12/04/2018
l'oeil & la plume... beau garçon
Beau garçon était sur les berges du Tagliamento
et, content lui aussi, son petit chien aboyait.
Le maître passe par là : « Holà beau garçon,
je te donne cent francs pour ton petit cœur joyeux. »
« Oui, maître, oui, pour cent francs je te le donne,
je serai gai, même si je ne ris pas. »
Sept mois ont passé, le beau garçon
est sur les berges du Tagliamento, et son petit chien est couché.
Une dame passe par là, elle aperçoit ses belles frisettes
qui brillent au soleil telle la fleur du narcisse.
« Beau garçon, si tu me donnes ces
boucles d’or, je te trouveraiune place. »
« Prenez-les, madame, c’est que nous sommes pauvres,
et même sans ces bouclettes nous serons heureux. »
Et, tout content, il va sur le pont du Tagliamento
porter sur son dos ces grands blocs de ciment.
Sept mois ont passé, le pont est achevé
mais le cœur du garçon saigne toujours davantage.
« Que fais-tu ici à Trieste, beau garçon intimidé ? »
« Je suis chômeur, et je porte ma croix. »
« Donne moi ta santé, et je te donnerai du travail. »
« Prends ma santé, je dois après tout bien manger. »
Sonnez, pauvres cloches, sonnez l’Ave Maria,
car le garçon s’en vient plein de mélancolie.
Sonnez, pauvres cloches, sonnez les Matines,
car il est désormais vieux, le beau garçon.
in le testamen Coràn (1947-1952)
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