11/01/2018
parution
Revue Nouveaux Délits n°59, éclosion !

Eh bien voilà revenue l’année nouvelle ! Nous savons que ça ne veut pas dire grand chose, mais si ça peut nous permettre de nous sentir de même un tant soit peu neufs, décidés à laisser derrière nous le pesant et l’obsolète... Une nouvelle chance, un nouveau départ, un peu de poudre de perlimpinpin qui brille, une virginité en toc, un lustre qui disparaitra en deux coups d’éponge, mais quelques secondes de rêve, ce n’est pas rien, alors on ne va pas se les gâcher en faisant du mauvais esprit, surtout quand on s’appelle « Nouveaux Délits ».
Si la lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil, comme l’écrivait Char, alors elle est au soleil pendant que d’autres sont au bureau, aussi spacieux soit-il. Alors, fait-elle vraiment souffrir cette lucidité ? Et si elle était justement la garante du rêve ? Entre la transparence et l’opacité, il y a la beauté de la translucidité, ce qui n’est pas sans rapport avec la poésie.
Aussi, je vous invite sans plus de blabla à la découverte des poètes de ce nouveau numéro. Je les ai choisis avec mon meilleur mauvais goût, clin d’œil à de pauvres petites idées fixes et préconçues et donc pas très neuves, de ce qu’est, doit être et ne peut pas être la poésie. Ne cherchez pas, la poésie n’y est déjà plus ! Souhaitons-nous plutôt de tirer le meilleur jus de cette année inédite et de le boire en chantant à tue-tête. Soyons sérieux : rions beaucoup et aimons plus encore !
Bonne année 2018 à vous toutes et tous et que la paix ferme le bec des imbéciles qui ne laissent pas passer la lumière.
CG
La poésie n’est pas un art pur, indépendant. Elle n’est que révélatrice. La poésie n’a pas besoin d’être, c’est tout le reste qui n’est pas, sans elle.
Cathy Garcia in Qué wonderful monde
(Nouveaux délits, coll. Les délits vrais éd. 2012)
 
 

 
AU SOMMAIRE
Délit de poésie dans l’irrespect total de la parité (mais c’est LA poésie) :
Pénélope Corps
Benoit Arcadias
Jean-Louis Millet avec six fragments de Psychorama holographique
Marc Guimo et des extraits de sa Réalité dispersée
Pablo Gelgon
Résonances :
Civilisé de Walter Ruhlmann, Urtica 2017
J’écris des poèmes de Murièle Modély, Éd. du Cygne, 2017
Délits d’(in)citations, petits flocons mignons qui fondent au coin des pages.
Vous trouverez le nouveau bulletin de complicité au fond en sortant, il est en tout point pareil que l’ancien, en digne résistant à la hausse des tarifs postaux.
Illustrateur : Arnaud Martin
 

http://www.arnaudmartinpeintre.com/
L’homme d’Osa
Il descendait de la montagne,
 il rentrait chez lui,
 on lui a fait traverser le fjord
 depuis Osa jusqu’à Öydvinstö.
 Il avait la main ouverte,
 il a offert de payer.
Mais l’homme d’Osa
 Ne voulut rien entendre.
 – Je veux payer ; 
 j’habite trop loin
 pour te rendre la pareille.
 – Eh bien, rends service
 à un autre homme,
 dit l’homme d’Osa,
 et il reprit les rames.
Olav H. Hauge
in Nord profond

