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22/06/2014

l’œil & la plume : psychorama holographique VII

jlmi miroir botticellire+métro.jpg
texte & collage jlmi 2014
 

 

 

Le silence du miroir bien au-delà de l’entendement

Les lianes bleutées de réverbérations infimes

Le calme apparent d’un canard sur une mare, mais sous la surface, les pattes…

La lumière cruelle des flaques

L’interstice saturé du silence obscur d’un blanc inexpliqué

Les calepins fossoyeurs d’ombres

Le grand livre de la lumière en ruine

L’éclipse des émotions dans l’instabilité des sentiments

Le noir miroir des pensées incertaines

Réponse : L’errance désespérée

Question : L’érotisation forcenée des rapports humains

Les liens imperfectibles de la folie en tête

La lueur bleue d’entre les brins d’herbe

La fluidité des femmes de Botticelli

Le vertige vertical des chorégraphies de Carolyn Carlson

Le calme infini de l’infini des nuances de gris

La naissance d’une couleur au dessus des toits

La respiration des villes tels les sanglots d’un chagrin touffu

Les conversations autour d’un bol de nouilles

L’odeur de détresse du métro parisien

L’irrésistible d’un être lointain

Réponse : L’effroi des précipices

Question : L’étrange dans l’étranger

La soie apaisante d’une caresse sur la géographie d’un visage

La bretelle fripée sur son épaule nue/dénudée

La mystique des odeurs dans le décor des corps

Le décor des corps à l’écran du drap

Les trémolos funèbres dans les effluves de ténèbres

Le gazon gris des conversations ternes

Réponse : l’absence de manque

Question : le signe de la fin

L’effilochement d’une natte de paille

Le son lointain d’une musique lente comme des paroles d’étoiles

L’envie d’un casque de silence

La polarité particulière des hiéroglyphes du sommeil

Le chant des dunes de la collectionneuse de rêves

Les cendres du rêve dans des rouleaux d’étoiles

La confusion du sable et de l’eau

Les étoiles noires de la naissance du jour

 

L’entassement des ordures au bord de l’aube

 

parution

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00:00 Publié dans parutions | Lien permanent | Commentaires (1)

17/06/2014

l'oeil & la plume : complainte des mendiants de la Casbah & de la petite Yasmina tuée par son père ( fragment XII fin )

casbah ismail-ait-djaferneg XIIrecadrcontrast.jpg
 texte de ismaël ait djafer  1951                                                                      collage jlmi  2014

 

 

Ce n'est pas comme cela que

J'aurai voulu te voir finir, Khouni, dans un asile de fous

 

Dégradé par un médecin psychiatre

Dégradé dans ta punition

Dégradé dans ta liberté

Dégradé dans ton acte de tueur

Qui tue de sang-froid

Une petite fille

Pour des prunes, pour des noix
pour des cacahouettes

Te voir déclarer, en tremblant et

En pleurant

Que c'est toi le tueur

Sans irresponsabilité mentale

 

Forcer l'horreur

Forcer le crime

Forcer l'Absurde

 

Contraindre l'Absurde

Soumettre l'Absurde jusqu'à l'uriner de la peur

Forcer la liberté

Ta liberté

Sans asile de fous

Où l'on mange bien, où l'on dort bien , où l'on boit bien

 

Où l'on n'est plus

Qu'un fou

Qui ne mendie pas et qui ne tue pas avec

Cette absurde liberté

Liberté absurde et consciente de sa

RESPONSABILITÉ

 

Khouni Ahmed

Couard — poltron excusable face à la guillotine

Guillotine des hommes qui font

La Justice et le Droit

Idiot

Parce que ces hommes et cette guillotine

Endossent tout

Et ta responsabilité et ton

Irresponsabilité

Et votre absurdité à tous...

 

 

Avec le sang de ta fille

Tua as acheté

pour la vie

La soupe des accusés

Et le pain des condamnés

Dans la prison chaude

De ta conscience

Etouffée

A présent que te voilà fou

Ils se sont chargés de ta lourde irresponsabilité

Mentale

Et ce n'est plus leur faute

Et ce n'est plus ta faute

Et ce n'est plus la faute de la petite Yasmina

Et ce n'est même plus la faute

De cette formidable absurdité qui se

tord de rire!...

 

Dors fragile Yasmina

Au fond du trou qu'a creusé pour toi

Le fossoyeur

Dans la terre du cimetière des petites mendiantes

de neuf ans

Dors

Depuis un an les vers ont dû se repaître

De ton corps écrasé

De ton corps délabré

Il ne doit plus rester grand chose

Même pas quelques os

Car on sait que les os des squelettes

Des petits enfants

Sont tendres

Et cartilagineux

Dors

On ne peut rien pour toi, rien

D'autre

Qu'écrire un poème triste et long

Depuis un an

L'herbe a dû pousser sur ta tombe

Personne ne vient

T'y voir

Pour y piquer une fleur

Car on ne vient pas voir

Les petites mendiantes

Seules

Ecrasées par des gros camions qui roulent

Sur les routes droites

Et grises

 

Il n'y a pas de pitié pour les canards boiteux

Dans l'immense basse-cour

De leurs appétits de

FAUVES...

 

Dans le marbre de ma colère rentrée

Laisse-moi gratter

Inlassablement

Les lettres creuses de ton épitaphe

 

«Dors, dors dors tranquillement

Les carottes sont cuites

Alea jacta est

Ramasse les billes, tu as gagné

Amen»

 

Et les enfants de Charlemagne

Devenus grand, beaux et forts

Sifflent cette fois, entre leurs dents

La chanson qu'on apprend à l'école

 

«Un macchabée c'est bien triste...

Deux macchabées c'est bien plus triste

encore».

 

 

 

 

(d'après, Editions Bouchène, Alger, 1987. N° d'édition 001/87. Dépôt légal 1er trimestre 1987. Re-publié  par le n°10 de la revue Albatroz, Paris, janvier 1994).

 Source   http://albatroz.blog4ever.com/ismaal-aat-djafer-complaint...