03/11/2017
livr'art... chants sauvages
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02/11/2017
l'oeil & la plume... parfois dans la chambre
texte de murièle modély ill. jlmi 2017
parfois dans la chambre
il ne se passe absolument rien
de métaphorique
du cru, du cul, rien que du très banal
aucune pensée poétique
dans le lit, entre les jambes
parfois le président s'invite
avec son énième discours cynique
entre les draps, souvent tu penses
à tes impôts, au racisme, à tes soucis
à la liste des courses
tu serres les dents très fort, tu voudrais jouir, bordel
ne pas penser au lendemain
à la bête immonde, au type qui dort
en bas de ton immeuble
tu voudrais, tu en as honte, n'être qu'une peau
un frisson qui court comme un poème
un petit, un haïku qu'importe
un jeu de langues, au propre comme au figuré
qui te ferait quitter
qui ferait décoller
la réalité
passer par la fenêtre et cramer au soleil
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01/11/2017
l'oeil & la plume... funérarium
La veuve me dit
- O mon pauvre Bruno, on est bien peu de chose.
- A qui le dites vous, lui dis je, en regardant le macchabée
gelé, allongé blanchâtre dans l'éternité.
Faut bien exorciser les départs, inciser le bubon, agiter les mouchoirs
avant de visser le couvercle et pousser le tout dans un coin de la mémoire
édulcorée.
Bon dieu, ceux qui nous précèdent ne sont que des empafés à nous rappeler
que la fusée pour le néant est parée pour nos zigues mais il est toujours plus
facile de pleurer sur la fatale inertie des autres parce que ça veut dire que l'on
est toujours debout à admirer la ligne d'horizon sur cette planète gracieuse et
qu'avec de la bouffe, un lit moelleux et les rondeurs d'une fille dedans, on
voudrait y squatter perpétuellement sans trop se poser de questions sur la
finalité du bouillon de culture. Et puis l'âme... Ce passe partout accommodant,
est elle convaincue de cette balade inédite dans le rien ? Posséder la
conscience de soi n'est pas assez, cette trouillarde conscience en veut des
frissons, alors l'âme c'est la suprême surprise, cerise sur le gâteau rance.
Et peut être que l'âme de mes chats écrasés m'attendent et puis l'âme de
cette cinglée de sardine suicidaire tenace à s'échouer sur cette plage de
matin du monde, trois fois je l'ai remise dans le sens du large et ces boucs
émissaires de taureaux qui canalisent toute la féroce inexistence de ces
bouchers en collant moule burnes scintillant et des traumatisés sexuels
jouissant de la souffrance avec leur pétoire lustrée à deux coups. Tous mes
animaux savent à quoi s'en tenir et n'en demande pas tant, de l'âme et du saint Frusquin.
Et puis l'âme des vieux journaux et leurs dépêches sanguinolentes et leurs
hommages niais immérités. Et l'âme de l'enfance innocente qui n'est qu'un
conte pour flatter le sentiment de survivance des parents devant ce parterre
de mioches, futurs connards aussi sûr que le sont leurs géniteurs. On
s'extasie bien sur n'importe quoi. Que l'on foute tout ça dans un colissimo,
direction les tréfonds de la galaxie la plus lointaine.
Côtoyer un ramassis de crétins vivants est déjà une épreuve, alors imaginer
se les taper dans l'au-delà, cela tenait de la philosophie tordue.
Une goutte fraîche d'eau bénite me sortit de ma torpeur méditative, la salle
de l'ultime repos était comble de spectateurs alléchés attendant contrits de
jouer le premier rôle, le goupillon ne chômait pas à balancer la sainte flotte,
un sérieux essorage s'imposerait bientôt pour le gisant impassible sous cette
giboulée sacrée.
Une abeille dans mon cerveau s'amusait d'un virtuose vol acrobatique. Etourdi,
je me dirigeais vers la flemmarde lueur de la sortie d'un pas pressé. Pressé...
je me demande bien pourquoi ?...
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