 
Et toujours de la poésie À ÉCOUTER (et autres délires vocaux) sur http://cathygarcia.hautetfort.com/donner-de-la-voix/
et sur la chaîne youtube Donner de la voix.
Du fait maison avec les moyens et la technicienne du bord, pour le plaisir et le partage.
Nouveaux Délits - Janvier 2018 - ISSN : 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits Coupable responsable : Cathy Garcia Illustrateur : Arnaud Martin Correcteur : Élisée Bec http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com
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10/01/2018
l'oeil & la plume : Uluru
 texte werner lambersy                                                                                            collage photographique  jlmi  2013
texte werner lambersy                                                                                            collage photographique  jlmi  2013   
| ULURU 
 or what says the didjeridoo 
 You have a Uluru dreaming The mountain painted red For the world’s corroboree 
 You whom naked forefathers And untraceable souls Dream into being into shape 
 Into this trancelike sleep The oblivion of death 
 You are Uluru’s dream-one The holy mountain round Like the sun’s eye on The dead centre of the desert 
 And the moon in the cold Unwinking nights of The universe 
 Back when the borderless Deep dreamed Uluru Pregnant with aeons and ages 
 You are the splinter of glass From the mirror whereto The dead ones have gone To ground who blindly Dream you up 
 Musing their time away Into the mirror of mirrors Where the fables of nothing Ness are all made up 
 You are this likeness of A shape which absence Has been hollowing out Of the smouldering fire And the heavenly bodies Spreading out into a womb 
 You are the shadow of The shadow of one night Like sand blossoming Instantly under a stray Shower and like ozone In the wake of lightning 
 Uluru has dreamed you Into being 
 Now you are dreaming Of Uluru 
 Back here in Paris where Man weighs too lightly Ever to dream The long-suffering stone Dreams 
 Out there on the grey dry Island Uluru lies sleeping 
 And here you lie asleep Inside Uluru the bearer Mother of the coppernail Seeds of the sunsets Across which you toss A fretful shadow 
 Out there on the great rock Where you are not a thing Apart but an unsevered Length of the umbilical Chord of aeons as they go 
 Out there Uluru lies sleeping Out your part of the founding Covenant dreaming up The main point 
 And its navel is a starry tunnel To the all-soul of matter And the moist eye of love 
 Listen you here in Paris Where man has gone so deaf That he needs books to throw As life-belts into the din 
 Listen you To what the didgeridoo Is saying over there 
 As the man with his skin Painted red for the seminal Dance of the days 
 Tears out of the throat deer- Like the deep mellow bell And his breath spurts out Like sperm into sound 
 Listen you for the evenly Pounded beat of the feet Of your brothers and sisters In the lineal moving band 
 And for the dust settling Back silently upon their Footprints one galaxy To the next like drums 
 As the drummers of light Call each other out across The forest of darkness 
 Uluru is within you and you Are within the Uluru dreaming 
 In the native emptiness That chaos first dreamed up Out of nothingness Here then in Paris where the sky Is a back drop to the beauty Of women and the air a sort of Plinth to flaunt the champions Of thrills 
 Hear deep inside the song of Uluru whose dream is both The manly thrust And the eternal egg-cell Of each moment 
 For Uluru dreams their dreaming Whom the spark of love Has made lighter than the iron- Clad warrior hampered with The armour of his own death And by his own frail knees 
 And so you nurse the thought of Uluru right here in Paris In the tree stirring under a flock Of starlings In a tomcat’s old wireless As the purrs in the sun 
 Or in the scarf of mist Around the neck and down The asphalt shoulder of the city 
 Uluru crops up wherever men Dream of setting back to nought The scores of hatred 
 The dead died for failing to do so 
 You are Uluru’s dream who saw live Being born Like the faint wisps of recollection Of a dream you just woke out of And go on to tell the next man 
 Right here in Paris in Uluru’s Aboriginal memory You are as naked when you love 
 As the reflection that flits across The window-panes 
 And the cloud-one dancing On the Seine 
 Then you tell yourself you are Uluru 
 Your penis is the didgeridoo And your skin and the painted caves Of your soul Echo That same sound and song Recognized from beyond memory 
 
