi en réalité, une gigantesque prison.

Au fond je ne voudrais rien d’autre que d’être laissé en paix.

[…] De savoir que tout s’écroule autour de moi

ou que tout devient ou non plus ridicule que ça n’est…

ça n’a pour moi absolument aucun sens,

et ça ne me conduit pas plus loin non plus,

ça ne me conduit surtout pas à moi-même…

[…] Dans le contact des êtres humains

il est aussi très bon d’interrompre brutalement la relation.

[…] et prendre continuellement la mélancolie en comprimé…

[…] Tentative de mettre le doigt sur des objets

qui se dissolvent au moment même où

l’on croit les avoir touchés.

… et si possible, en fermant les yeux,

accélérer la venue des ténèbres

et ne rouvrir les yeux

que lorsqu’on a la certitude d’être

absolument dans les ténèbres,

les ténèbres définitives.

 

11/03/2017

le ciseau & la plume... un ruisseau de solitude

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sculpture poétique de jlmi sur Thérèse & Isabelle de Violette Leduc                                                                   ill jlmi 2012

 

                                                                  

 

 

Faites que la nuit n’engendre pas la nuit.

J’ai une pieuvre dans le ventre.

L’amour est une invention épuisante.

Elle flatte la nuit dans mes cheveux.

La caresse est au frisson ce que le crépuscule est à l’éclair.

Je vois sous mes paupières.

J’écoute la lumière dans la caresse.

J’entends un déluge de pierres.

Mon corps prends la lumière du doigt comme le sable prend l’eau

Puis, des mots soutirés au silence et rendus aux ténèbres de sa patrie de dormeuse.

L’araignée me happe le sexe.

Je me veux pierre, une pierre dont les yeux sont des trous

Je vous regarde , je vous regarde lui crient mes yeux.

Je suis fondue de chaleur comme un fruit, j’ai le même écoulement de liqueur.

Mes chairs en lambeaux tombent sur des dentelles et finalement j’entends la rumeur des tragédies antiques.

Je l’attends avec une pleureuse dans le ventre.

A l’étroit entre les murs de ma joie, où pourrais-je user le temps ?

Il tombe du crépuscule dans la traversée de l’essaim de sonorités, le temps guindé à l’horloge me caresse.

J’entre dans un nuage, c’est une orgie de dangers.

Elle piaffe dans le lit pendant que par timidité je pose nue dans les ténèbres.

Je me lance dans un éboulis de tendresse, j’apprends l’infini dans mes formes, la pieuvre dans mes entrailles frémit.

J’ai de la drogue dans les talons, ma chair visionnaire rêve.

Je me sens toute neuve. Mon sexe, ma clairière.

Je me veux une machine qui ne soit pas machinale.

Je vois avec les yeux de l’esprit la lumière dans sa chair.

Deux rosaces s’épousent…

Nous créons la fête de l’oubli du temps, nous roulons enlacées sur une pente.

Nous cessons de respirer pour l’arrêt de vie et l’arrêt de mort.

Vivantes, allongées, flottantes, séparées, recueillies… qu’il est frais le ruisseau de solitude.

Nous sommes ruisselantes de lumière.

L’aube sera notre crépuscule d’une minute à l’autre.

 

 

 

 

20/02/2017

le ciseau & la plume... le pauvre chantre immortel

Sculpture poétique de jlmi sur les dialogues des Ailes du désir    

de Wim Wenders    

 

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                                                                                                                                    illustration jlmi  2011

 

 

Pour abolir l’éternité

tu butes sur tes couleurs.

Mettre à part les couleurs.

Dans une aquarelle de Paul Klee ?

 

Quand commence le temps ?

Au lieu de savoir, deviner, simplement.

Laisser survenir le lever du bord du monde avec ses propres mots.

Ne plus penser à rien, voir les visages.

Juste voir les visages ; saisir peu de chose.

A l’intérieur des yeux fermés, fermer encore les yeux.

Alors même les pierres se mettent à vivre

dans les taches des premières gouttes de pluie.

 

La belle inconnue d’Albert Camus,

comme le monde, paraît se noyer dans le crépuscule.

des troubles du présent.

C’en est fini du Grand Souffle,

du Va et Vient

de l’épopée de la Paix.

L’Humanité perd son enfance.

Où sont les miens, les obtus ?

Ceux des origines ?

 

Le pauvre chantre immortel

sur le seuil du no man’s land

se serait occupé de moi

mouche enfermée dans l’ambre

sans exiger de droit de passage

entre les lignes du terrain vague

C’est débile d’accord

mais ça aussi c’est débile…

«  Viens, je vais te montrer autre chose »

Pourquoi tes pensées s’égarent-elles ?

Le soir tombe dans ma tête. La peur…

Arrêter ce rêve pas encore rêvé

 

Les rondes, les signes et l’écriture jaillie du cercle…

Seules les flaques du présent frémissent

Seules les traces les plus anciennes mènent plus loin

 

Tu dois trouver seul,

c’est ce qu’il y a de beau !

Marcher et voir. Lever les yeux et devenir le monde.

 

Il était une fois… et donc il sera

pauvre chantre immortel…

car ils auront toujours besoin de toi plus que rien au monde

 

oOoOo