03/02/2018
l'oeil & la plume... non pas ici et maintenant mais...
Non pas ici et maintenant mais maintenant et ici.
Si vous ne savez que la différence
est question de vie ou de mort,
agenouillez-vous nu dans la neige
pour suivre la trotteuse de la montre
in l’éclipse de lune de Davenport & autres poèmes 1996
00:34 Publié dans l'oeil & la plume | Lien permanent | Commentaires (3)
02/02/2018
l'oeil & la plume... poème pour la dame qui habitait en haut de la rue
J’ai posé ma main sur le bois
clair
de votre cercueil,
votre maison lorsque j’étais enfant
était le point de ralliement, on venait
là, les gosses du quartier,
fumer des clopes et boire des bières
sans que vous le deviniez
c’est dans votre voiture que je suis
parti pour la première fois
voir le bleu de la mer,
il y avait toujours
votre sourire, votre manière
un peu guindée
de fumer des cigarettes fines
à la menthe
on riait souvent, et souvent
le soir, je pouvais rester
regarder la télé en couleurs.
quand on se faisait prendre
car nous étions des garnements
vous n’appeliez jamais nos
parents et nous
avons grandi ainsi
on apprenait
la vie, on était des gamins
puis des adolescents et
votre fille qui est comme ma
sœur a lu vos mots
au dessus de votre
cercueil, Dieu
que vous écriviez bien,
et votre petite
fille vous a lu un magnifique adieu
écrit de sa main juvénile, vous deviez
être fière d’elle de là-haut
et nous avons tous pleuré
un peu plus
et votre fils qui
est comme mon frère
ne pouvait
dire un mot, étranglé
par le chagrin, moi
j’étais tout au fond
à ravaler mes sanglots
vêtu d’une stupide
(inutile et incongrue)
pudeur tout en pensant
que tous ces gens ici
vous aimaient et
surtout que,
tous ces gens ici,
vous les aimiez
et pour le bleu de la mer
le bleu de la vie
et le bleu de votre
sourire
je voulais vous crier un
merci, mais vous n’étiez plus
là, alors j’ai posé la main
sur le bois clair de votre cercueil
et je l’ai murmuré comme on
parle à la douceur du vent,
le vent qui emporte
vers le ciel les
âmes bleus qui s’en vont
loin des larmes de ceux
qui restent
00:58 Publié dans l'oeil & la plume | Lien permanent | Commentaires (1)
01/02/2018
l'oeil & la plume... l'autre jour au métro des Arènes
L'autre jour au métro des Arènes, deux filles plutôt bien gaulées, le détail est insignifiant mais je l'ai noté, se sont mises à hurler très fort. Cela se passait devant le portillon. Pour une banale histoire de sac, que l'une avait balancé violemment contre le postérieur de l'autre. Même si, parce qu'elles s'excitaient, la raison initiale de l'altercation devenait dans la salle haut de plafond du métro totalement secondaire. On n'entendait plus que les connasse, les va te faire foutre, les ta mère suce des bites en enfer.
La première était très rouge parce que très claire de peau, la seconde un peu moins, et rouge et de peau. Mais leurs bouches ourlées, leurs visages parfaitement maquillés, c'est là que le détail apparemment anodin du début prend toute son importance, se déformaient bizarrement et avec constance, pour dégueuler le chapelet de saloperies. D'ailleurs le mot saloperie convenait bien à la scène. Parce qu'elles étaient mignonnes, à forte poitrine et lèvres pulpeuses, le mot salope sonnait familièrement aux oreilles. Ou comment évacuer l'absurdité des vociférations de l'une et de l'autre dans des divagations sémantiques. En regardant ces filles, j'avais pensé aux mots pétasses, cagoles, makrelles, à mon dictionnaire personnel de clichés.
J'avais reçu réellement leurs mots en pleine gueule. J'emploie sciemment le mot gueule, il y avait une odeur fauve dans l'air, quelque chose d'animal. La peur, ou peut-être la rage. J'étais moi aussi rouge, bien que noire de peau, incapable seulement de comprendre le sens profond de nos mots.
une fille
à la sortie du métro
bouscule
une autre fille
gueule
devant le portillon du métro
l'une sur l'autre
une fille
dégueule
un sac contre une hanche
à la sortie du métro
fend
les peaux tendues de trop
bouscule
sur le mur du métro
de gros glaviots
s'enfilent
des mots en "cule"
une fille puis l'autre
dégoulinent les maux
à grands coups de
marteau
dans le métro
une fille l'autre
dans mon oreille
00:23 Publié dans l'oeil & la plume | Lien permanent | Commentaires (0)