26/05/2014
l'oeil & la plume : complainte des mendiants de la Casbah & de la petite Yasmina tuée par son père ( fragment VII )
Je vous insulte
Hyènes et chacals
Avec toutes les injures de mon
Alphabet
Et je vous jette au crâne
toutes les potiches de mon
impuissance
Car
Hyènes et chacals
Vous meublez le long tunnel de votre ennui
Des dimanches et des jours creux
Avec le casse-croûte des faibles
Et vous en tapissez les murs avec la chair
De poule des gens qui dorment dans les
Igloos des nuits d'octobre
Parlez-moi
De plaisirs quand les gens criant famine et
Désolation
Mettent en marche le phonographe de leurs plaintes
Et battent
Les tambours de leur misère
Sur une place publique
Où
Personne
Ne s'arrête
Rien ne compte plus
Que ce vide des ventres
A combler qui résonne comme une orgue
Dans les crânes des abrutis satisfaits
Comment pouvez-vous vivre, gens de l'argent et de caviar avec ces poux
Que vous ne grattez pas?
Comment pouvez-vous avaler la pâtée
Gens de cravates et parfums que les cravates
N'étranglent
Pas et que le parfum
N'étouffe
Pas?
Comment pouvez-vous caresser vos femmes, lisser votre moustache,
Hausser les épaules, acheter un timbre, applaudir le Cid au théâtre
Des vies, distiller l'anis de vos satisfactions dans l'alambic de vos
Gosiers de pierre, marcher les pieds au sec et la tête dans un chapeau
Curer les ongles de vos chiens, avoir des enfants, tambouriner
Des doigts sans honte, aller la tête haute et le coeur lourd, rire du rire
Faux
Des gens sans conscience, mâcher le chewing-gum des ânes désabusés,
Décortiquer la croûte
D'un poème
Ou la coque d'une chanson pour en avaler sinistrement le fruit
Se dire comblé
Se dire ravi
Se dire heureux
Se dire bon
Se dire humain
Quand les saltimbanques de la misère
Chantent
Et dansent
Le ballet des petits pains devant des banquettes vides
Quand les clowns
poussifs
Epoumonés
Tuberculeux
De la charité
Soufflent dans le tube de leur intestin grêle
Pour bien vous montrer qu'il est
Vide
(d'après, Editions Bouchène, Alger, 1987. N° d'édition 001/87. Dépôt légal 1er trimestre 1987. Re-publié par le n°10 de la revue Albatroz, Paris, janvier 1994).
Source http://albatroz.blog4ever.com/ismaal-aat-djafer-complaint...
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22/05/2014
l'oeil & la plume : complainte des mendiants de la Casbah & de la petite Yasmina tuée par son père ( fragment VI )
Mais le ventre plein, les enfants de Charlemagne
Chantent une chanson
Une chanson qu'on apprend à l'école
Une fleur au chapeau
A la bouche une chanson
Un coeur joyeux et sincère
Et c'est tout ce qu'il faut
etc
Ah!
Il faut les voir le Vendredi en file
Indienne
En file
par autre
Dans les rues et dans les maisons, ramasser à la queue-leu-leu
Les pépites
De leur misère dans la boue des
Consciences
Piocher dans le bronze des coeurs un
Peu
De cette poussière de métal dont ils tapissent la peau de leurs
Estomacs
Pour les faims futures
Les mendicités se cultivent au
Fumier du Veau d'Or
Et
Se
La-
Bou-
Rent
Au soc de l'indifférence.
Ah ! gens d'enfer et de potence et du Vendredi
Que vous achetez au bazar
Du Bon Dieu
Et du remords reconnaissant
Huile d'olive laissée pour compte que vous videz goutte
A goutte
Sur les boulons de votre mécanique à produire de la simili-pitié
Goutte
A
Goutte
Larme à
Larme que vous repompez dans les sébilles
Des pauvres et les tirelires des petits enfants que vous écrasez
Du gros rire de vos
Camions
Ah! Hyènes et chacals
Il vous faut un jour à l'eau bénite
Dans une semaine
Païenne
Pour laver les guenilles et raccommoder les hardes de votre
FRATERNITE
Un jour
Clair
Pour la promenade de vos bons sentiments
Condamnés
A la réclusion perpétuelle dans les cachots de vos bêtises et de vos
Egoïsmes.
Je vous insulte
Hyènes et chacals
Quand passe à portée de ma voix la fenêtre
Par laquelle
Vous jetez votre argent aux troubadours de vos
Plaisirs
En
Piétinant les petits chanteurs sans voix
De la charité de la jambe
de bois sculpté
dans l'arbre de la
Stupidité
Je vous insulte
Braves gens
repus
cossus
A tous les modes de tous les temps
Pour vos largesses de dindons carrossant sur la roue
Et votre petitesse
De passants à la besace pleine et cadenassée par le
Fil de chanvre
Sale
Des harpagons de la cité
Je vous insulte
Hyènes et chacals pour ce jour propre
Au milieu de tous les jours
Sales.
Je vous insulte
Hyènes et chacals
Au nom de la Semaine de bonté
(d'après, Editions Bouchène, Alger, 1987. N° d'édition 001/87. Dépôt légal 1er trimestre 1987. Re-publié par le n°10 de la revue Albatroz, Paris, janvier 1994).
Source http://albatroz.blog4ever.com/ismaal-aat-djafer-complaint...
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18/05/2014
l'oeil & la plume : les grands espaces
Je crois que nous faisant face
Nous avions toujours le dos tourné
Entre nous tout était connu, étendu à sécher
Il n’y avait plus rien à démonter
Tout n’était que pièces détachées
Oubliées dans un carton de poussière
Et pour ne pas voir ce terrain vague
Vide
Nous fermions les yeux
Et parlions à tâtons.
Lentement aveugles
Tout devint bruit
Et le silence tomba
Comme la nuit des tropiques.
Installés au pied d’une décharge
Assis sur les marches du soir
Nous fixions l’horizon dans la même direction
Pour ne pas nous regarder.
Le vent faisait battre les volets
Un peu de terre soulevée, plus bas
Sous nos yeux se levaient les lumières de la ville.
Nous parlions une langue morte
Des textes sans images
Des dialogues sans personnages
La vie pratique était lieu de rencontre
Comme un parking de supermarché abandonné.
Nous attendions la libération.
in poèmes en loft / urgence poésie 2013
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