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14/09/2018

l'oeil & la plume... de l'autre côté du tirloire

tirloirecontrast.jpg
texte de isabelle le gouic                                                                                                          collage   jlmi  2014

 

En cette frisselière journée du mois de narcicédille, Jeanjean aroubissait lentement sur la route borsifiée de grands tronchênes enlaçés. Les roues de sa lonchenille scouintaient tintillamment et raffrénaient sa pargession.

 

Au détour d'un tirloire, Jeanjean visuffla une chimière perchopée sur une brolline. Lursieux, il quitta la chemie principale et s'engafoula sur un serpinentier étroit. Il visufflait de loin la casetière d'où s'échirlait une épaisse estouffinade. Les narines de Jeanjean se rissaient à chaque époumation. Il n'était plus qu'à donze décipas de la chimière. Blâché derrière un immense tronchêne, il desgourdit de sa lonchenille, l'adossa au bron et se galancha dans l'herburage humide. Rien ne clissait, pas même un fafellement de mouche.

 

Après viz bonnes répinades, galanché dans la bourdière, Jeanjean se rebuqua glissivement, se friga virulement les digitoires et aroubissa vers la casetière. On n'échointait toujours pas la moindre clissade et Jeanjean s'intergrugea sur la trépence ou non de bonomidés. Il claquetta à la vistule, attendit une courte répinade, et débucla fissamment l'operclude.

A sa grande surbitude, il visuffla un couple de borluques assoupis. Dans un brouffin, tout près de ses bargans, dodofallait un borluquet. Une bollicieuse estouffinade de siandre aux lampignards s'échirlait dans la chimière. Les groix bonomidés ne se déclurent pas un instant de la trépence de l'estraclé à leurs boltrés.

Pendant qu'ils dodofallaient, Jeanjean s'esclipa dans la chandrine voisine et chaffourgna dans la lomogne en bois de tronchêne, tirleton après tirleton, puis il souleva le batoula du droc à balfraguand où il griba un rétignable prégord  dans le grommier : Groix bracadets en roncille, breux alludines en doc de cille, viz rouloques triclées de céphir et quelques claisses de roncille et d'agréban  en doire à col de gerte. Jeanjean se gargucha les padoches jusqu'au bloc et s'esclipa de la chimière à toutes lambades. Il se drua jusqu'à sa lonchenille et dispaga derrière le tirloire.

 

C'était une belle brancolte pour lui. Il était vahiaire de son caribolage et avait le sourire jusqu'aux ourlières. Quelques décimades plus tard, il fourperait les bracadets à son tontord Hector qui tient un madraguin d'andigues et de jateaux. Les alludines en doc de cille visèreraient sa frasine Léonne. Quant aux rouloques, ils les banqueriserait à Gaston et Alban, des briguedands qui reclendaient la roncille et l'agréban.

 

Pendant ce tournevent, le couple de borluques sortit de son dodofallement et visuffla avec esbroi les tirletons écharbis de la chandrine et le batoula du droc tout regourné. Ils gébrirent, poussèrent des ruques aigus par la vistule mais c’était déjà trop estardi. Le cambronneur avait disperdu dans la vatoire.

 

Jeanjean perniffla plus tard à Hector et à Léonne qu'il avait rabulé tous ces jolicadilles au pied d'un tronchêne en se ballassant. Il garda toute sa vie la vrédigable histée de ce caribolage pour lui.

 

 

13/09/2018

l'oeil & la plume... Ryoan ji Blues

bonsaï.jpg
texte & ill. jlmi

 

I

 

Au milieu du sanctuaire,

par un jour de pluie,

le Bouddha resplendit

sous un grand chapeau de femme.

 

Extrême gravité du bonze en zazen,

du silence sur les mains.

Toutes ses veines balbutient

sous la peau parchemin.

 

Sur la terrasse

de teck du temple

un peintre dont la vue s’obscurcit,

paupières qui palpitent, peint

en rides runiques

un résineux, épis bleu violet

dans les rochers nus ;

image qui bouge dans le pinceau souvenirs.

Le goyo matsu,

n’a de couleur ni ancienne ni moderne.

 

Poésie du bonsaï bunjingi

nu derrière la fenêtre…

… une cloche de bambou claquette

la caresse d’un souffle.

 

 

Murmure de mots interdits à l’oreille,

des dormeurs qui vécurent,

béquilles de brume fondues,

tout est beau dans la pénombre.

 

La hache et le coin…

Répondre ? …

Depuis toujours les oiseaux ont peur des chutes de pierre.

 

*****

 

II

 

Au milieu du sanctuaire

par une nuit de pleine lune,

le Bouddha sourit

des larmes de lotus.

 

Extrême gravité du bonze en zazen,

du silence sur les mains.

Dans l’ombre sombre du dojo

plus rien ne vit.

 

Sur la terrasse

de teck du temple

un peintre a éteint l’éclat

de ses yeux las

sans déranger une étoile.

En contre-point de ses encres

du linge sèche.

Les aquarelles de lumière

ne se font plus que sur les pierres du jardin

qui n’ont de couleur ni ancienne, ni moderne.

 

Poésie du bonsaï bunjingi

nu derrière la fenêtre…

… au kansaï hibachi, le charbon de bois rougeoie

l’éclat d’un rêve.

 

Murmure des mots d’accès aux univers

sans fin, réservoirs sans fond

d’éternité pour jours ultimes

sous la protection du silence.

 

Le fluant et l’immuable…

Répondre ?

 

Depuis toujours les pierres ont peur des chutes d’oiseaux.

 

 

****

 

III

 

 

Au milieu du sanctuaire

par un jour plein de nuit

le Bouddha se rit

de l’offense d’une fiente

 

Extrême gravité du bonze en zazen,

du silence sur les mains.

Son fleuve passe

sous le pont des brouillards

 

Sur la terrasse

de teck du temple

un vieil aveugle

assis, immobile

fixe le jardin

de ses yeux blanchis.

Le chant des sphères lui raconte

les 7 couleurs à  quoi penser.

Mais seules sont ses encres

qui n’ont de couleur ni ancienne, ni moderne.

 

Poésie du bonsaï bunjingi

nu derrière la fenêtre…

… par bribes, un mantra

récité d’une voix gutturale.

 

Murmure de mots immortels

qui n’ont jamais existé

qu’ici et maintenant.

Plus de langage, rien.

 

Le trait ou la page

Répondre ?

 

Depuis toujours les oiseaux de pierres ont peur des chutes.

 

***.

 

bunjingi : forme de bonsaï dite du lettré (la plante de l'illustration n'a pas cette forme)

dojo : salle

goyo matsu : pinus pentaphilla, pin

kansaï hibachi : brasero de la région de Kyoto

zazen : position assise de méditation

 

 

12/09/2018

l'oeil & la plume... gare de banlieue

salle d'attente 00contrast.jpg
texte de yvan goll                                                                                                        collage  jlmi  2014
 

 

Les trains de banlieue charrient la nuit

Comme une cargaison d'anthracite.

Ils pleurent sur leurs boggies

Mais cela ne leur sert à rien.

La pluie aussi pleure sur les hangars d'ennui.

Dans les champ désolés plus un corbeau.

Pourtant dans les salles d'attente

Les yeux brûlés par les phares d'espoir,

Aussi dociles que leurs choses

Que leur valise au hardes de bonheur

Les naufragés du jour attendent.

Qu'attendent-ils ?

De frêter un nuage ?

De grimper dans un cerisier en fleurs ?

Où simplement d'enterrer un cousin ?

 

In Sang Nouveau (4 ème année- XVII-XVIII N°1 et 2 mars/avril 1930 p.13)