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31/03/2019

l'oeil & la plume... si tu viens

lucie dm recad.jpg
texte de lucie delarue-mardus   ill. jlmi 2019*

 

 

 

Si tu viens, je prendrai tes lèvres dès la porte,

Nous irons sans parler dans l'ombre et les coussins,

Je t'y ferai tomber, longue comme une morte,

Et, passionnément, je chercherai tes seins.

 

A travers ton bouquet de corsage, ma bouche

Prendra leur pointe nue et rose entre deux fleurs,

Et t'écoutant gémir du baiser qui les touche,

Je te désirerai, jusqu'aux pleurs, jusqu'aux pleurs!

 

-Or, les lèvres au sein, je veux que ma main droite

Fasse vibrer ton corps -instrument sans défaut -

Que tout l'art de l'Amour inspiré de Sapho

Exalte cette chair sensible intime et moite.

 

Mais quand le difficile et terrible plaisir

Te cambrera, livrée, éperdûment ouverte,

Puissé-je retenir l'élan fou du désir

Qui crispera mes doigts contre col inerte!

 

in Nos amours secrètes   (1902-1905)

* base photos de ldm de 1905 coll. félix potin n°3 + the kiss de clarence h. white de 1904

 

30/03/2019

l'oeil & la plume... dans les tourbillons de l'âme

4168960614.JPG
titre de jlmi                                 photo cathy garcia mars 2019




dans les tourbillons de l'âme...


plus de photo de cathy garcia

29/03/2019

l'oeil & la plume... nous n’étions pas censées survivre

Lorde, Audre 2017
texte de Audre Lorde             photo x

 

 

Pour celles d’entre nous qui vivent sur le rivage
debout, sur le dur rebord de la décision
cruciale et seule
pour celles d’entre nous qui ne peuvent pas s’abandonner
aux rêves fugaces du choix
qui aiment dans l’embrasure des portes, allant et venant,
aux heures d’entre deux aubes
regardant à l’intérieur et à l’extérieur
à la fois avant et près
cherchant un maintenant qui pourrait engendrer des futurs
comme le pain dans la bouche de nos enfants
pour que leurs rêves ne reflètent pas la mort des nôtres.

Pour celles d’entre nous
sur qui on a imprimé la peur
comme une ligne fine au milieu de nos fronts
une peur apprise dans le lait de nos mères
car par cette arme
cette illusion d’une certaine sécurité à trouver
les pieds lourds espéraient nous faire taire
Pour nous toutes
ce moment et ce triomphe
Nous n’étions pas censées survivre.

Et quand le soleil se lève nous avons peur qu’il ne reste pas
quand il se couche
qu’il ne se lève pas le lendemain
quand notre ventre est plein nous avons peur
de l’indigestion
quand notre ventre est vide nous avons peur
de ne plus jamais manger
quand nous sommes aimées nous avons peur
que l’amour disparaisse
quand nous sommes seules nous avons peur
que l’amour ne revienne jamais
et quand nous parlons nous avons peur
que nos mots ne soient pas entendus
ni bienvenus
mais si nous nous taisons
nous avons toujours peur

Il vaut donc mieux parler
sachant que
nous n’étions pas censées survivre.

 

 

audre lorde