 
 English translation by Daniel De Bruycker | ULURU 
 ou ce que dit le didjeridoo 
 Tu as le rêve d'Uluru La montagne peinte en rouge Pour la danse rituelle des mondes 
 Toi que des ancêtres nus Et des âmes sans corps Rêvent et envisagent 
 Pour être dans les transes du sommeil Et non dans l'oubli de la mort 
 Tu es le rêver d'Uluru Montagne sainte et ronde Comme l'œil du soleil Au milieu de désert 
 Ou la lune par les nuits Froides et sans paupières De l'univers 
 Quand l'abîme sans bord A rêvé qu'Uluru Serait enceinte des cycles et des âges 
 Tu es l'éclat de verre Du miroir où se cachent Les défunts Qui te rêvent Sans voir 
 Eux qui songent Au miroir des miroirs Où se sont engendrés Les mensonges du rien 
 Et l'image d'un corps Que l'absence A creusé Dans les débris du feu Et la fuite Utérine des astres 
 Tu es l'ombre De l'ombre d'une nuit Comme soudain Fleurit le sable Sous l'averse ou l'ozone A la suite de l'éclair 
 Uluru T'as rêvé 
 Et tu rêves Uluru 
 Ici à Paris Où les hommes pèsent si peu Qu'ils ne rêvent jamais Les longs rêves patients De la pierre 
 Là-bas dans la grande île sèche Uluru dort 
 Et tu dors Dans Uluru la porteuse Maternelle de l'ocre semence Des crépuscules Où tu agites Ton ombre 
 Là-bas sur la Grande Terre Où tu n'es pas quelque chose D'isolé mais un morceau non détaché Du cordon ombilical Des millénaires en cours 
 Là-bas Uluru dort à ta place et remplit le contrat initial de rêver l'essentiel 
 Et son nombril est un tunnel d'étoiles Vers l'âme unique de la matière Et l'œil humide de l'amour 
 Alors écoute ici à Paris Où les hommes sont tellement sourds Qu'ils ont besoin de livres comme des bouées qu'on lance dans le bruit 
 Ecoute Ce que là-bas Dit le didjeridoo 
 Quand l'homme à la peau Peinte en rouge Pour la danse féconde des jours 
 Arrache de sa bouche Le grand brame doux Et la giclée sonore Du sperme de son souffle 
 Ecoute ce que disent Les talons bien rythmés De tes frères et soeurs Dans la chaîne de la genèse 
 Et la poussière qui retombe En silence sur leurs pas Comme d'un tambour à l'autre Des galaxies 
 Quand les tambourinaires de la lumière Se répondent par-dessus La forêt des ténèbres 
 Uluru est en toi Et tu es dans le rêve d'Uluru 
 Dans le sommeil des origines Et du vide Que rêve le chaos Alors ici à Paris où le ciel est un socle A la beauté des femmes Et l'air un pavois où hisser Les héros Du frisson 
 Ecoute en toi la chanson d'Uluru Dont le rêve Et la force virile Et l'ovule éternelle De l'instant 
 Uluru dort du rêve de ceux Que l'étincelle d'aimer A rendu plus légers que l'hoplite Embarrassé par l'armure De sa mort Et la fragilité des genoux 
 Alors tu poses la pensée D'Uluru ici à Paris Dans l'arbre qui s'ébroue Sous un vol d'étourneaux Dans le vieux transistor d'un matou Qui ronronne au soleil 
 Ou l'écharpe de brume Autour du cou et sur les épaules En bitume de la ville 
 Uluru est partout Où l'on rêve de remettre Le compteur de la haine à zéro 
 Car les mots sont morts de ne pas l'avoir fait 
 Tu es le rêve d'Uluru Qui a vu naître la vie Comme un rêve dont celui qui s'éveille Se souvient vaguement Et raconte des bribes au suivant 
 Ici à Paris Dans la mémoire Aborigène d'Uluru Tu es aussi nu lorsque tu aimes 
 Que le reflet qui passe dans les vitres 
 Où le nuage danse Sur la Seine 
 Alors dis-toi Que tu es Uluru 
 Que ton sexe Est le didjeridoo Que ta peau Et les grottes peintes De ton âme Résonnent Des mêmes sons Reconnus immémoriaux 
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00:44 Publié dans l'oeil & la plume | Lien permanent | Commentaires (1)
09/01/2018
l'oeil subtil... Arnold Böcklin
animation par Pierre Oscar Lévy
00:05 Publié dans l'oeil subtil | Lien permanent | Commentaires (0)



