09/01/2013
le corps, l'œil & la plume : Joëlle Bouvier & Régis Obadia vus anna jouy
L’amour contre
bras corps souffle
épuisement jeu de massacre
relevailles sans naissance
le vide
extensions du monde
et ce recroquevillement au centre
nous un instant
déployés- ensemble
et puis rien
plus rien
déployés ensemble
plus ensemble
plus déployés
plus rien
tendues violences. tu me prends le regard je te rentre dedans
je me jette contre. tes bras n’ouvrent pas ton corps, je me fracasse contre ta chair, je me frappe je m’élance. briseras-tu le mur arriverais-je dedans ?
mettre mon sang dans le tien me loger au travers. passer outre, passer, travers. j’essaie je refais, je m’élance. j’y vais de ma puissance de ma sueur de ma rage infernale. tu sais que je ne vais pas y parvenir. tu ne peux rien. me recevoir me renvoyer me retenir un peu pour me faire croire que tu comprends. mais tu ne comprends rien tu es loin , même près tu es loin même loin tu es loin.
démence de bélier, démence du besoin du désir de nécessité effroyable. avoir part de ton ventre retourner dans ta vie première. m’envahir de toi. fractions de particules je cours je bombarde mon désir au cœur des particules. tu es encore de pierre. même tes bras, ton cercle, l’anse.
Solitude en rage.
je ne cesserai donc jamais?
05:21 Publié dans le corps, l'oeil & la plume | Lien permanent | Commentaires (0)
06/01/2013
parution
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ce livret est bien en français et non en anglais comme indiqué correction en cours
Préface de jean-louis millet
Fukushima !
Ce nom résonne dans toutes les mémoires comme celui d’une catastrophe nucléaire civile majeure. Et sur le terrain, rien n’est encore réglé…
Beaucoup a été écrit à ce sujet et il est intéressant de voir arriver ce recueil de Taro Aizu, poète japonais, natif de Fukushima, texte rédigé directement en français, langue apprise par l’auteur lors de ses études à l’Université.
Taro Aizu est aujourd’hui connu comme l’un des fondateurs du genre gogyoshi, littéralement poème de cinq lignes. Il en a d’ailleurs publié un recueil en français : La Terre Précieuse.
Dans Mon Fukushima, il associe prose et gogyoshi pour évoquer le drame vécu par sa ville natale, ses habitants et lui-même, l’expatrié.
Deux modes d’expressions donc, comme un écho à la dualité du titre qu’il a choisi. Mon Fukushima pour dire sa ville natale et Mon Fukushima pour raconter son expérience des suites de la catastrophe.
Son écriture directe du français donne à sa prose une simplicité candide, une sincérité de témoignage non romancé tout en hésitations entre dire ou garder pour soi, contrairement à ce qu’elle induit de tendresse et de sérénité dans les gogyoshi.
Dualité là encore entre le dit de l’instant saisi « au vol » d’un côté et, de l’autre, le développement de souvenirs éclatés dans ce choc frontal entre désastre et traditions.
Dans une manière de postface, Taro Aizu a résumé ceci en jouant des deux instruments traditionnels de la poésie japonaise : haibun et haïku qui dans une rythmique plus formelle résonnent au plus profond de nous tel les roulements d’un ensemble de taiko
Mon Fukushima ? Un recueil débordant d’espoir !
"Tous les fonds générés par ce livre, si tant est qu'il y en ait,
seront reversés aux enfants de Fukushima
afin de leur offrir des vacances d'été dans les îles japonaises méridionales."
Taro Aizu
04:10 Publié dans parutions | Lien permanent | Commentaires (2)
03/01/2013
Hommage à Bertrand Hattler
par le salut invérifiable d’un idiot souterrain
Peut-être n’était-il pas si malaisé de s’éveiller à autre chose à la fin des années 1980, alors que le reflux de toutes les causes qui auraient pu nous intéresser était irréversible. Nous en étions au point où le nihilisme n’était même plus une protestation. & pourtant nous ne manquions pas de l’enthousiasme de toutes les jeunesses, pour savoir par exemple si les drogues anciennes feraient de nouveau leurs preuves, pour le rock’n’roll & ses conséquences, pour la poésie & ses grandes figures tutélaires. Car comme l’avait annoncé Kerouac bien des années plus tôt, nous savions que, quelque part, « on nous tendrait la perle rare ». Pour Bertrand la poésie, vécue, n’était qu’une tentative – d’autres suivraient – pour trouver le lieu qui l’accueillerait mieux, & la formule d’une présence au monde qui lui soit propre. Mais celle-ci ne lui permit pas de s’ériger lui-même, pas plus que « toutes ces meurtrissures qu’il s’infligeait pour être certain d’être fait de chair et de sang. »
Il mit fin à cette existence d’errance & de souffrances par un banal après-midi de novembre, après une lutte que je sais sincère, sous-tendue par certaines de ses élégances, qui avaient tant de charme : les guerres non déclarées sont les plus terribles.
