27/11/2017
l'oeil & la plume... trou de mémoire
 texte de isabelle le gouic                                                                                             ill.  ''série noire IV'' jlmi  2005
texte de isabelle le gouic                                                                                             ill.  ''série noire IV'' jlmi  2005
J'ai un blanc fait de noir, un tout blanc, un néant, un trou noir. J'ai un blanc fait de noir sans raison, sans savoir. J'ai un blanc tout béant, déraison dérisoire. J'ai un blanc fait de noir, aube claire faite de soir. Je vois blanc, je veux croire, je vois noir quand tout foire. J'ai un blanc fait de noir, trou de mémoire à mon histoire, sans raison, sans savoir, un trou blanc, un trou noir. Ca dépend du vent, ça dépend d'avant, ça dépend des soirs, tout ça reste à voir. J'ai un blanc fait de noir quand je bois mes déboires, pas de p'tit blanc qui aigrit, mais un p'tit noir pour y voir ma mémoire dans le marc. C'est troublant ce trou blanc, c'est troublant ce trou noir. J'ai un blanc fait de noir, sans raison, sans savoir. C'est glissant comme le blanc d'une patinoire, comme le savon blanc dans la baignoire. Sans raison, sans savoir, je suis un été blanc sous l'éteignoir. J'ai un blanc fait de noir. C'est accablant, c'est un cas blanc, c'est un cas noir. Sans faire semblant, j'ai le sang blanc, j'ai le sang noir quand papier blanc devient grimoire sous l'encre noire criblant le blanc.
... J'ai un blanc fait de noir, un tout blanc, un néant, un trou noir. J'ai un blanc tout béant, déraison dérisoire.
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26/11/2017
l'oreille & la plume... Charlie Parker & Jack Kerouac

“Charlie Parker looked like a Buddha” lu par Jack Kerouac
Charlie Parker looked like Buddha.
 Charlie Parker who recently died laughing at a juggler on TV
 after weeks of strain and sickness
 was called the perfect musician
 and his expression on his face
 was as calm beautiful and profund
 as the image of the Buddha
 represented in the East — the lidded eyes
 the expression that says: all is well.
 
         This was what Charlie Parker said 
when he played: all is well.
 You had the feeling of early-in-the-morning
 like a hermit’s joy or like 
the perfect cry
of some wild gang at a jam session
 Wail! Whap!
 Charlie burst his lungs to reach the speed of what the speedsters wanted
 and what they wanted was his eternal slowdown.
 
 
A great musician
 and a great creador
of forms
 that ultimately find expression
 in mores and what-have-you.
 
 Musically as important as Beethoven
 yet not regarded as such at all
 a genteel conductor of string orchestras
 in front of wich he stood proud and calm like a leader 
of music
in the great historie Worldnight
 and wailed his little saxophone
 the alto
       with piercing, 
clear lament
 in perfect tune and shining harmony
 Toot!
As listeners reacted
 without showing it
 and began talking
 and soon the whole joint is docking and talking
 and everybody talking —
 and Charlie 
Parker
 whistling them on to the brink of eternity
 with his Irish St. 
Patrick Patootlestick.
 And like the holy mists
 we blop and we plop
 in the waters 
of slaughter
and white meat —
 and die
 one after one
          in Time.
 
 
And how sweet a story it is
 when you hear Charlie Parker  
tell it
 either on records or at sessions
 or at official bits in clubs
 (shots in the arm for the wallet).
 Gleefully he whistled the 
perfect
horn
 anyhow made no difference...
 Charlie Parker forgive me.
 Forgive me for not answering your eyes.
 For not having made an indication
 of that which you can devise.
 Charlie Parker pray for me.
 Pray for me and everybody.
 
