17/03/2019
l'oeil & la plume... complainte des mendiants de la Casbah & de la petite Yasmina tuée par son père ( fragment II )
Deux heures de minutes de silence
A la mémoire des morts de faim
A la mémoire des morts de froid
A la mémoire des morts de sommeil
A la mémoire des morts fauchés
Et une minute papillon je t'en prie après vous, je vous en prie.
A la mémoire aussi
Des morts vivants, ni trop morts ni trop vivants
Qui sont encore
Vivants
Faute de mieux.
Un jour
Dans les rues de ma Casbah
Je me suis mis à compter les pauvres
Les gueux dénombraient leur vermine
Puces, poux, punaises emballage compris
In n'y a qu'un soleil pour tous
Pour les Américains et pour les Cannibales.
Mais les pauvres ne savaient pas
Compter
Et moi
J'avais la flemme de le faire
Car
Au fond, Charlemagne, je m'en fiche
Moi
De tous les crétins, les miteux, les pouilleux, les
Dégueulasses, les infirmes, les crevettes, les malheureux
Les ivrognes, les camemberts, les truands, les tordus,
Les sourds-muets
Et tous les autres, les gros et les maigres
Du moment
Que je peux plus acheter à la Petite Source
En chipant la salière et le pot de moutarde
Mon cornet de frites
Pour le manger
Rue de l'Ancienne Comédie et puis Rue de Buci...
L'absurde complainte de mes frères
L'absurde appel aux coeurs généreux
Seigneur, regardez-les
Donnez-leur leur caviar quotidien.
N'oubliez pas aussi
Leurs enfants
Ils ont besoin d'aller au cinéma.
Mais le ventre plein les enfants de Charlemagne
Chantent une chanson
Une chanson qu'on apprend à l'école :
Il était un
Petit navire (bis
Qui naviguait je ne sais plus comment
Ohé...
Ohé...
(d'après, Editions Bouchène, Alger, 1987. N° d'édition 001/87. Dépôt légal 1er trimestre 1987. Re-publié par le n°10 de la revue Albatroz, Paris, janvier 1994).
Source http://albatroz.blog4ever.com/ismaal-aat-djafer-complaint...
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