Le texte qui suit, extrait de Radio nuit noire*, n’est donc qu’un aperçu d’une aventure tentée, avec ses périls & ses illuminations, & s’il s’en dégage une impression de défaite, c’est une aventure qui en valait la peine. & si, en outre, ils ne sont pas sans défaut, c’est qu’ils ont été assemblés par un autre, car il a bien fallu trancher dans le vif des fragments retrouvés, tenter de produire un agencement qui rende compte – un peu – de certains élans, enclore ce qui semblait vouer à une sorte d’inachèvement essentiel. Mais cet agencement se veut rigoureux & loyal, car il est des promesses qui engagent presque toute la vie…
« J’ai lu Radio nuit noire et ça me plait bien, ça dégomme comme un M16 bien huilée, on y retrouve l’élan amerloque avec un accent français bien prononcé et ça ne gâche rien bien au contraire, c’est qui ce beau ténébreux de Bertrand Hattler ? «
bruno toméra juin 2012
blues vu par isabelle le gouic
Blues
J’ai bougé ce matin
Histoire de boire une bière
Je me suis dit qu’on pourrait peut-être gagner, Sur la fin.
Chaleur sèche du désert,
Soleil couché,
On m’a dit que quelqu’un avait été tué… Oubliez !
Personne n’en a rien à foutre.
Alors allons boire un verre,
Ça m’évitera peut-être
De foutre la merde,
En souvenir de la tribu.
Il y a des endroits
Où les hommes parlent
Et boivent.
Si tu tiens le coup
Tu pourras y passer la soirée.
Un connard de fils de pute
Alcoolique
Incite à l’émeute.
Seriez-vous capables
De mourir pour lui ?
Non.
Je crois qu’il vous pousserait à bout
Jusqu’à ce que vous explosiez…
Crois-tu pouvoir arrêter ma souffrance ?
Je te conseille de trouver une astuce,
Parce que je vais t’en faire baver.
Je n’en ai plus rien à foutre
Je bois
Pour me connecter
À l’esprit de la guerre.
Et si l’un d’entre vous en sait plus Qu’il s’avance !
Mais je ne veux pas être seul et pâle rôdeur,
Sortant des bars de minuit parce qu’il n’y a plus rien à boire.
Nous allons nous soûler et discuter toute la nuit,
Et je vais tenir aussi longtemps que je pourrai.
Ils n’ont pas encore gagné, petite sœur…
Mes yeux me font mal et je veux que tu m’accompagnes,
Mon dingue de frère en poésie, nous allons nous soûler
Et discuter toute la nuit.
Et je vais tenir aussi longtemps que je pourrai.
Ils n’ont pas encore gagné !
Au départ c’était juste de la poésie,
Pure poésie,
Mais tu m’as appelé pour autre chose.
Célébrer d’anciens rites,
Rien de politique,
Juste foutre le feu
Et bon Dieu !
Je sais faire ça !
Mais arrête la bagnole.
Je ne peux en supporter plus,
Parce que j’ai besoin de toi
Maintenant !
Camarades !
Maudites soient les étoiles
Balayées par le vent.
Et que la nuit soit une
Comme le tonnerre.
Tu as ta part de blessures.
Camarades !
Nous ne succomberons pas.
Alors cramponnes-toi fiston !
La porte est fermée à clef, il va falloir la défoncer
Avec nos organes,
Viandes,
Cerveaux électriques !
Et rien que d’y penser
Je bande et j’ai la trique !
* Radio nuit noire, recueils de textes de Bertrand Hattler publié par l'association le Rien Quotidien
04:51 Publié dans hommage à | Lien permanent | Commentaires (1)