 In the Nirvanas of your brain
 where you hide —
 indulgent and huge —
 no longer Charlie Parker
 but the secret unsayable Name
 that carries with it
 merit not-to-be-measured
 from here to up down east or west.
          Charlie Parker lay the bane 
off me ...and everybody.
Extrait de Mexico City Blues 1959 Chorus 239, 240 & 241.
traduction de Pierre Joris
Charlie Parker ressemblait à Bouddha
Charlie Parker qui est mort récemment
En riant d’un jongleur à la télé
Après des semaines de tension et de souffrance, s’appelait le Musicien Parfait.
Et son expression sur son visage
Etait aussi calme, belle et profonde
Que l’image de Bouddha
Représenté en Orient, les yeux voilés,
L’expression qui dit ‘’Tout va bien’’
- Voilà ce que Charlie Parker disait
Quand il jouait, Tout Va Bien.
On avait le sentiment lever-du-jour
Pareil à la joie de l’hermite, ou au
cri parfait
D’une bande sauvage à une jamesession
‘’Wail, Whap’’ – Charlie fit éclater
Ses poumons pour atteindre la vitesse
De ce que les mordus de la vitesse voulaient
Et ce qu’ils voulaient
C’était son ralentissement Eternel.
Un grand musicien et grand créateur
de formes
Qui ultimement trouvent leur expression
Dans les mœurs et ce que vous voudrez.
Musicalement aussi important que Beethoven
Mais sans être reconnu comme tel,
Un Chef d’Orchestre à Cordes comme il faut
Devant lesquels il se dressait,
Fier et calme, comme un leader
de la musique
Dans la Grande Nuit Historique du Monde,
Il fit gémir son petit saxophone,
L’alto, lamentation claire et
perçante,
Accord parfait et harmonie brillante,
Toot – et les auditeurs réagissaient
Sans le montrer et se mirent à parler
Et bientôt toute la boîte se mit à frémir
Et tout le monde parle et Charlie
Parker
Les siffle jusqu’au bout de l’éternité
Avec son bâton patoole à la St
Patrick irlandais,
Comme la sainte pisse nous blopons
Et plopons dans les eaux du
massacre
Et de la viande blanche, et mourons
L’un après l’autre, sans perdre
la mesure.
Et ce qu’elle est gentille, l’histoire
Quand vous entendez Charlie Parker
la raconter
Sur disque ou à une session,
Su lors d’un engagement dans un club,
Intraveineuse pour le portefeuille,
Gaiement il Sifflait le
saxo
parfait
De toute manière, pas de différence.
Charlie Parker, pardonnez-moi –
Pardonnez-moi pour ne pas avoir répondu à vos yeux –
Pour ne pas avoir su indiquer
Ce dont vous êtes capable d’inventer –
Charlie Parker, priez pour moi –
Dans les Nirvanas de votre cerveau
Où vous vous cachez, indulgent et immense,
Plus de Charlie Parker
Mais le nom secret et indicible
Portant un mérite
Immensurable d’ici.
Vers le haut, le bas, l’est ou l’ouest –
- Charlie Parker, levez le fléau,
de moi et de tout le monde
00:39 Publié dans l'oreille & la plume | Lien permanent | Commentaires (0)
25/11/2017
l'oeil & la plume... le Maître

texte de werner lambersy encre de Hokusai '' Daruma''
1.
Il voulait voir le maître.
Aussitôt reçu, il demanda : qu’est-ce que Dieu ?
D’un doigt sur le bouton électrique, le maître plongea la pièce dans l’obscurité.
Le jeune homme reprit : il faut donc y renoncer ?
Le maître d’un geste identique ralluma ; ses yeux souriaient avec bonté.
2.
Maître, qu’est-ce que la mort ?
Quoi ? Dit le maître.
Et le jeune homme répéta : qu’est-ce que la mort ?
Quoi ?
Maître, qu’est-ce que la mort ?
Quoi ?
Et le jeune homme se leva tandis que le maître prenait sa canne pour sortir.
3.
Maître, qu’est-ce que la pensée ?
D’une main vive le maître attrapa une mouche qui passait par là.
Maître, dit le jeune homme déçu : mais ce n’est qu’une mouche !
Le maître ouvrit la main pour qu’elle s’envole à l’air libre où tout peut arriver.
4.
Une jeune et jolie femme se plaça devant le maître
Maître, qu’est-ce que l’amour ?
Le maître ouvrit la bouche, comme pour répondre, puis il poussa un cri terrible et se
tint silencieux en riant doucement.
La jeune femme, trouvant sans doute la réponse satisfaisante, sourit à son tour et
se leva sans un mot.
versets 1 à 4 de ‘’on ne peut pas dépenser des centimes’’ inédit de werner lambersy
plus de versets ici
plus sur Hokusai  là
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